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14/09/2016

La condamnation

Le médecin me regarde. Les mots qu'il va pronnoncer vont changer ma vie. Je ne peux même pas en prendre la moindre mesure à ce moment. C'est trop violent, cela touche un spectre trop large de l'être humain, de ce qui le défini.

- "J'en ai pour combien de temps?"

- "On ne sait pas. C'est un mal qu'on connait mal"

Je souris, un peu tristement. "Ce mâle connait mal le mal qui me met à mal", me dis-je. Mon sourire s'élargit. Je ne peux le retenir face à cette piètre danse des mots.

- "Mais quand même, un ordre de grandeur...?"

-"Six mois... un an... trois ans peut-être. C'est le plus long qu'on ai jamais vu jusqu'à présent. Mais c'est inéluctable. Et incurable comme vous le savez. Il n'y a pas de remède et aucune chance qu'un soit mis au point à temps pour vous."

Cela a au moins le mérite d'être clair.

Le médecin insiste, à trois reprises, pour que je fasse des examens complémentaires dès que je serai de retour chez moi. Cette insistance soulèvera des questions auquelles je n'ai jamais eu de réponse.

Dans l'heure qui suit, ma tension artérielle explose à 21/16. Le médecin de garde panique, me fait allonger, s'apprête à lancer un branle-bas de combat pour une crise cardiaque. Après quelques minutes, ma tension artérielle retombe vers 15/9. Il me gardera en observation pendant quelques heures. Mais tout semble se stabiliser. Il me demande de me faire examiner en arrivant chez moi avant de me libérer, insistant sur la sévérité de mon état.

Les huits mois sous condamnation à mort qui suivront seront une expérience d'une rare violence. Violence que je ne mesurerai jamais réellement, comme je n'ai jamais su mesurer la violence de mon enfance, les violences de ma vie. Un médecin me dit que pour la tension, ce sera des médicaments à vie. Vie limitée de toutes façons. Alors...

Et je me dis que l'hypertension, c'est contextuelle, c'est dû aux récents évènements qui m'ont frappé. Et je me dis que c'est le seul truc que je peux combattre. Au moins, je vais enlever cela de ma vie. Je prendrai la médication pendant 5 semaines. Ma tension s'est rapidement rétablie, et je prends toutes les mesures en mon pouvoir pour limiter le stress et les facteurs alimentaires, me remets à faire de l'exercice, léger, mais régulier. Rien de bien compliqué. De l'assouplissement, de la marche, un peu de musculation dorsale, abdominale... juste des exercices que je fais chez moi ou dehors, aussi souvent que possible. Après 5 semaines dont 4 à peu près stables à 12/8, je décide de me sevrer de ces médicaments. Le médecin m'a dit qu'il ne fallait pas faire cela, que c'était mauvais, bla bla bla. Mais j'ai une tête de mule! Et cela m'a sauvé la vie plusieurs fois!

J'avais 23 ans.

Les médecins ont eu faux sur toute la ligne.

Je suis toujours vivant. Je sors de chez le médecin. Je suis toujours dans une forme et une condition physique rares, depuis ces évènements, il y a déjà si longtemps. Avec des hauts et des bas, des prises et des pertes de poids, des soubressauts, à cause de la vie, de ces années dans la rue... Mais j'ai toujours fait raisonnablement attention à tout ce sur quoi j'avais un certain pouvoir... et même un pouvoir certain!

J'ai aussi de ce côté bénéficié d'une pioche pas trop mauvaise à la lotterie de la génétique. J'en suis pleinement conscient. Mais surtout, j'ai pris soin de ce capital, probablement parce que j'ai très tôt pris conscience de combien il pouvait être fragile, de combien il est précieux.

Pourquoi est-ce que je vous raconte cela aujourd'hui? Et bien comme je viens de le mentionner, je sors de chez le médecin. Tout va bien, même si je viens à nouveau de passer des moments difficiles. Tout est relatif. J'ai connu pire...

Et j'ai vu ces imbéciles prétendre qu'ils avaient le droit d'emmerder la terre entière à cause de leur situation. Pleins d'arrogance, de mépris, sans respect, sans considération, prétendant avoir tout les droits qu'aucun devoir n'a pourtant jamais justifié. Ces gens qui pensent que le monde tourne autour de leur nombril, que leurs "malheurs" justifient toutes les ingratitudes. D'innombrables fois je me suis arrêté, j'ai écouté leurs récriminations contre le monde, contre la vie, contre Dieu et diables. Puis je leur ai raconté ma vie, enfin des bouts... Plusieurs m'ont dit par la suite à quel point j'avais changé la leur en ayant partagé la mienne.

Mais parfois, la connerie humaine est indécrottable! Et j'ai (presque) fini par apprendre à ne pas tout donner pour tenter de leur ouvrir les yeux. Parfois, c'est juste impossible. Mais bon, j'essaie, je me bat et je tente de mettre des limites "raisonnables" pour ne pas m'enliser. Pouvez-vous croire que j'ai aidé une personne millionnaire, qui continuait à essayer de me pomper mes dernières ressources alors qu'elle me savait dans la rue, mais pensait que ses besoins primaient. Cela m'a tout pris pour dire "non", "pas possible". Mais bon, j'y suis parvenu. J'ai appris de nouvelles règles, j'ai de nouveaux outils, de nouvelles ressources et une vision forgée par un recul que je n'avais jamais su prendre.

Aujourd'hui, je pourrais vous parler de cette autre femme dont l'enfance brisée au quotidien par des parents pour lesquels je n'ai aucun mot qualificatif, à laissé des marques indélébiles jusque dans son présent. Comment survivre quand un père vous lance contre les murs dès petite. Comment survivre quand on rentre de l'école sachant qu'invariablement, ce sera raclée après raclée, coups de poings et de pieds qu'aucun chien ne mériterai. Pourtant, je n'ai jamais vu quelqu'un se battre de la sorte, avec la rage pour elle, le sourire pour les autres.

Quand vous rencontrez ces personnes, parfois dans la rue, parfois lorsqu'elles sortent de derrière les volets clos ou les rideaux tirés, vous ne verrez rien. Et moi, je les devine immédiatement, comme je devine celui qui cache son ittinérance, celui qui cache ses souffrances. Elles me parlent d'autant que mon autisme amplifie tout ce qui échappe au neurotypique.

Oui, les plus grands drames, vous ne les entendrez jamais flotter dans l'air. Vous devrez aller les chercher si vous en avez le courage dans les limbes intersidérales de l'inhumanité. Et ces sur-hommes, ces sur-femmes, vous confondront par leur humilité, leur simplicité, leur discrétion, mais aussi par leur perspicacité.

