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20/10/2016

Les probabilités...

J'arrive devant la porte de mon local d'entreposage alors que la lumière du jour commence à tomber. Quelques minutes plus tôt, j'ai reçu un appel de la société qui m'annonce que ma porte a été forcée et que du matériel a été volé. Je suis K.O.

Le gérant me dit qu'il ne semblait pas manquer tellement de choses. J'ai de gros doutes, mais encore un peu d'espoir...

Avec le peu de lumière, je ne m'apercevrai pas immédiatement de l'ampleur des dégats. Tout est pelle-mèle vis à vis de la porte. Je m'aperçois de la disparition de mon sac de hockey... un énorme sac avec lequel j'ai souvent voyagé et dans lequel j'avais rangé une bonne partie de mon matériel de sport. Juste ce sac, au moins 7 ou 800$.

Puis je vois l'emplacement vide là où j'avais rangé ma télé et mes écrans d'ordinateurs... je frémis. Mes caisses d'outils qui étaient juste devant la porte, avec les outils dont je me sers le plus... une malette avec tout mon équipement de mesure... lasers, multimètres, traceurs de circuits... un autre 500$.

Je referme la porte en énnonçant tout ce qui me vient à l'esprit de ce qui me semble avoir disparu.

Je suis anéanti. Je quitte l'endroit dans un état second. Toute la soirée, toute la nuit, l'ampleur des dégats dans ma vie, dans mes projets, ne cesse de tourner dans ma tête.

Et je n'ai pas d'assurance, bien sûr...

Le lendemain, je retourne essayer de faire un bilan plus détaillé. Je m'aperçois qu'en fait, les voleurs avaient vidé la moitié du local pour atteindre ce qui avait le plus de valeur et que tout a été ensuite remis pelle-mèle pour pouvoir refermer laporte, vraisemblablement par le personnel de l'endroit. Des boîtes de matériel électronique, mes ordinateurs, mes backups, mes imprimantes, des boîtes avec des choses personnelles... des années d'écriture sur papier, des centaines d'heures de travail sur mon serveur.

Trois semaines plus tard, je suis encore en train de m'apercevoir que des choses dont j'ai besoin ont diparues...À chaque fois c'est comme un coup de poing dans l'estomac. À chaques fois, c'est un retour dans le néant de l'incapacité d'encore endurer.

Il y avait toute ma vie dans ce local... enfin une grosse partie! Des souvenirs de mon père (décédé quand j'étais enfant) que j'avais réussi à faire traverser tant de cahos... évaporés... comme si mon père n'avait pas existé finalement.

Et ces quelques souvenirs de ma mère, décédée il y a deux ans...

Et j'essaie de faire le deuil, matériel, émotionnel, sentimental. Pourquoi tant d'adversité encore, alors que je commençais à retomber sur mes pieds, à quelques jours d'emménager dans un nouveau logement... pourquoi ce retard dans les travaux qui à 4 jours près, aurait pu m'éviter le pire. Non, je dois vivre amputé de ces éléments matériels qui m'aidaient à tenir debout. Le pire, c'est de savoir qu'une partie de ces choses, sans valeur pour qui que ce soit en dehors de moi, va finir dans les poubelles. Et ce sont les plus précieuses à mes yeux. Ce sont des béquilles, de remèdes, des remontants. Et une fois encore, il faut que j'accepte l'inacceptable.

Trois semaines, avec des "crash" dramatiques qui commencent à s'espacer un peu. À chaque fois que je cherche quelque chose, que je revois où c'était et que je me rends compte que cela a aussi disparu, je me désintègre, reste prostré pendant des heures, incapable de faire quoi que ce soit.

Et pour couronner le tout, cet après-midi, en sautant de mon camion, je suis retombé de tout mon poids sur mon pied droit qui a trouvé la crevasse parfaite pour démolir mon pied, légèrement recouverte de neige. La douleur a été fulgurante et j'ai entendu un craquement sinistre. La cheville, légèrement foulée, mais le craquement venait des ligaments du tarse. Ça ne m'était jamais arrivé encore. Le dessus du pied, juste en avant de la cheville, s'est mis à enfler et je ne pouvais plus le poser à terre.

Je suis rentré tant bien que mal chez moi.

Assis sur le sol, ai enlevé mes chaussures avec difficulté et ai commencé à évaluer les blessures.

Je n'ai pas enlevé mes chaussettes. J'ai pris mon pied et ai solidement poussé dessus dans l'axe opposé à la direction de la blessure de la cheville. Ce n'était pas très enflé, à cet endroit, donc j'ai supposé que la blessure n'était pas trop grave. Lorsque j'ai entendu un léger craquement, j'ai appliqué des mouvements de rotation dans tous les axes, en essayant de ménager le tarse. Puis j'ai mis une main juste au dessus de la blessure au tarse, l'autre juste en dessous, vers l'extrémité du pied, et j'ai appliqué toute la force dont j'étais capable dans un mouvement de cisaillement inverse de celui que la crevasse dans le sol a généré. Mon pied a à nouveau craqué, plus brutalement et la douleur m'a fait vaciller. Je me suis allongé et j'ai attendu de reprendre un peu de forces. Je ne peux toujours pas poser mon pied par terre, mais l'enflure a commencé à réduire. C'est vraiment la première fois de ma vie que j'arrive à renmancher de telles blessures aussi bien. Je vais mettre de la glace dessus pour la nuit, en espérant que demain, je pourrai poser mon pied par terre, au moins légèrement.Je me sens un peu comme ça...

