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10/03/2014

O Pullo Futa

Après quelques nuits dans la voiture que mon amie me laissait le soir, puis quelques nuits dans une refuge, je trouve une sous-location pour un mois. Le jour où je dois rentrer dans le logement, le locataire m'appelle. Sa voix est sourde. Il me demande de venir un peu plus tôt car il y a eu un drame dans son entourage.

Nous avons discuté un peu quelques jours auparavent. Il est peul de Guinée Conakry. Il vient du Futa Djallon, comme ces filles avec qui j'ai vécu un an et demi, au Sénégal, dans une autre vie.

Quand j'arrive, je le trouve secoué. Il m'apprend qu'un de ses amis proches s'est fait assassiné, poignardé sans raison sur son lieu de travail par un collègue déséquilibré. Si vous fouillez un peu, le 28 février... vous trouverez...

Le drame fait deux morts, quatre bléssés. Son ami laisse une une veuve et quatre orphelins en bas âge. Le téléphone sonne sans cesse. Le language peul sonne dans mes oreilles comme une histoire ancienne qui refait surface, comme un prolongement de ma vie antérieure. La langue, les mots me reviennent. Le drame actuel me replonge dans mon drame ancien. Les émotions, les images, les sons, tout revient comme un raz de marée.

J'ai les mots qui soutiennent. Cet homme est déjà un ami, presque de la famille. Il part tôt le matin pour un mois, à Montréal, où sa femme et sa fille l'attendent. Je reste là, un peu désemparé. Pourquoi à peine arrivé, je dois plonger dans un rare fait divers sordide, dans cette ville plutôt paisible?

Que sont devenues tous ces gens avec qui j'ai partagé tant de choses, là-bas, en Afrique. Ils doivent penser à moi, de temps à autre, comme je pense à eux. Si ils vivent toujours... Je suis moi-même passé si souvent si près de la trajectoire de la grande faucheuse. Ont-ils survécu eux aussi?

Les reverrais-je un jour?

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