Et il y a cette autre femme, que j'ai presque vu naître, que j'ai récement retrouvé, après de longues années loins l'un de l'autre, chacun à son bout du monde, et qui a entendu, compris l'incompréhensible, et m'a pointé du doigt chacune des impossibilités de mon quotidien en y apportant des possibilités de solution.

Ces deux femmes se sont rejointes sans se connaître pour me transmettre l'aide dont j'avais besoin, juste comme il fallait, juste au bon moment. Oui, ce sont elles qui m'ont permis de voir ce qui est invisible aux yeux de l'autiste.

 Et à nouveau je l'inscris dans mon livre, dans mon code de vie, avec ses dièses et ses bémoles, ses couleurs et ses modulations.

Et pour la première fois de ma vie, je suis parvenu à arrêter à temps, chercher l'aide avant qu'elle ne soit hors d'atteinte, et je peux enfin coller des images aux situations improbables pour traduire ce qu'il était impossible de comprendre pour ceux qui croisent mon chemin.

19/07/2015

Les limites...

Qui saura me dire où se situent les limites?

Où était la limite du petit Adolphe qui, du fond de sa petite enfance, développa ce chemin qui mena au plus grand désastre du 20ème siecle?

Et ces millions de français qui ne dirent rien. Collabos passifs...

Où se situe la responsabilité?

Est-elle plus grande que celle de Charles Manson?

Manson? Oh, il est toujours vivant, lui! (Remarquez que certains pensent qu'Adolphe l'est aussi! :-) )

Manson a un "fan club". Adolphe aussi il est vrai... En France ou ailleurs sur la planète...

Il me faut être un peu intoxiqué pour venir à vous de ce verbe...

Ma limite? Mon frère aîné... pas l'aîné-aîné...l'autre!

Je ne dépasserai jamais son degré d'intoxication. Par principe. Par devoir. Par instinct de survie.

Mais que pouvez-vous dire?

Avez-vous vu votre amour, en état de putréfaction, assassiné par un "homme" voulant protéger ses "intérêts"...

Vous ne pouvez donc juger...

J'ai passé une nuit... la nuit des "longs couteaux", avec un homme, un fusil à la main, avec dans la mire un assassin... l'Assassin", avec un "A" (grand A, comme on dit en France).

Que pouvez-vous dire?

Cette impossibilité de dire, c'est mon impossibilité de vivre, parfois...

Cet homme, toute la nuit, je lui ai énoncé les raisons de ne pas tirer...

Que pouvez-vous dire? Que savez-vous? personne ne sait, sauf moi. Et lui. Peut-être. Peut-être ne se souvient-il pas. Peut-être quelqu'un fera-t-il le lien?

Ais-je bien fait de l'en empêcher? L'assassin est libre aujourd'hui...

Non, ce n'est pas "Dexter"... C'est la " vraie" vie. Celle où tu regardes, tu agis, au mieux de l'instant présent.

Oui, tu vois quelqu'un, un revolver sur la tempe, et tu dis, ou ne dis rien.

Oui, c'est la vraie vie, autour de vous, celle où vous fermez les yeux un instant, pour oublier votre propre responsabilité, peut-être. Ou pas!

Il y aura probablement des fautes plus qu'à l'habitude dans ce post, parce que je suis ADHD (Attention Deficit Hyper Activity Disorder, ou deficit de l'attention avec trouble hyperactif... ou quelque chose du genre...)

Un autre rendez-vous, chez un psychiatre. Parce que seul je n'y arrive pas. Mais ce psychiatre ne m'aidera pas. Je le sais déjà. Parce que je suis un invétéré "geek".

Je continue de me battre, Je continue de constater que c'est un combat sans issue.

Je ne sais pas faire les compromis essentiels...

Je ne sais pas "organiser" les priorités.

La mère de mon fils a toujours reconnu que j'étais un père exemplaire. Elle n'a pourtant pas hésité à priver mon fils de ma présence. Elle m'a menacé à de nombreuses reprises. De mort, de pleins d'autres choses. Eussais-je été une femme, l'on m'aurait protégé... un seul petit sussurement, et la police serait intervenu. Mais homme, l'on m'aurait jetté en prison (cas vécu par un de mes proches!).

Pas grave... j'ai survécu. Dans la rue, hors de la rue... toujours vivant. Toujours plus que "fort".

La mère de mon fils a toujours exprimé le fait que j'aurais été le père parfait pour une fille qu'elle aurait aimé porter. Pleurnichage  sur un père trop "imparfait".

Je connais le père. Imparfait il est. Excellent homme et père il fut. À sa façon. De son mieux. Inadéquat peut-être sur un plan que je maîtrisais. Quelle fierté pourrais-je en tirer? Deux vies, deux chemins, deux destins...

Je suis toujours face aux moulins... amusant lien que vous ne pouvez comprendre pour l'instant. Je suis meunier, Sancho Pensa, un moulin ou une voile... comprenne qui pourra!

J'ai ces gens qui, un jour m'ont dit que j'avais été l'ange dont ils avaient besoin, un instant. Ou plus.

Cela me tient debout.

J'ai ces gens qui ont su mais n'ont pas compris. Je ne retiens aucun grief.

Et j'ai ces deux filles. Comme adoptives. Elles sont là, du plus fin fond des bois, juste quand j'en ai besoin. Quand mon propre fils est absent. J'ai cette chance!

Que pouvez-vous imaginer? Causette? Je vous dis cent fois pire. De la vraie vie!

Et je vois ce sourire. Ces larmes pour lesquelles je donnerai ma vie sans hésiter.

Oui, pour trois personnes. Mon fils, et ces deux autres...

Et en rêve, je voyais mon frère. Et tuais pour sauver sa vie.Parce que sa vie, je la connais. Parce que là où certains ne voient que ce que l'oeil peut rencontrer (what can meet the eye), moi je sais...

Et je vous demande. Quel prix pour une vie?

Combien pour le droit de violer un enfant?

Quel prix me direz-vous?

Ces enfants, ils sont mes tripes.

Quels sont les juges qui disent "un an"? "Deux ans"? Comment accepter? Comment ne pas tuer?

Ces juges ne "sont pas responsables". Ils ne font "qu'appliquer la loi"... Moi, je tuerai. Juges et coupables... Ne les mettez pas devant moi. Car devant moi j'ai une victime. Une autre...

Et ne me dîtes pas... ne dîtes rien! Fermez votre gueule!

Un jour ils trembleront...

Comment un "DSK" peut-il retenir l'approbation des français. En 2015! N'y a-t-il plus de gens de morale?