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14/09/2016

La condamnation

Le médecin me regarde. Les mots qu'il va pronnoncer vont changer ma vie. Je ne peux même pas en prendre la moindre mesure à ce moment. C'est trop violent, cela touche un spectre trop large de l'être humain, de ce qui le défini.

- "J'en ai pour combien de temps?"

- "On ne sait pas. C'est un mal qu'on connait mal"

Je souris, un peu tristement. "Ce mâle connait mal le mal qui me met à mal", me dis-je. Mon sourire s'élargit. Je ne peux le retenir face à cette piètre danse des mots.

- "Mais quand même, un ordre de grandeur...?"

-"Six mois... un an... trois ans peut-être. C'est le plus long qu'on ai jamais vu jusqu'à présent. Mais c'est inéluctable. Et incurable comme vous le savez. Il n'y a pas de remède et aucune chance qu'un soit mis au point à temps pour vous."

Cela a au moins le mérite d'être clair.

Le médecin insiste, à trois reprises, pour que je fasse des examens complémentaires dès que je serai de retour chez moi. Cette insistance soulèvera des questions auquelles je n'ai jamais eu de réponse.

Dans l'heure qui suit, ma tension artérielle explose à 21/16. Le médecin de garde panique, me fait allonger, s'apprête à lancer un branle-bas de combat pour une crise cardiaque. Après quelques minutes, ma tension artérielle retombe vers 15/9. Il me gardera en observation pendant quelques heures. Mais tout semble se stabiliser. Il me demande de me faire examiner en arrivant chez moi avant de me libérer, insistant sur la sévérité de mon état.

Les huits mois sous condamnation à mort qui suivront seront une expérience d'une rare violence. Violence que je ne mesurerai jamais réellement, comme je n'ai jamais su mesurer la violence de mon enfance, les violences de ma vie. Un médecin me dit que pour la tension, ce sera des médicaments à vie. Vie limitée de toutes façons. Alors...

Et je me dis que l'hypertension, c'est contextuelle, c'est dû aux récents évènements qui m'ont frappé. Et je me dis que c'est le seul truc que je peux combattre. Au moins, je vais enlever cela de ma vie. Je prendrai la médication pendant 5 semaines. Ma tension s'est rapidement rétablie, et je prends toutes les mesures en mon pouvoir pour limiter le stress et les facteurs alimentaires, me remets à faire de l'exercice, léger, mais régulier. Rien de bien compliqué. De l'assouplissement, de la marche, un peu de musculation dorsale, abdominale... juste des exercices que je fais chez moi ou dehors, aussi souvent que possible. Après 5 semaines dont 4 à peu près stables à 12/8, je décide de me sevrer de ces médicaments. Le médecin m'a dit qu'il ne fallait pas faire cela, que c'était mauvais, bla bla bla. Mais j'ai une tête de mule! Et cela m'a sauvé la vie plusieurs fois!

J'avais 23 ans.

Les médecins ont eu faux sur toute la ligne.

Je suis toujours vivant. Je sors de chez le médecin. Je suis toujours dans une forme et une condition physique rares, depuis ces évènements, il y a déjà si longtemps. Avec des hauts et des bas, des prises et des pertes de poids, des soubressauts, à cause de la vie, de ces années dans la rue... Mais j'ai toujours fait raisonnablement attention à tout ce sur quoi j'avais un certain pouvoir... et même un pouvoir certain!

J'ai aussi de ce côté bénéficié d'une pioche pas trop mauvaise à la lotterie de la génétique. J'en suis pleinement conscient. Mais surtout, j'ai pris soin de ce capital, probablement parce que j'ai très tôt pris conscience de combien il pouvait être fragile, de combien il est précieux.

Pourquoi est-ce que je vous raconte cela aujourd'hui? Et bien comme je viens de le mentionner, je sors de chez le médecin. Tout va bien, même si je viens à nouveau de passer des moments difficiles. Tout est relatif. J'ai connu pire...

Et j'ai vu ces imbéciles prétendre qu'ils avaient le droit d'emmerder la terre entière à cause de leur situation. Pleins d'arrogance, de mépris, sans respect, sans considération, prétendant avoir tout les droits qu'aucun devoir n'a pourtant jamais justifié. Ces gens qui pensent que le monde tourne autour de leur nombril, que leurs "malheurs" justifient toutes les ingratitudes. D'innombrables fois je me suis arrêté, j'ai écouté leurs récriminations contre le monde, contre la vie, contre Dieu et diables. Puis je leur ai raconté ma vie, enfin des bouts... Plusieurs m'ont dit par la suite à quel point j'avais changé la leur en ayant partagé la mienne.

Mais parfois, la connerie humaine est indécrottable! Et j'ai (presque) fini par apprendre à ne pas tout donner pour tenter de leur ouvrir les yeux. Parfois, c'est juste impossible. Mais bon, j'essaie, je me bat et je tente de mettre des limites "raisonnables" pour ne pas m'enliser. Pouvez-vous croire que j'ai aidé une personne millionnaire, qui continuait à essayer de me pomper mes dernières ressources alors qu'elle me savait dans la rue, mais pensait que ses besoins primaient. Cela m'a tout pris pour dire "non", "pas possible". Mais bon, j'y suis parvenu. J'ai appris de nouvelles règles, j'ai de nouveaux outils, de nouvelles ressources et une vision forgée par un recul que je n'avais jamais su prendre.

Aujourd'hui, je pourrais vous parler de cette autre femme dont l'enfance brisée au quotidien par des parents pour lesquels je n'ai aucun mot qualificatif, à laissé des marques indélébiles jusque dans son présent. Comment survivre quand un père vous lance contre les murs dès petite. Comment survivre quand on rentre de l'école sachant qu'invariablement, ce sera raclée après raclée, coups de poings et de pieds qu'aucun chien ne mériterai. Pourtant, je n'ai jamais vu quelqu'un se battre de la sorte, avec la rage pour elle, le sourire pour les autres.

