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03/05/2015

Le temps...

Bien difficile d'expliquer ces périodes "d'absence". Ce sont des périodes d'absence de vie. Ou plutôt d'absence d'interactions. Des périodes où toute interaction avec le monde est impossible pour moi.

Je passe au travers de mes archives. Cela fait trois fois que je les allège.

Et je réalise que certains ne peuvent comprendre certaines choses...

Sdf, de luxe. Ce paradoxe de se retrouver à la rue et de penser qu'on est encore dans le "luxe" parce que l'on a une éducation, une compréhension, des capacités que d'autres n'ont pas. Mais en bout de ligne, c'est idem... on est sur le fil du rasoir. On se maintient à coups de pouces, à coups de mains et de claques, dans le dos ou dans la face... c'est selon!

J'essaie actuellement de déterminer les paramètres influents de ces quelques personnes qui peuvent avoir accès à moi presque en tout temps, quel que soit mon état, sans risquer de me destabiliser.

Mon fils, bien sûr...

Mais en dehors de cela...???

Des personnes pouvant rester des heures près de moi sans parler. Échangeant juste au niveau non-verbal.

La première fois que cela m'est arrivé, c'était avec une amie de lycée. On s'aimait beaucoup. Je l'avais invité au restaurant. On avait passé de longs moments sans parler, juste à apprécier la présence l'un de l'autre. À un moment, elle m'a dit: " Ce que j'aime avec toi, c'est qu'on n'a besoin de rien près de toi. Pas besoin de meubler, de faire semblant. On reste là, sans parler, et ça suffit pour être bien. C'est bien. C'est précieux!"

À cette époque, point d'autisme (point de conscience d'autisme, devrais-je dire...).

Mais déjà ces immenses gouffres, ces abîmes où je me perdais et où peu de gens pouvaient me rejoindre.

Des personnes avec un language non-verbal qui "me parle". Là encore, difficile à expliquer. Des personnes dont le language non-verbal est en accord avec leur language verbal. Bien plus rare que ce que l'on voudrait croire en réalité. Je lis le non-verbal en premier lieu. En "langue maternelle"...

Et tout ce qui ne colle pas me perturbe à un point difficilement imaginable.

Des personnes bienveillantes face à mes handicaps. Des personnes qui savent mettre la perspective nécessaire entre ce que je fais et mes capacités. Ou plutôt mes incapacités, mes limites...

 

En général, ces périodes finissent par le biais d'un choc. Un choc que je provoque, ou que la vie provoque.

Ce soir, beaucoup de choses en suspend. Trop. Un peu de tension, mais aussi la poussée du printemps, l'accumulation des efforts que je mets à avancer. Je peux pousser, mais je dois conserver la conscience des limites. Ou la rejeter peut-être...

J'ai tant de choses à livrer, à exprimer. Tant de choses qe je n'ai jamais su faire comprendre comme je l'aurais voulu. Comme j'en aurais eu besoin.

Trois heures du matin. Un bon repas... Une bière en reprenant contact avec la réalité, des fruits de mer, des légumes vapeur... un verre de vin blanc en mageant... un deuxième...

Un verre de téquila... un deuxième! Ce n'est pas tous les jours samedi. Et demain c'est dimanche. Euh, non, on est déjà dimanche!

Je ne bois pas souvent. L'alcool est hors de prix ici. Mais je trouve ça bien. On paie moins d'impôts et de taxes sur le reste. L'alcool est un luxe, et je préfère le voir taxé lourdement que  de voir quoi que ce soit d'autre rendu inaccessible aux plus démunis.

Et je me sens dans une de ces périodes où les choses reprennent un ordre gérable.

Juste à temps pour le printemps. J'ai pu maîtriser la chute de l'hiver. J'ai un peu engraissé, comme souvent en fin d'hibernation. Contrairement aux ours, j'avais un garde-manger garni pour une fois.

Alors comme les cons, je cours pour brûler les excès. Huits kilomètres à ma première sortie. Même pas mal!

Je ne cours pas souvent non plus...