Je vais lire ce post à une victime. Le traduire en anglais. Lui lire à haute voix. Qu'elle sache en tout temps qu'elle peut venir à moi, et que je serai là, une "batte" de base-ball à la main. Un fusil si il le faut. Et que ni juge ni agresseur ne s'approcheront!

 

06/12/2014

Prosopagnosie

J'ai franchi d'une traite les 270 km qui me séparaient de l'aéroport de Lyon. Je suis dans un drôle d'état. Je vais chercher cette jeune fille qui vient de vivre la même expérience que moi quelques années plus tôt. Découvrir les Antilles avec les mêmes personnes qui me les ont fait découvrir!

À moitié Martiniquais, à moitié Polonais, né à Paris, ayant grandi en Charente-Maritime puis dans les Alpes, je n'ai découvert les Antilles qu'à la fin de ma première (11ème année d'études, pour ceux qui ne sont pas familliers avec le système français. Équivalent plus ou moins à un secondaire 5 au Québec).

Cela a ét une experience extraordinaire pour moi. Découvrir le pays de mon père, décédé quand j'avais 13 ans, recoller les bribes de souvenirs de ses histoires, de ses experiences, au travers du regard de ceux qui l'ont connu, dans son île natale, bien avant que je ne sois même un projet!

Trouver une certaine appartenance dans un "pays" où je n'ais jamais mis les pieds, mais où "tout le monde" me connait...

Je me souviens de ce moment particulièrement marquant...

La fin de mon voyage approche à grands pas. Un siècle d'histoire vient de se dérouler devant mes yeux en quelques semaines. J'ai presque vu mon père sur la crête de la coline surplombant la maison familiale, en croupe sur le cheval de son "frère", autant d'images impossibles à mettre en contexte. Et, perdu dans mes rêves, je laisse mes pensées vagabonder, je regarde ces centaines d'objets dont j'espère pouvoir tirer un souvenir à ramener à chacun de mes frères et soeurs!

Je sens cette présence, presque familière, du marchand observant le moindre indice révélant le potentiel voleur, ce métèque qu'il faut particulièrement surveiller parce que... parce qu'il a une gueule de métèque!

Il ne cache plus son jeu à présent. Il vient droit sur moi! Il est assez "blanc", ses lunettes posées bien haut sur son nez, il me scrute à présent sans vergogne.

Contre toute attente, il se place à quelques centimètres de mon visage et me demande:

"Ne seriez-vous pas un Moulanier par hasard?"

Les bras me tombent. Je m'attendais à tout sauf à cela. Quelqu'un prononçant mon nom de famille, puis enchaînant sur ma généalogie, me demande à quel degrés je suis parent avec tel autre Moulanier, qu'il connait très bien.

J'ai acheté dans ce magasin une machette (oui, l'attriat des armes dans la famille, vous savez...!!!), un masque en noix de coco (difficile de donner une machette à mon petit frère! Il pourrait vouloir me couper le cou!), et quelques autres artefacts plus ou moins captivants... essayant de respecter scrupuleusement un équilibre faisant en sorte qu'aucun ne se sente lésé. Autant dire mission impossible!

Je suis en avance à l'aéroport, bien sûr! La mission est de la plus haute importance! Cette jeune femme, comptant sur moi, seul lien entre ce monde inhospitalier et la sécurité d'un retour "chez soi", ne peut subir le moindre contre temps.

Je vois quelqu'un qui lui ressemble. Je ne suis pas sûr. Elle me regarde. Je la regarde longuement. Elle à l'air de se demander pourquoi je la fixe ainsi.

En réalité, je suis totalement perdu. Je ne suis sûr de rien. Je ne comprends pas... Je devrais la reconnaître pourtant. Sans le moindre doute!

C'est un de mes traits "irritants". Je dévisage parfois sans mesure, pour essayer de faire coller un nombre invraissemblable de pièces de puzzles impossible à assembler.

Et ces regards sont parfois mal interprêtés.

Je cherche en regardant ses vêtements, les traits de son visage, les stigmates de son corps... rien n'y fait.

Je suis incapable de reconnaître avec certitude ma propre petie soeur!

J'ai pourtant toujours vécu avec elle, hormis ce quelques semaines qui nous séparent à présent.

Je n'ai jamais pu reconnaître ma mère en dehors de la maison. Ce n'est qu'en additionnant les paramètres que je me faisais une idée de la probabilité que ce fut ma mère...

À la maison, pas de problème. à la sortie de l'école... Heuh... cela m'a pris des années à figurer qu'elle était vraiment de petite taille.

L'autisme vient souvent accompagné de plusieurs autres disfonctionnements. THADA, TED... La prosopagnosie en est un autre qui m'affecte. Cela m'a placé dans bien des situations embarrassantes.

Rendez-vous avec des amis, avec une fille rencontrée la veille...

Et ce jour là, bien des années plus tard, à l'aéroport de Montréal, j'attends une amie. Elle est atteinte du même mal, mais m'avoue qu'elle n'a jamais eu de mal à me reconnaître parce que j'ai un physique "spécial". Elle non plus pourtant ne reconnaissait pas sa propre mère à la sortie de l'école!

Moi, je m'aperçois que j'utilise des techniques développées avec le temps... Je souris à tout le monde en analysant les réactions. Quand elle s'approche de moi, je n'ai aucune idée de qui elle est. Mon regard, balayant les alentours et se fixant de temps à autre sur elle. Pas trop longtemps pour ne pas risquer de l'indisposer. Je finis par arrêter mon regard lorsqu'elle n'est plus qu'à un mètre ou deux de moi. Elle me sourit et me dit "salut". Je suis interloqué. Je ne reconnais rien d'elle au premier regard. Dans le bus qui nous amène au centre-ville, je me penche vers elle, offrant mon côté en appui pour son corps. Elle vient de traverser des épreuves difficiles, et quand elle s'endort, sa tête sur mon épaule, je me remplis d'une immense fierté. Je suis un rocher sur lequel elle peut s'appuyer sans crainte et tout oublier!

Il me faudra plusieurs jours pour me convaincre que c'est bien elle, que les morceaux de souvenirs se recollent, sans plus aucun doute.

Innombrables sont les moments où je me suis retrouvé perdu, embarrassé par ce mal singulier. Ramassant les remarques acerbes parce que je fixe trop parfois, cherchant les repères qui me permettraient de...

Même mon propre fils, il m'arrive de ne pas le reconnaître... De nouveaux vêtements, une nouvelle coupe... et ce sont des milliers de paramètres que je dois reformater!

Parfois aussi, je reconnais des gens que je n'ai jamais rencontré dans la réalité; des célebrités, des amis de la toile... comment pourrais-je oublier cette rencontre, ce premier regard où tout colle et où une longue étreinte dit "oui, c'est comme dans le film qu'on s'est fait"!