Quand vous rencontrez ces personnes, parfois dans la rue, parfois lorsqu'elles sortent de derrière les volets clos ou les rideaux tirés, vous ne verrez rien. Et moi, je les devine immédiatement, comme je devine celui qui cache son ittinérance, celui qui cache ses souffrances. Elles me parlent d'autant que mon autisme amplifie tout ce qui échappe au neurotypique.

Oui, les plus grands drames, vous ne les entendrez jamais flotter dans l'air. Vous devrez aller les chercher si vous en avez le courage dans les limbes intersidérales de l'inhumanité. Et ces sur-hommes, ces sur-femmes, vous confondront par leur humilité, leur simplicité, leur discrétion, mais aussi par leur perspicacité.

Et il y a cette autre femme, que j'ai presque vu naître, que j'ai récement retrouvé, après de longues années loins l'un de l'autre, chacun à son bout du monde, et qui a entendu, compris l'incompréhensible, et m'a pointé du doigt chacune des impossibilités de mon quotidien en y apportant des possibilités de solution.

Ces deux femmes se sont rejointes sans se connaître pour me transmettre l'aide dont j'avais besoin, juste comme il fallait, juste au bon moment. Oui, ce sont elles qui m'ont permis de voir ce qui est invisible aux yeux de l'autiste.

 Et à nouveau je l'inscris dans mon livre, dans mon code de vie, avec ses dièses et ses bémoles, ses couleurs et ses modulations.

Et pour la première fois de ma vie, je suis parvenu à arrêter à temps, chercher l'aide avant qu'elle ne soit hors d'atteinte, et je peux enfin coller des images aux situations improbables pour traduire ce qu'il était impossible de comprendre pour ceux qui croisent mon chemin.

30/08/2016

Le plafond de verre...

C'est une expression américaine, "glass ceiling" qui illustre essentiellement la quasi impossibilité pour les femmes d'accéder aux plus haut postes dans les entreprises. On ne le voit pas, mais il est bel et bien là.

Il est là, partout, pas juste pour les femmes, pas juste dans le monde du travail!

Je l'ai frappé de nombreuses fois. Et on me disait : "mais non, tu vois bien, il n'y a rien!".

"Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt", aurait dit Confucius!

Vous passez aux travers de ces murailles de verre. Je m'y casse le nez sans cesse. J'ai du mal à analyser pourquoi. J'ai du mal à comprendre ce qui semble évidence pour le neurotypique. Et cette boucle m'enserre tel un constrictor.

Find me where the wild things are...

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10/05/2016

La route cahotique...

Je quitte l'aéroport d'Edmonton alors que des files d'autobus scolaires se synchronisent avec une rotation incessante d'avions qui évacuent Fort Mc Murray. Plus de 100 00 personnes seront déplacées en quelques jours, par air ou par voie terrestre. Une grand partie seront dirigés ici, à Edmonton, ou à Calgary, mais aussi dans les communautés encore en sécurité aux alentours de Fort Mac.

Et j'entends ces voix qui disent " Ah, voilà... ces coupables qui paient!"

Oui, parce que aujourd'hui, il faut désigner des coupable pour tout. Des coupables de tout, pour éviter de voir notre propre conscience émerger des brumes de notre lâcheté et nous exploser le cerveau, nous réduire à notre insignifiance, notre vacuité, au néant que nous sommes.

Et bien sûr, on ne va pas dire que ces travailleurs du pétrole sont les coupables. On va dire que ce sont les multinationales pétrolières. C'est bien ça, des multinationales. Elles ont un nom mais sont anonymes. Ça ne fait de mal à personne de taper dessus. Ça nous défoule, ça nous soulage, ça nous déculpabilise.

Mais non, ces multinationales ne sont pas les coupables. Elles ne sont que le vecteur que nous autorisons à porter notre inaction, notre lâcheté, notre non volonté.

Ah... vous mettez vos déchêts recyclables dans votre bac. Mais l'ineptie de ces camions brûlant des tonnes de pétrole pour les collecter, qu'en faîtes-vous? Et ce pétrole, d'où vient-il? Trouvez-moi du pétrole propre svp!

Ah, oui, mais que faire alors? Par où commencer? On n'y peut rien pas vrai!

C'est tellement plus pratique de blâmer des multinationales que nous cautionons en achetant leur pétrole en barquettes de supermarché. Ah... ces petites barquettes de viande dont le tiers finira aux poubelles, bien enveloppé de film plastique!

Tellement pratique pas vrai?

Quelques minutes en enfer...

 

02/04/2016

sans aigle...

Sans bottes, ni culottes non plus...

Un départ sur les chapeaux de roues, une fois de plus... billet acheté à l'arrache 24 heures avant le départ... et des histoires dès l'aéroport que je ne puis raconter sans risquer de semer l'émoi dans ce monde terrorisé!

Mais bon, début Janvier, atterrir à Reykjavìk, sous une météo clémente, puis s'envoler vers Paris en survolant une tempête impressionante que je reverrais depuis le bord de mer deux jours plus tard...

C'est un nouveau contact avec la terre qui m'a vu naître et mourrir, puis m'enfuir pour renaître de mes cendres à nouveau.

Et mourir encore, et renaître... c'est une maladie, chez moi, la résurrection!

Paris, choyé que je suis dans Montmartre, "walking distance from the place I was born".