Oui, ce mal à un nom; Prosopagnosie

(et pourquoi pas un peu d'info sur le sujet... http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-la-prosopagnosie-ou-l-incapacite-a-reconnaitre-les-visages-10970.asp?1=1  )

 

10/03/2014

O Pullo Futa

Après quelques nuits dans la voiture que mon amie me laissait le soir, puis quelques nuits dans une refuge, je trouve une sous-location pour un mois. Le jour où je dois rentrer dans le logement, le locataire m'appelle. Sa voix est sourde. Il me demande de venir un peu plus tôt car il y a eu un drame dans son entourage.

Nous avons discuté un peu quelques jours auparavent. Il est peul de Guinée Conakry. Il vient du Futa Djallon, comme ces filles avec qui j'ai vécu un an et demi, au Sénégal, dans une autre vie.

Quand j'arrive, je le trouve secoué. Il m'apprend qu'un de ses amis proches s'est fait assassiné, poignardé sans raison sur son lieu de travail par un collègue déséquilibré. Si vous fouillez un peu, le 28 février... vous trouverez...

Le drame fait deux morts, quatre bléssés. Son ami laisse une une veuve et quatre orphelins en bas âge. Le téléphone sonne sans cesse. Le language peul sonne dans mes oreilles comme une histoire ancienne qui refait surface, comme un prolongement de ma vie antérieure. La langue, les mots me reviennent. Le drame actuel me replonge dans mon drame ancien. Les émotions, les images, les sons, tout revient comme un raz de marée.

J'ai les mots qui soutiennent. Cet homme est déjà un ami, presque de la famille. Il part tôt le matin pour un mois, à Montréal, où sa femme et sa fille l'attendent. Je reste là, un peu désemparé. Pourquoi à peine arrivé, je dois plonger dans un rare fait divers sordide, dans cette ville plutôt paisible?

Que sont devenues tous ces gens avec qui j'ai partagé tant de choses, là-bas, en Afrique. Ils doivent penser à moi, de temps à autre, comme je pense à eux. Si ils vivent toujours... Je suis moi-même passé si souvent si près de la trajectoire de la grande faucheuse. Ont-ils survécu eux aussi?

Les reverrais-je un jour?

22/09/2013

Post-trauma shock

After a whole day thinking about all pros and cons of the situation, all the possibilities I will have from now on, I am desperately trying to put everything into perspective.

I was right since the age of 6. That very day I realised I was different. I had pinpointed "classic" autistic disorder on the autism spectrum and Asperger syndrom - yes, both of them - four years ago. I never really wanted to talk about it because it doesn't exist "in the books". I already couldn't get any attention toward the need I had to have any of them diagnosed.

I often thought I was just out of tracks and surely I was wrong because so many people told me so.

And then, after all these years, with no hesitation, both psychiatrists tell me that I was right. I am a hybrid they say... nothing found in the books.

Next day, I felt like I have been under a huge rock all my life, heavily weighing on my chest, crying for help, and people and professional passing by and saying; "ain't got nothing wrong..."

The psychiatrists removed the weight from my chest on Wednesday, but I still feel the pain and I have trouble to deal with the changing situation. I am confused, lost, still have pain, way less but still...

I must react. I wrote to my doctor calling for help. She was among the professionals that did not believe I could have the Asperger syndrom. But last year, she gave me a reference for exams regarding autism and Asperger syndrom. She still did not believe I could be on the spectrum, but she thought she had to make sure.

asperger syndrom,aspie,autism,high level autism

These are two scans of brains. The left one is Temple Grandin's, the right one is a neurotypical's brain.

(Temple Grandin is a famous Aspie. A neurotypical person is a so called "normal" person).

That is exactly how I can describe what's going on with me when over exposed to human interactions. Too many stimulations caused by human interactions. My mind just blow a fuse if the situation lasts for too long.

I have made a huge data collection and analysis over the years, and now that I am officially authorized to say that I am on the spectrum, I feel I have finally been granted the right to use these tools I developed without any shame or restriction.

 

I am now going to take you into my world... the world of autism.

05/09/2013

Un jour sur la lune...

Si ce n'était qu'un jour d'ailleurs...

Je regarde ce petit film d'animation, "mon petit frère de la lune", et mes yeux s'embuent. Ça doit encore être une de ces allergies...


Un dessin animé absolument délicieux sur l... by latrapola

Une description de l'autisme qui revient souvent, c'est que devant une forêt, nous, autistes, ne voyons que l'arbre qui nous cache tout le reste. C'est comme si nous ne pouvions voir le monde qu'au travers d'une loupe qui nous révèle tous les détails mais nous cache une vue "raisonnablement" mise en perspective dans un contexte élargi.

Je suis pleinement conscient de ma différence depuis l'âge de six ans, mais je suis tellement hors normes qu'obtenir une évaluation adéquate de mon spectre autistique a été un véritable parcours du combattant. Parce que je n'ai jamais eu d'aide, parce que je bouscule de nombreux standards, parce que naviguer dans le dédale que représente la société et les services dédiés à ce handicap est déjà difficile pour des parents parfaitement fonctionnels d'enfants autistes. Alors imaginez pour moi...

Dans deux semaines, je vais enfin avoir un début de réponses à certaines questions. Et peut-être y trouverais-je quelques pistes de solutions. Je vais devoir composer avec ce que je vais obtenir. J'ai malgré tout un peu d'anxiété, de crainte de m'apercevoir de la taille des murs que je vais devoir encore frapper.

07/10/2012

et tout à coup, des gens qui parlent mon langage!

The Unwritten rules of social relationships

Temple Grandin - Sean Barron

Écrits par deux autistes, un homme et une femme atteints du syndrome d'Asperger, ils décortiquent dans ce livre les codes, les fonctionnement qui font d'eux des personnes différentes. Ils jettent un pont entre eux et le monde afin que l'on comprenne leur langage, leurs capacités et leurs limites.

Dès les premières pages, je suis renversé. Deux fonctionnements diamétralements opposés, mais un équilibre acquis, une vie sociale et professionnelle...Une description des comportements, des raisonnements, des fonctionnements, qui sont les miens.

Un livre écrit à trois. L'éditeur ayant pris une part active à l'écriture pour en structurer le contenu, pour le "traduire" en langage compréhensible pour les "neurotypicals". J'aime bien ce terme pour décrire le monde qui m'entoure et dont je ne fais pas partie. Les "neurotypiques" ou "neurostandards", pourrait-on dire en français.

Et j'ai tout à coup l'impression d'avoir enfin trouvé deux autres martiens comme moi!

23/07/2012

Regards...

Je ne sais pas comment expliquer pourquoi et comment j'appréhende des choses qui paraissent surréalistes pour les gens en général. J'en parle avec un certain détachement. Réel... de camouflage... un peu des deux. On ne peut pas vivre ce que je vis et être totalement détaché, ne pas avoir envie de l'enterrer, de passer à autre chose, le plus rapidement possible!

Je m'étais fait des scénarios, j'y ajoute un peu de fantaisie, pour faire bonne mesure. L'appareil photo, c'est aussi pour me donner une contenance. Un flic ne va pas te demander de circuler si tu es en train de prendre une photo...

C'est toujours le premier jour le plus dur. Mais le plus dangereux vient par la suite, quand une routine s'installe et que l'on rentre dans une spirale dont on ne voit pas la fin, dont on ne voit plus si il y a une issue...

Alors, mon premier jour, j'ai déambulé à bicyclette, repérant les lieux que j'allais pouvoir m'appropriéer le soir venu. Puis le tour des toilettes, des endroits pour me laver...

Et le soir, vers 22h, je me glisse dans un de ces lieux, installe mon minable couchage, m'y glisse et cherche le sommeil.

J'ai des lieux pour les nuits sans pluie, des lieux pour les nuits pluvieuses. Des lieux de repli en cas d'envahisseurs. Je me tiens loin de tout groupe humain, je me cache, me fonds dans le paysage. Je ne dors jamais deux fois de suite au même endroit, brise les routines, ou plutôt les rends suffisament complexes pour que personne ne s'apperçoive de certaines. Comme un indien, je me lève avant l'aube, j'efface toute trace de mon passage. Puis je vais me laver, avant que l'activité humaine ne me complique la tâche. Partout, je reste discret, je ne donne prise à rien, je nettoie derriière moi. Je le fais toujours, mais là, j'y accorde une attention supplémentaire. Je nettoie même les dégâts des autres... ce serait moi que l'on pointerait du doigt de toutes façons!

J'observe tout. L'environnement, la lumière, les activités humaines et animales. Je vois les choses auquelles vous ne prêtez attention.

Pic flamboyant,oiseaux quebec

Je suis bien fier de cette photo! C'est un pic flamboyant. C'est la première fois que j'en voyais un de près. Il m'a fallu être patient, ruser et en prendre plusieurs avant d'obtenir celle-là. Et c'est là qu'on se rend compte que 16x pour un zoom, ce n'est pas si gros que cela (j'étais à 2 mètres environ, grossissement maximum...)

En bateau, j'avais acheté un livre d'identification, et je passais pas mal de temps avec mon fils à observer, identifier...

Les plus beaux oiseaux du Québec pour moi? Le harfang des neiges, sans aucun doute à la première place. En voir un en vrai... complètement fascinant!

Ensuite, le geai bleu, et, autant pour sa livrée que pour son chant, le cardinal, le grand héron, le urubu à tête rouge, la paruline...

paruline,oiseaux Quebec

Ma paruline... elle aussi je l'aime bien! (prise ce matin à environ 2,50m à 16x)

16/07/2012

Spiderman

Comme la plupart des gens, les araignées et moi...bof. Pas de haine, mais je ne les tolère pas chez moi. Jamais de produit chimique par contre pour les chasser. Et dehors, je les laisse vivre, les repousse un peu si elles se montrent trop envahissantes.

Mais là, c'est moi qui envahis leur territoire. Dans le coin d'un parc, ma bicyclette calée et moi couché à côté, elles ont vite fait de tisser leur toile entre mon vélo et son support. Et bien, ma plus grande crainte, les moustiques, me laissent relativement tranquile, du coup!

Alors c'est délicatement que je les déloge le matin, en partant. Et je vérifie si il n'y en aurait pas une, avec des super pouvoirs radioactifs, qui m'aurait piqué pendant la nuit.

Si vous entendez parler de gens qui auraient aperçu Spiderman à Montréal, vous saurez que...

Et je vous ferai grâce de parler du film qui vient de sortir...

 

11/05/2012

C'est en donnant...

Quand je suis désorienté, je regarde autour de moi et je cherche ce que je peux apporter, et à qui. C'est une façon de rentrer en contact avec mon entourage sans risquer d'être trop destabilisé par l'attention qui m'est portée. La personne dans le besoin se concentre sur ses besoins, et je gère plus facilement. Je peux rester dans l'ombre de ma bulle tout en ayant ce lien nécessaire avec le monde exterieur.

J'ai défini que la seule issue praticable pour moi en ce moment, en dehors d'une corde pour me pendre, c'est de travailler via internet.

Donc écrire, acheter et vendre, et autant que possible, avancer mes projets vidéos.

Alors, en aidant une amie proche à organiser ses évènements artistiques printaniers, j'ai reçu une fois encore bien plus que je n'ai donné.

J'ai rencontré son éditeur, très intéressé par mon premier livre.

Bien avant avoir commencé ce livre, j'avais déjà été approché par des maisons d'éditions, à cause de mes conférences et des formations que je donnais. Je n'ai donc jamais douté de la possibilité d'être publié, même si quantité de gens plus ou moins du métier me disaient de ne pas mettre d'espoir dans cette voie sans issue.

Et c'est là que se révèle toute la force de mes compétences (je dois me répéter régulièrement que j'ai des compétences. Enfermé que je suis, sinon, j'oublie jusqu'à en presque mourir). Je me suis formé en autodidacte dans de nombreux domaines, dont la gestion (depuis 18 ans, je fais ma comptabilité, ma gestion, ma fiscalité, gère mes ressources), le marketing, la vente. J'ai validé mes compétences par l'obtention de deux AEC l'an passé. Mes premiers diplômes canadiens, d'ailleurs!

Et ajouté à mes savoirs informatiques, je suis en train de me construire un petit kit de survie qui devrait me permettre de tirer pleinement profit d'une édition, même petite, de mon livre. J'ai attaqué sa traduction en anglais (24 ans de Canada ont réussi à polir mon bilinguisme, déjà solidement établi, je ne sais trop pourquoi ni comment, à la sortie du lycée en France).

J'ai construit quelques systèmes, intégré le peu de matériel qu'il me reste, stabilisé le petit réseau informatique que je me suis monté à l'arrache à la maison pour pouvoir travailler, développé quelques outils pour attaquer solidement une mise en marché.