Et vivre à nouveau des moments énormes. Oui, trop peu, mais pourtant tant...

Comment pourrais-je me plaindre. Je ne me plains pas en fait. Jamais, je crois. Je cite parfois des faits, je sermone l'injustice et tance le mal, sans relâche. Répététivement, jusqu'à l'épuisement. Le miens et celui des malheureux qui croisent mon chemin rocambolesque parfois. Pas par bravade, sans bravoure, par reflexe ou par incapacité de faire autrement probablement!

Depuis quelques mois, j'ai pris la décision de renouer avec quelques passions; la moto, le vol (celui dans les airs... pas l'autre, qui n'a jamais été une passion pour moi, il va sans dire!), l'équitation.

Comment vous dire... comment résumer? Il me tarde de vous dire plus complètement. Si vous pouviez savoir, si vous pouviez comprendre l'incompréhensible. Comment dirais-je? Comment exprimerais-je...???

Alors je découpe à l'emporte-pièce. Lance des messages, bouteilles à la mer en espérant... Avez-vous vu le degré de pollution de cette mer. Savez-vous que lors de ma dernière navigation, je n'ai jamais passé plus de 20 minutes en pleine mer sans voir des déchets, des bouteilles de gaz, des sacs plastiques, des barils vides, des nappes d'huile. J'ai traversé le triangle des Bermudes sans voir d'avion, mais en constatant la navrante réalité d'une pollution qui a envahi le moindre recoin de ce monde désolant à tant d'égards.

Et quand je pense à la mer, je pense à Manfred très souvent. Et à Christian aussi... et à Michel!

Et j'ai mal de ne point arriver à recréer ces liens à la vie, ces liens au monde qui m'entoure, enfermé dans l'autisme qui me cloue à mon calvaire.

Et je tente pour la nième fois de démarrer ce gros monocylindre de 600 cc. Allez, je n'aime pas trop, mais bon, un shoot d'éther...

Yamaha,Tenere 600

Et "broooum!", le voilà parti! Et me voilà parti aussi, la poignée des gaz dans la seule position que je lui connaisse; à fond!

Vous ais-je dit? Aucun de mes potes motards n'a survécu. Moi, j'ai racroché le temps de me faire assez peur pour devenir raisonnable. Bon, je sais, peu de mon entourage me trouve raisonnable, mais bon, ça, c'est une autre histoire!

Et je mets un casque, une paire de gants, et vais me régaler sur la petite route du littoral breton, sous les quelques rayons de soleil bienvenus qui enchantent ma virée.

C'est décidé, je reviens bientôt vous voir. Manfred le premier, probablement. Puis un grand tour de France, pour boucler des boucles, ou en transformer en sac de noeuds. Rien n'égalera ceux de mon cerveau anyway!

Et je balance la moto dans la courbe, puis accélère doucement en anticipant les conditions comme  tous mes sens me l'indiquent. Et je suis à nouveau avec Alain, avec Philippe, avec Jean-Marc, avec Didier, à tirer la bourre dans un monde imaginaire ou les chauffards, les imprévus n'existent pas...

Oui je reviendrai, me préparerai un peu mieux, prendrai rendez-vous avec vous pour partager un temps sans concurrence!

 

14/02/2016

La mer créant...

Le vent souffle encore, levant à nouveau une houle puissante. Je marche lentement sur le sable mouillé de la plage, savourant chaque instant de ce spectacle grandiose. Je ralenti chacun de mes pas comme pour prolonger la magie de ces moments. Des rafales projettent la pluie en larges bandes grises dans le ciel. Je me réfugie sous un grand pin parasol pour mieux apprécier le spectacle. Mon cerveau s'emballe. Les souvenirs, les émotions sans fin que génère en moi la brutalité de la nature, me transportent dans un monde où seul je suis.

Et je regarde cette vague qui se lève au loin, déferle bruyament sur les récifs, se transforme en onde pour se lever à nouveau et mourir dans un ultime fracas sur la plage. Et je réalise à cet instant tout ce qui a contribué à cet éphémère spectacle. Le vent, loin sur la mer, qui a soufflé et soulevé des montagnes d'eau, pendant des jours, pour faire grossir la houle jusqu'à des proportions gigantesques. Et après un parcours impitoyable, ces masses d'eau viennent mourir dans un dernier éclat, m'offrant à chaque fois un dénouement tragique unique.

Et j'observe cette succession de vagues, réalisant pleinement pour la première fois l'unicité de chacune d'entre elles. Et je pense soudain à ce qui me fascine le plus dans la mer; que chacun de ces instants est unique. Chacune de ces images que j'ai gravé dans ma tête depuis la première fois où j'ai observé la mer ne vit plus que dans ma tête et quoi que je fasse pour tenter de les partager, personne ne saura réellement ce qui m'a imprégné à chacun de ces instants.

Et je pense à ces milliards de vagues qui se sont écrasées sur ces inombrables plages, rochers, récifs ou falaises, depuis des temps immémoriaux. Qui peut les compter? Qui peut les sonder?

Je regarde ces grains de sable sur la plage et je pense à ces milliards d'humains qui sont passé sur cette terre, qui y vivent ou survivent, chacun différent, mais se ressemblant finalement tellement quand même, malgré tout ce que l'on veut nous faire croire.

Chacune de ces âmes, qui peut les sonder?

Qui dira que cette vague que j'ai vu est si dissemblable de cette autre. Qui dira que ce grain de sable ne vaut pas cet autre? Qui peut prétendre que cet humain qui respire à nos côtés n'aspire pas aux mêmes idéaux que nous?

22/01/2016

Pen Kiriac

En ouvrant la porte-fenêtre de ma chambre, alors que le jour pointe à peine, j'entends le mugissement de la mer. Je suis arrivé salué par ma mère-mer. D'un grand coup de vent, traîné dans le sillage de mon avion. Juste à temps pour lever une houle déchaînée qui donne à la côte déchirée toute sa beauté. C'est comme cela que j'aime que la vie souligne mes souvenirs! C'est comme cela que j'aime la mer. Je ne connais que cela; la passion déchaînée! Je n'ai jamais eu de mesure. Et ses coups de gueule, je les prends comme un salut, comme un shoot d'énergie vive, brutale, vitale.

Ce moment passé à Paris enterre pour l'instant cette longue étape rocambolesque de ma vie. Je fais les cent pas à la gare du Nord, me remémorant les mille traits de son visage, que je n'ai vu depuis si longtemps. J'essaie d'imaginer les changements, les marques du temps. On ne se reconnaîtra probablement que par déduction!

Je m'approche d'un sdf. Je suis, je serai toujours un peu... Un peu de luxe aussi! Il me tends la main, pas ouverte, un salut. Cela confirme... tout est dans le regard je crois. Je la serre chaleureusement. On échange quelque mots. Je lui donne de quoi se payer un café. Je reste autiste. Maladroit. Incapable de communiquer comme je l'aimerai.

Quoi dire, sans dessiner un contexte d'une complexité telle que tout propos s'en trouverai noyé, brisé sur les récifs de cette Pen Kiriac.

Comment peut-on passer au travers de tout cela, comme ça?

Dans ce groupe de travail, il y a quelques semaines, dans le cadre d'un M.O.O.C du MIT (M.O.O.C; Massive Online Open Course, une formation de masse en ligne. MIT, Massachussets Institute of Technologie, université de Cambridge, près de Boston, USA), une personne, thérapeute auprès de gens en situation post-traumatique, m'a qualifié de "survivor", survivant, après n'avoir entendu qu'une brève présentation de mon contexte de vie. C'est en fait le mot dont j'avais besoin pour me redéfinir.

J'ai pu commencer à mettre des mots sur ce que je suis. Des mots sur ce que la vie défini de nos traits, dans le meilleur comme dans le pire.

J'ai fait la paix avec moi-même. Je suis fier d'avoir survécu sans compromission, même dans les pires circonstances.

Je retrouve une France bien abîmée. Elle a glissé sur la pente que je voyais déjà lorsque je l'ai quittée. Que peux devenir une nation rivée devant PBLV? Consternation lorsque, il y a quelques mois, j'ai découvert ce qui se cachait derrière ces quelques lettres...

 

28/10/2015

Une roue qui tourne, comme un moulin à vent...

Les applaudissements sont nourris, mais on sent le public plus préoccupé par le besoin de quitter les lieux rapidement pour ne pas être "pris" dans les embouteillages de fin de spectacle que par celui de rendre un juste hommage aux artistes. C'est devenu la norme... ces gens qui se pécipitent, et les autres qui suivent, par crainte de... de quoi d'ailleurs? Je reste assis, bloquant l'accès à l'allée. Je suis assis en bout de rangée. Je savoure le moment. J'observe les gens. Je suis assis au milieu de nantis, à l'Opéra d'Edmonton, le "Jubilee Auditorium", une salle magnifique, à l'acoustique impeccable!

Opera,Edmonton,Alberta,Jubilee Auditorium

http://www.jubileeauditorium.com/

Et mon esprit remonte de quelque mois dans le passé. Quatre mois environ. Que ne sais-je m'occuper de moi-même comme je m'occupe des autres?

Beaucoup d'émotions, de flux incontrolables, mais j'ai repris la capacité d'analyser sereinement.

 

06/09/2015

Recyclage

Je regarde cette grande boite de carton, remplie de jouets d'enfants. Et ce petit lit, et cette petite commode. Les jouets d'une petite fille, Anoulaida. Anoulaida est morte de la leucémie. Ses parents ont fini par parvenir à vider la chambre. Mais ils n'ont pas été capables de jetter, n'ont pas été capables de vendre, de donner... Qui voudrait mettre son enfant dans le lit d'une morte?

Les superstitions persistent, malgré la disparition de dieux et des démons, dans le quotidien contemporain.

Que dois-je faire? Mon cerveau s'embrouille dans tant de méandres... Cette fillette est morte. Elle ne laisse rien dans ce lit. Les souvenirs ne sont que dans la tête des gens. Ils ne sont pas gravés dans le bois des meubles ou dans la pierre des murs, n'est-ce pas? Il faudrait être sot pour le croire! Et la leucémie, ce n'est pas contagieux, n'est-ce pas?

Pourtant, qui mettrait son enfant dans ce lit. Et que dois-je faire? Aurait-on dû enterrer cette fillette avec ses jouets et ses meubles alors? Pas par superstition. Parce que c'est peut-être la chose la plus logique à faire, si personne n'en veut plus sur cette terre!

Je suis devant cette boite. Elle est vide en réalité. Ce ne sont que mes pensées qui la remplissent. Mais je suis bien sur le lit d'une morte.

Je relis mon dernier post. Je le trouve concis. Je le comprends bien. J'ai l'impression que je pourrai l'écrire à nouveau aujourd'hui. Et il prendrait une nouvelle dimension.

Je me suis trompé cependant. Le psychiatre m'aide. Il a confirmé l'autisme. M'a dit que pour cela il ne pouvait rien faire. Il a fait quelque chose quand même cependant. Il m'a donné des voies pour tenir debout.