Je me suis monté deux canaux de web télé, un en français, l'autre en anglais. Je vais remettre mon site internet en ligne ainsi que trois nouveaux blogs pour diffuser trois choses qui me tiennent à coeur: Un sur la santé et la condition physique. Un élément qui m'a permis de tenir le coup, c'est de garder une condition physique impécable même et surtout dans les moments les plus difficiles. Outre avoir étudié la quantité invraissemblable de régimes que les gens autour de moi ont pu suivre, je compulse systématiquement tout ce qui me tombe sous la main sur le sujet. J'ai fini par définir les éléments clés qui me permettent, comme à un certain nombre de gens autour de moi, de rester en bonne condition physique, sans efforts démesurés, sans argent, juste avec du focus et de la rigueur.

Un autre sera consacré aux technologies et à l'informatique Open Source.

Le troisième sera consacré au développement durable, aux découvertes que j'ai fait sur la possibilité de rendre les maisons autonomes en énergie. Depuis longtemps j'ai construit, aménagé, restauré des bateaux, essentiellement des voiliers. Ce sont des habitats autonomes consommant fort peu d'énergie non renouvelables. Beaucoup des technologies employées sur les bateaux peuvent être mise en oeuvre avantageusement dans les maisons.

Et je conserverai celui-ci pour faire le lien entre ma vie et ces moments où je me suis retrouvé démuni. J'y commenterai mes livres, essairai d'expliquer...

Restera à trouver et mettre en place un moyen de tirer des revenus de tout cela.

Stay tuned, comme disent mes voisins américains! (restez branchés!)

07/05/2012

Reconstruire... encore!

Et arriver à le dire. Arriver à accepter de s'être planté à nouveau et en parler...

Trouver du ressort pour rebondir une fois encore...

Il y a quelques mois, pour parvenir à stabiliser ma situation, et comme les choses semblaient favorables, j'ai pris deux associés, dans deux projets différents. Sans me disperser, je me disais que je minimisais les risques.

Mais j'ai mal évalué les personnes. J'ai pourtant bien mis en perspective, avec force de détails mes handicaps. Mais je n'ai pas vu les fondements des personnes que j'avais en face de moi.

Quelques mois plus tard, je perds non seulement les efforts démesurés que j'ai investi, mais aussi le peu de ressources qu'il me reste, matérielles et émotionnelles. La confiance en mon ressort s'affaiblit.

Le bilan:

Mes handicaps:

syndrome de l'homme battu toujours présent, mais je peux en identifier rapidement les "accès", comme on sent monter une fièvre.

Trouble déficitaire de l'attention; contrôlable en restant dans des conditions de travail particulières que j'ai réussi à bien définir ces deux dernières années.

Capacité de rester en présence de gens: 12 heures par semaine au mieux, incluant travail et vie privée. Cause partiellement identifiée; forte probabilité d'autisme de haut niveau (syndrome d'Asperger). J'ai réussi à remonter très loin en arrière pour identifier à chaque période de ma vie l'impact que cette limitation a eu, et comment j'ai composé avec.

Mon entourage me demande souvent comment j'ai fait au cours de mes 18 ans de vie en couple, avec la mère de mon fils. De l'exterieur, rien ne paraissait. De l'interieur, mon ex-femme, au moment de la séparation, n'a pu retenir ces mots: "Tu as toujours répondu à toutes mes questions, à tous mes besoins et au delà. Parfois, c'était un peu long d'attendre la réponse, mais quand elle arrivait, c'était...whouhaaa... ça valait toutes les attentes du monde!".

Cette phrase, je la garde précieusement. Elle ne l'aurait pas prononcé si elle avait su le bien que cela me fait encore aujourd'hui. Je l'ai quitté quand je me suis aperçu que durant notre vie commune, il n'y a pas eu une période où elle n'ait véhiculé une montagne de mensonges, pas une période où je puisse me dire que je pouvais lui faire confiance. À ce moment, un ami proche, complètement incrédule relativement à notre séparation m'a demandé: "Quel est le pourcentage de possibilités que vous reveniez ensemble?". La réponse a été instantanée: Zéro pour cent. Je suis sous certains aspects totalement psycho-rigide. Impossibilité de reconstruire une confiance (j'avais à plusieurs reprises totalement effacé certains de ses agissements pour reconstruire les fondations d'une saine relation. Je suis capable de cela. Mais là, le gouffre était béant, tous les chemins maintes fois empruntés menaient au même cul-de-sac). Arrivé là, j'en avais suffisament fait, suffisament souffert. Et j'ai besoin de remonter jusque là, une fois encore, pour tenter d'identifier à nouveau comment me reconstruire.

Quelques uns des traits autistes très marqués chez moi: l'incapacité de comprendre le mensonge, la malhonnêteté, intellectuelle surtout. Incapacité de composer avec. Incapacité de jouer un jeu que l'on sait idiot. Incapacité de tolérer l'intolérable; l'injustice, la malhonnêteté, le mensonge (non, je ne radote pas, je ne ratiocine pas, c'est juste une tentative d'effet de style! ;) ), la méchanceté gratuite (différente de la méchanceté payante, pas plus acceptable, mais compréhensible, explicable...)... et être totalement et irréversiblement stigmatisé par cela. Je ne sais pas pourquoi. Je ne peux que constater. J'ai aussi un problème de structure lié au déficit de l'attention, très prononcé.

J'ai des amis, des vrais amis, qui m'aiment beaucoup pour ce que je suis. Quand je pense à eux, à la façon dont ils me manifestent leur appréciation, leur amitié, leur attachement à ma personne, j'arrive, avec un énorme effort de raisonnement, à me dire que je vaux quelque chose...

Je vois tellement tous mes handicaps en gros plan dans ma vie. J'en oublie toutes ces années où je les ai surmonté, sublimé...

Mes forces:

La résilience...

De temps à autre, je m'oblige à faire l'addition de mes forces. Quand on les voit, on se demande comment il se fait que je ne puisse pas mieux m'en sortir. C'est là tout le complexe de l'équation. Il est presque impossible de s'imaginer le frein de mon autisme quand on me voit. J'ai l'air trop normal, non, même anormalement bien, agréable, communicatif... autant de choses qui ressortent systématiquement de mon contact. Je suis un facteur d'émulation. Je vois tout de suite le positif chez les gens et j'essaie de le révéler, de le magnifier, ce qui fait qu'à mon contact, les gens sont souvent encouragés, stimulés vers de bonnes choses. C'est une de mes qualités, mais aussi un handicap, car j'omet de regarder le négatif et d'équilibrer par le réalisme, ce qui apporte parfois des déconvenues, et ce qui explique aussi certains de mes errements.