Il a diagnostiqué mon déficit de l'attention. En a précisé les contours. Et on essaie une médication.

J'ai pour la première fois passé une journée dans la peau d'une personne sans déficit de l'attention. C'est très impressionnant. Impressionant de voir comment on peut fonctionner toute une journée sans trop perdre le fil de ce que l'on fait, du matin jusqu'au soir. Je comprends mieux maintenant...

Mais après, je me débats avec des effets secondaires indésirables. On essaie d'ajuster. Cela aurait été trop facile. Une petite pilule et "hop".

J'espère quand même pouvoir parvenir à devenir quelque peu fonctionnel quelques mois de plus chaque année, peut-être. Cela changerait probablement ma vie!

Et je vois ces messages se multiplier, sur Facebook ou ailleurs. Et je vois cette grosse torche poster sur son mur sa petite contribution depuis son Iphone. Qu'en a-t-elle à foutre de la mort d'un enfant. Enfant qui a cousu ses vêtements H&M made in Bengladesh ou assemblé sa puenteur made in Appleland.

Je vomis ces emballements surannés par des siècles d'indifférence, par une vie à enfouir sa tête dans le sable, sans même tenter de corriger ce qui est à portée. Une vie à détourner sa tête de l'évidence des chemins de la responsabilité. Pour protéger ses petits acquis, pour continuer de se promener en tentant de garder bonne conscience. Une vie à se regarder le nombril, mais en versant une petite larme pour faire croire qu'elle partage. Et surtout, il faut bien l'exposer, cette petite larme, pour que tout le monde voit qu'elle souffre vraiment...

 

19/07/2015

Les limites...

Qui saura me dire où se situent les limites?

Où était la limite du petit Adolphe qui, du fond de sa petite enfance, développa ce chemin qui mena au plus grand désastre du 20ème siecle?

Et ces millions de français qui ne dirent rien. Collabos passifs...

Où se situe la responsabilité?

Est-elle plus grande que celle de Charles Manson?

Manson? Oh, il est toujours vivant, lui! (Remarquez que certains pensent qu'Adolphe l'est aussi! :-) )

Manson a un "fan club". Adolphe aussi il est vrai... En France ou ailleurs sur la planète...

Il me faut être un peu intoxiqué pour venir à vous de ce verbe...

Ma limite? Mon frère aîné... pas l'aîné-aîné...l'autre!

Je ne dépasserai jamais son degré d'intoxication. Par principe. Par devoir. Par instinct de survie.

Mais que pouvez-vous dire?

Avez-vous vu votre amour, en état de putréfaction, assassiné par un "homme" voulant protéger ses "intérêts"...

Vous ne pouvez donc juger...

J'ai passé une nuit... la nuit des "longs couteaux", avec un homme, un fusil à la main, avec dans la mire un assassin... l'Assassin", avec un "A" (grand A, comme on dit en France).

Que pouvez-vous dire?

Cette impossibilité de dire, c'est mon impossibilité de vivre, parfois...

Cet homme, toute la nuit, je lui ai énoncé les raisons de ne pas tirer...

Que pouvez-vous dire? Que savez-vous? personne ne sait, sauf moi. Et lui. Peut-être. Peut-être ne se souvient-il pas. Peut-être quelqu'un fera-t-il le lien?

Ais-je bien fait de l'en empêcher? L'assassin est libre aujourd'hui...

Non, ce n'est pas "Dexter"... C'est la " vraie" vie. Celle où tu regardes, tu agis, au mieux de l'instant présent.

Oui, tu vois quelqu'un, un revolver sur la tempe, et tu dis, ou ne dis rien.

Oui, c'est la vraie vie, autour de vous, celle où vous fermez les yeux un instant, pour oublier votre propre responsabilité, peut-être. Ou pas!

Il y aura probablement des fautes plus qu'à l'habitude dans ce post, parce que je suis ADHD (Attention Deficit Hyper Activity Disorder, ou deficit de l'attention avec trouble hyperactif... ou quelque chose du genre...)

Un autre rendez-vous, chez un psychiatre. Parce que seul je n'y arrive pas. Mais ce psychiatre ne m'aidera pas. Je le sais déjà. Parce que je suis un invétéré "geek".

Je continue de me battre, Je continue de constater que c'est un combat sans issue.

Je ne sais pas faire les compromis essentiels...

Je ne sais pas "organiser" les priorités.

La mère de mon fils a toujours reconnu que j'étais un père exemplaire. Elle n'a pourtant pas hésité à priver mon fils de ma présence. Elle m'a menacé à de nombreuses reprises. De mort, de pleins d'autres choses. Eussais-je été une femme, l'on m'aurait protégé... un seul petit sussurement, et la police serait intervenu. Mais homme, l'on m'aurait jetté en prison (cas vécu par un de mes proches!).

Pas grave... j'ai survécu. Dans la rue, hors de la rue... toujours vivant. Toujours plus que "fort".

La mère de mon fils a toujours exprimé le fait que j'aurais été le père parfait pour une fille qu'elle aurait aimé porter. Pleurnichage  sur un père trop "imparfait".

Je connais le père. Imparfait il est. Excellent homme et père il fut. À sa façon. De son mieux. Inadéquat peut-être sur un plan que je maîtrisais. Quelle fierté pourrais-je en tirer? Deux vies, deux chemins, deux destins...

Je suis toujours face aux moulins... amusant lien que vous ne pouvez comprendre pour l'instant. Je suis meunier, Sancho Pensa, un moulin ou une voile... comprenne qui pourra!

J'ai ces gens qui, un jour m'ont dit que j'avais été l'ange dont ils avaient besoin, un instant. Ou plus.

Cela me tient debout.

J'ai ces gens qui ont su mais n'ont pas compris. Je ne retiens aucun grief.

Et j'ai ces deux filles. Comme adoptives. Elles sont là, du plus fin fond des bois, juste quand j'en ai besoin. Quand mon propre fils est absent. J'ai cette chance!

Que pouvez-vous imaginer? Causette? Je vous dis cent fois pire. De la vraie vie!

Et je vois ce sourire. Ces larmes pour lesquelles je donnerai ma vie sans hésiter.

Oui, pour trois personnes. Mon fils, et ces deux autres...

Et en rêve, je voyais mon frère. Et tuais pour sauver sa vie.Parce que sa vie, je la connais. Parce que là où certains ne voient que ce que l'oeil peut rencontrer (what can meet the eye), moi je sais...

Et je vous demande. Quel prix pour une vie?

Combien pour le droit de violer un enfant?

Quel prix me direz-vous?

Ces enfants, ils sont mes tripes.

Quels sont les juges qui disent "un an"? "Deux ans"? Comment accepter? Comment ne pas tuer?

Ces juges ne "sont pas responsables". Ils ne font "qu'appliquer la loi"... Moi, je tuerai. Juges et coupables... Ne les mettez pas devant moi. Car devant moi j'ai une victime. Une autre...

Et ne me dîtes pas... ne dîtes rien! Fermez votre gueule!

Un jour ils trembleront...

Comment un "DSK" peut-il retenir l'approbation des français. En 2015! N'y a-t-il plus de gens de morale?

Je vais lire ce post à une victime. Le traduire en anglais. Lui lire à haute voix. Qu'elle sache en tout temps qu'elle peut venir à moi, et que je serai là, une "batte" de base-ball à la main. Un fusil si il le faut. Et que ni juge ni agresseur ne s'approcheront!

 

03/05/2015

Le temps...

Bien difficile d'expliquer ces périodes "d'absence". Ce sont des périodes d'absence de vie. Ou plutôt d'absence d'interactions. Des périodes où toute interaction avec le monde est impossible pour moi.

Je passe au travers de mes archives. Cela fait trois fois que je les allège.

Et je réalise que certains ne peuvent comprendre certaines choses...

Sdf, de luxe. Ce paradoxe de se retrouver à la rue et de penser qu'on est encore dans le "luxe" parce que l'on a une éducation, une compréhension, des capacités que d'autres n'ont pas. Mais en bout de ligne, c'est idem... on est sur le fil du rasoir. On se maintient à coups de pouces, à coups de mains et de claques, dans le dos ou dans la face... c'est selon!

J'essaie actuellement de déterminer les paramètres influents de ces quelques personnes qui peuvent avoir accès à moi presque en tout temps, quel que soit mon état, sans risquer de me destabiliser.

Mon fils, bien sûr...

Mais en dehors de cela...???

Des personnes pouvant rester des heures près de moi sans parler. Échangeant juste au niveau non-verbal.

La première fois que cela m'est arrivé, c'était avec une amie de lycée. On s'aimait beaucoup. Je l'avais invité au restaurant. On avait passé de longs moments sans parler, juste à apprécier la présence l'un de l'autre. À un moment, elle m'a dit: " Ce que j'aime avec toi, c'est qu'on n'a besoin de rien près de toi. Pas besoin de meubler, de faire semblant. On reste là, sans parler, et ça suffit pour être bien. C'est bien. C'est précieux!"

À cette époque, point d'autisme (point de conscience d'autisme, devrais-je dire...).

Mais déjà ces immenses gouffres, ces abîmes où je me perdais et où peu de gens pouvaient me rejoindre.

Des personnes avec un language non-verbal qui "me parle". Là encore, difficile à expliquer. Des personnes dont le language non-verbal est en accord avec leur language verbal. Bien plus rare que ce que l'on voudrait croire en réalité. Je lis le non-verbal en premier lieu. En "langue maternelle"...

Et tout ce qui ne colle pas me perturbe à un point difficilement imaginable.

Des personnes bienveillantes face à mes handicaps. Des personnes qui savent mettre la perspective nécessaire entre ce que je fais et mes capacités. Ou plutôt mes incapacités, mes limites...

 

En général, ces périodes finissent par le biais d'un choc. Un choc que je provoque, ou que la vie provoque.

Ce soir, beaucoup de choses en suspend. Trop. Un peu de tension, mais aussi la poussée du printemps, l'accumulation des efforts que je mets à avancer. Je peux pousser, mais je dois conserver la conscience des limites. Ou la rejeter peut-être...

J'ai tant de choses à livrer, à exprimer. Tant de choses qe je n'ai jamais su faire comprendre comme je l'aurais voulu. Comme j'en aurais eu besoin.

Trois heures du matin. Un bon repas... Une bière en reprenant contact avec la réalité, des fruits de mer, des légumes vapeur... un verre de vin blanc en mageant... un deuxième...

Un verre de téquila... un deuxième! Ce n'est pas tous les jours samedi. Et demain c'est dimanche. Euh, non, on est déjà dimanche!

Je ne bois pas souvent. L'alcool est hors de prix ici. Mais je trouve ça bien. On paie moins d'impôts et de taxes sur le reste. L'alcool est un luxe, et je préfère le voir taxé lourdement que  de voir quoi que ce soit d'autre rendu inaccessible aux plus démunis.

Et je me sens dans une de ces périodes où les choses reprennent un ordre gérable.

Juste à temps pour le printemps. J'ai pu maîtriser la chute de l'hiver. J'ai un peu engraissé, comme souvent en fin d'hibernation. Contrairement aux ours, j'avais un garde-manger garni pour une fois.