Mes forces, en dehors de celle-là; Il y a deux ans et demi, lors d'une évaluation professionnelle, on a identifié chez moi une extraordinaire capacité à régler les problèmes complexes en dehors du language, du cognitif. Cela s'est manifesté dans ma vie par ma capacité à mettre au point des machines complexes, de régler des problèmes humains délicats, d'apprendre de façon autodidacte à peu près n'importe quoi et d'accumuler un savoir modélisé d'une façon très particulière, rendant mes capacités en perpétuel développement. Mais une fois encore, totalement impraticables dans notre société.

J'aime écrire, j'aime transmettre (mais suis limité par ce chiffre de 12 heures par semaine, ce qui veut dire, si je veux garder un certain équilibre, 4 ou 5 heures de contacts professionnels pour 7 ou 8 heures de contacts personnels. Ce n'est pas beaucoup pour parvenir à gagner sa vie, et garder une forme d'intégration sociale et personnelle...).

J'aime raconter des histoires, des bouts de ma vie qui allument les gens. J'aime sentir leur réaction...

J'aime lire... si on pouvait me payer pour toutes les lectures que j'ai fait...

Je vais quitter cette note à moitié déprimé, à moitié structuré par le fait de l'avoir écrite. Je vais la publier, en le regrettant aussitôt, en me disant que ce n'est pas forcément bon de se livrer ainsi. Mais je me dis que cela peut peut-être apporter quelque chose à quelqu'un... cela peut aussi peut-être m'apporter quelque chose personnellement...c'est pour cela que les artistes arrivent à vaincre leur trac, non?

02/01/2012

Un jour...

Un jour après l'autre...

Un jour à la fois...

Des pas en avant, l'impression de ne pas avancer, pas au pas que je voudrais...

Et un regard en arrière et de s'apercevoir qu'on a fait beaucoup de chemin...

Il y a un peu plus d'un mois, j'ai brisé mon oeil... mon oeil électronique, celui qui me permet de partager avec vous, avec le monde qui m'entoure. Un petit appareil photo compact Canon SX 200. J'avais lu (trop tard, après l'achat, sinon cela ne serait pas drôle!) qu'un problème récurent affectait cet appareil. Après un certain temps, il arrive que le zoom se bloque en position sortie. Et c'est ce qui m'est arrivé.

Ma première formation d'horloger aidant, je suis un peu maniaque de tous les aspects mécaniques de ce que j'achète. Mes formations en électronique et en informatique complètent le désastre de mon intolérance à la médiocrité de bien des produits. Ceci dit, la technologie offerte aujourd'hui à des prix à peine imaginables ne cesse de me fasciner.

Heureusement, j'avais acheté cet appareil photo d'occasion, à l'état quasi neuf, pour moins de la moitié de sa valeur, il y a déjà plus d'un an. Heureusement, la personne qui me l'a vendu avait pris une garantie prolongée. Je ne prends jamais de garantie prolongée, sauf pour les machines à laver et les appareils photos... quand j'en ais les moyens. Mais là, cadeau... je le retourne au magasin qui me rappelle 4 semaines plus tard pour me dire que l'appareil n'est pas réparable, et qu'il vont me l'échanger pour un modèle équivalent, le SX220 HS. J'ai aussi le choix d'opter pour un bon d'achat du montant de l'achat initial, soit le prix d'il y a deux ans. J'hésite en regardant le Panasonic Lumix , l'évolution de l'appareil que je possédais juste avant, dont la mécanique et l'optique sont nettement supérieures à mon avis. Le boitier également est de meilleure facture, un peu plus massif et robuste et les commandes mieux dessinées.

Les caractéristiques générales des deux appareils sont très proches; Plus ou moins le même poids, les mêmes dimensions, le Panasonic offre un zoom avec un grand angle avantageux, le Canon offre un meilleur capteur et un meilleur processeur d'image, le DIGIC 4, à mon avis. J'avais choisi de passer au Canon à cause d'un programme de "hack", CHDK, qui permet de débrider les caractéristiques des appareils photos Canon, leur permettant notament de faire des prises de vues en format RAW.

http://chdk.wikia.com/wiki/CHDK

Je veux, j'ai besoin dirais-je, d'un appareil photo compact versatile, que je traine partout avec moi, pour prendre des photos dans le cadre de mon travail, avec un mode de prises de vues vidéo HD, un grand angle, un zoom assez puissant, et une qualité d'image d'un niveau exploitable professionnellement, sans prétention, mais indispensable à ma survie dans mon travail.

Canon SX 220 HS

Immédiatement après l'achat (sans argent déboursé), je regrettais mon choix. Je n'aime pas le design, les commandes ne sont pas agréables ni instinctives à l'usage, et ce flash, mal placé, qui se trouve toujours sous l'index quand on allume l'appareil photo, et qui donc force un instant avant de renoncer à sortir... Il faut ensuite le déployer manuellement au besoin, avec un petit frein désagréable qui risque de briser avec le temps. Mais après quelques prises de vue, et en regardant le potentiel de l'appareil une fois hacké avec CHDK, je suis lentement séduit. Et quand j'ai vu le boitier étanche à 40 mètres que fait Canon pour cet appareil, là, toutes mes réticenses sont tombées... (bon, ok, ce n'est pas pour tout de suite, il vaut le prix de l'appareil seul!).

http://www.lozeau.com/catalogue/accessoires/accessoires-s...

J'ai pris une nouvelle garantie prolongée, et je me dis que si il me tient 2 ans, je pourrais le revendre pour passer au modèle du moment, sans trop perdre au change. C'est ce que j'ai fait avec mon précédent Lumix. Sinon, il meurt de causes naturelles et il sera remplacé à nouveau pour le modèle du moment. Je suis maniaque, et mes équipements sont rigoureusement entretenus et traités comme des bijoux. J'ai encore l'outillage acheté lorsque j'ai construit ma première maison, trois ans après mon arrivée au Canada, il y a 18 ans, en parfait état, continuant leur service intense sans faillir.

Sinon, cela a fait deux ans que j'ai retrouvé un chez-moi décent, et depuis deux mois, j'ai intégré un nouvel espace de travail que je rénove et dans lequel j'installe mes quartiers professionnels, libérant ainsi mon appartement de sa surcharge d'équipements professionnels de toutes sortes et m'ouvrant les portes d'un nouvel envol professionnel, plus stable, plus efficace, plus intéressant.

Bureau

21/08/2011

rebonds...

Le kangourou, c'est peut-être ainsi qu'il faudrait me rebaptiser!

Je sors de l'hôpital psychiatrique avec un ticket de bus et 12$ en poche, toute ma fortune!

J'ai vraiment eu un choc la veille en voyant ma voiture hissée sur la remorqueuse, direction la fourrière, avec 30 jours d'immobilisation avant de pouvoir la récupérer. Sans parler des coûts! Cela m'a rapellé le jour où, il y a 3 ans, ma voiture est tombée en panne et il a fallu me résoudre à la vendre. Le début du retour en enfer!

J'ai une heure et demi de bus à faire avant d'arriver chez moi. Je réfléchis. Tous mes contrats en cours ne peuvent être exécutés sans ma voiture. Il faut que je débourse pas loin de 2000$ pour payer les amendes dues et récupérer mes plaques et mon permis. Je me présente à mes rendez-vous du jour à vélo. Ça va, il fait super beau. Le soir, je suis un peu fatigué. J'ai fait 45 km à bicyclette dans ma journée, ça peut se concevoir. J'ai mon frigo relativement garni encore, et je considère les options pour le mois. Donner le change, continuer les discussions avec les investisseurs comme si de rien n'étais. Avoir confiance en ma capacité de continuer à fonctionner malgré tout. Je repense aux phrases du psychiatre. Avec un sourire; "Oui, mais quand même, conduire sachant votre permis de conduire suspendu... quand même...je n'aurais jamais fait ça, moi..."

Je lui ai répondu du tac au tac " vous n'avez jamais eu faim, vous... enfin avoir faim pour vous, cela veut dire avoir sauté votre collation de 4 heures... vous n'avez jamais été à la rue, n'est-ce pas?"

C'est vrai, je n'aurais pas dû conduire. Mais que faire? Tout abandonner si près du but, retourner dans la rue et me dire que j'allais tout reprendre à zéro une fois de plus. Non! J'ai du travail, une voiture, je vais travailler! Si il y a une chose que je sais faire, c'est calculer. Et je sais que si je ne déplace pas des montagnes chaque semaine, je vais rechuter. On ne sort pas de ce genre de situation sans efforts titanesques. Aucune des personnes dont j'ai croisé le chemin dans la rue ne s'en est sortie jusqu'à présent, et les intervenants qui m'ont suivi n'en reviennent toujours pas!

Mais il a fallu que je reste toujours "on the edge", sur le fil, sur la mince ligne qui devrait me permettre de m'en sortir. J'ai réussi à maintenir le cap, à accumuler les petites réussites, malgré les soubressauts, les difficultés. Qui peut imaginer mes difficultés à redresser une situation malgré mes handicaps. Cet autisme qui m'empêche de rester au contact des gens plus que quelques heures par semaine. Heureusement, quelques personnes parviennent à accepter mes limites et continuent de communiquer régulièrement à ma façon, ce qui me permet de donner le change quand je suis en public. Je coupe mes imersions dans le monde de longues périodes d'isolement et j'arrive à maintenir l'équilibre.

Le ratio; 8 heures, 12 max par semaine avec des gens. Seule Catherine, qui m'assiste dans mon travail de recherche, peut rester plus longtemps avec moi sans que cela me perturbe trop.

Je suis quand même passablement déprimé en arrivant chez moi. Pendant deux jours, tournant et retournant ma situation dans tous les sens, je ne vois aucune issue raisonnable. Faudra-t-il emprunter les issues déraisonnables?

Le temps passe, et pourtant...

Je lui ai dit il y a quelques jours "je recommence à écrire". Pourquoi recommencer? Parce que j'adore cela. Parce qu'il y a quelques temps, je lui ai dit "avoir été dans la rue a fait de moi une personne plus forte, mais surtout une meilleure personne".

Pas que je ne fus pas déjà une "bonne personne"! J'ai toujours donné ma chemise à qui me la demandait, même si c'était ma dernière, au milieu de l'hiver.

De ce côté, j'ai un peu changé...juste un peu. Je vérifie maintenant que la personne en a réellement besoin autant ou plus que moi!

Mais j'ai compris l'incompréhensible quand tu es dans une situation confortable, quand tu n'as jamais eu de difficulté à travailler, à fonctionner raisonnablement, malgré les handicaps. Quand tu n'as jamais même imaginé pouvoir être (à nouveau) démuni matériellement. Le dénuement matériel est tombé via la détresse psychologique, bien sûr. L'incompréhension...

Que c'est-il passé depuis ces derniers mois?

Gros succès de mes travaux et conférences. Investisseurs prêts à financer... Mais on ne sort pas du trou si facilement. Le premier jour où j'ai mis ma nouvelle voiture sur la route, j'ai eu 2 pv. Un de stationnement. J'ai pourtant regardé attentivement les panneaux. Interdit de stationer jusqu'à 3h. Il est 3h30, c'est bon... Ouais, je suis dans un quartier bilingue, on utilise d'habitude 3h PM si c'est l'après-midi. Pas sur les panneaux de stationnement, bien sûr! Quelques minutes plus tard, je franchis une ligne blanche, me dis le motard, une vraie danseuse moulinant à qui mieux-mieux fier d'avoir trouvé une mine pour ses quotas de la journée. Les lignes sont effacées au sol, mais j'aurais dû voir 50 mètres avant le panneau indiquant l'interdiction de changer de voie. Je sais que je ne pourrai pas payer... Le temps est passé, la justice a tranché. Mes deux amendes de 50$ ce sont transformée en deux fois 250$, mes plaques et mon permis suspendus. Je suis à nouveau illégal sur les routes.

Trois arrestations consécutives. Le compte s'alourdi. La dernière, une gamine, haute comme trois pommes prétend chercher à bien faire son travail en mettant mon véhicule à la fourrière. Je me retrouve sans possibilité de travailler pour un mois. Je n'arriverai pas à gérer...

Je dois avouer que j'ai eu envie de la tailler en pièces. J'ai choisi de lui monter à quel point ce n'est pas ça, le métier de policier, de verbaliser à outrance et de jeter les gens dans la détresse et la rue. Je lui raconte l'histoire d'un gars, rendu au bout du désespoir qui s'est pendu. Je lui dit qu'un jour, ce sera un de ses proches, et ce jour là, de se souvenir de moi!

Je dérape un peu et choisi de risquer la psychiatrie pour boucler mon message. Deux voitures sont mobilisées pour gérer mon cas. Il y a des automobilistes qui ne le savent pas, mais je les ai sauvé de contraventions pendant quelques heures. Une ambulance fini par me transférer à l'hôpital psychiatrique. Il faut être fou pour contester l'ordre établi. Ou criminel, ce que je ne suis pas. Alors fou, ouais, un peu, probablement.

Je passerai 24 heures en confinement psychiatrique. Je penserai beaucoup à quelques personnes. Je réfléchirai et réaliserai une fois encore que je dois me débrouiller seul. Jamais je ne pourrai appeller qui que ce soit. Il faut que je revienne sur terre. Je ferai rire le psychiatre et obtiendrai mon élargissement.

Je suis rendu à près de 4000$ d'amendes accumulées.