Alors comme les cons, je cours pour brûler les excès. Huits kilomètres à ma première sortie. Même pas mal!

Je ne cours pas souvent non plus...

22/02/2015

Watching the daisies grow...

Il est des choses si complexes dans les méandres des boyaux de mon cerveau que bien des éléments de la vie courante s'y trouvent bloqués. Le seul moyen pour moi de parvenir à dénouer ces enchevêtrements inextricables, c'est d'analyser mes cycles, de trouver les moyens de les chevaucher en me laissant porter par leur imprévisible galop, et... d'être patient!

Heureusement, je suis extrèmement patient. Au point de regarder le monde tourner sur lui-même, alors que je suis dans une imperturbable immobilité.

Je suis parfois figé dans l'inénarrable, sordide et invalidante condition de sdf, survivant dans la jungle urbaine des rues sans pitié. Parfois délétère attente d'un improbable geste d'un proche trop lointain pour seulement imaginer que je suis dans le besoin. Parfois fantasmagorique rêve d'une rencontre idylique qui viendrait venger l'attente vaine des ces parents imaginaires que je voyais m'enlevant à mon quotidien insupportable d'une enface passée à rentrer le cou pour mieux encaisser les coups.

Il m'a fallu trois ans dans la rue avant de me forger la certitude que rien ni personne ne me sortirai de la précarité. Il m'a fallu plus de temps encore pour accepter que cela était dans la "normale" des choses. Que bon, dans les romans il y a bien des princes qui vont dévoiler la princesse sous les haillons, mais jamais l'inverse! Ah, ce sexisme... il s'infiltre partout!

Depuis mon diagnostique officiel et la définition précise de mes limites et de mes capacités hors du commun, je peux dessiner des voies tirant profits de ces dernières en évitant les pièges de mes faiblesses.

Je vis en permanence des vies parallèles. Une qui gère constament mes incapacités et tente de compenser, une qui tente vainement de définir la zone grise entre les rêves et la réalité. Une qui cherche à réparer à chaque instant les modèles d'interaction sociale qui semblent s'auto-détruire aussi vite qu'ils se construisent. Tout cela se passe à l'abri des regards, profondément enfoui dans les méandres des boyaux de ma tête.

Extérieurement, peu transparaît.

Intérieurement, c'est un chaos fractal que seule la puissance mathématique de mon cerveau permet de maintenir en état de marche. À peu près...

J'aime l'idée de ces quelques âmes soeurs avec qui je partage une profonde amitié. J'aime pouvoir tomber amoureux d'une plume, m'unir en communiant au travers d'une symbiose osmotique sur un sujet, sur des idées, des émotions...

Alors quand le film "Imitation game" est sorti, je me suis souvenu de "Codebreaker", ce film documentaire regardé d'un oeil distrait il y a quelques années et que je redécouvre avec plaisir ce soir.

Ce qui me frappe, comme un train lancé à pleine vitesse, c'est ce dessin de la mère d'Alan Turing, qu'elle a intitulé "Watching the daisies grow".

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Ce dessin, c'est mon enfance, c'est ma vie, c'est ma vie dans la rue... Ce dessin, c'est la puissance de mon cerveau que je  ne peux maîtriser, que je ne peux contraindre à aller dans une direction "utile" sans aide. Oh, je n'ai pas besoin de beaucoup d'aide. Juste un peu, juste une assurance de l'inaliénabilité d'un lien...

Il y a quelques jours, je ne voyais plus aucune solution que de retourner dans la rue. J'ai passé le cap, tout seul, avec l'aide d'un peu de chance...

Une de ces âmes soeurs me suggère qu'il vaut la peine d'aller voir en salle Imitation Game. Je ne peux oublier ce "Cri d'un chameau sauvage" qui m'a ouvert les yeux sur une des réalités de la vie que je ne pouvais concevoir dans ma petite tête d'autiste!

18/02/2015

Toi-même!

Il est un site web qui me fait régulièrement mourir de rire!

http://www.viedemerde.fr

C'est un site également parfois très instructif. On y apprend même des mots de la langue française!

Voici une petite perle...

Aujourd'hui, mon fils de neuf ans a désigné le chat en disant "le nyctalope". Je lui ai fait comprendre qu'il ne devait pas dire de grossièretés. Il m'a expliqué que "nyctalope" voulait dire qu'il pouvait voir la nuit. VDM

Bon, j'avoue qu'il n'y a pas si longtemps, si après avoir parlé de mon acuité visuelle nocturne hors du commun l'on m'avait dit "le nyctalope", j'aurais peut-être pensé "nyctalope toi-même"! :-D

26/01/2015

Regarde derrière toi!

Je n'ai jamais compris comment (surtout dans les films... ça dramatise!) des gens pouvaient avoir si peu de sens de l'orientation qu'ils en tournassent en rond pour se retrouver à leur point de départ après des heures de promenade fuite déséspérée. En plein jour, ensoleillé. En pleine nuit étoilée...

Enfin, je n'avais jamais compris jusqu'à ce jour!

Bon, je ne me suis jamais pris en référence non plus. Mon sens de l'orientation est probablement plutôt hors du commun. Pourquoi n'ais-je pas craint de partir de Virginie (USA) pour les Antilles en voilier sans aucune carte? Ben, j'avais google-earthé avant, c't'affaire! J'ai visualisé cela, gravé dans ma tête... Noté des point GPS sur une page de mon agenda. Je me suis servi du GPS de mon vieux smartphone jusqu'à ce qu'il tombe en panne, puis j'ai continué à l'estime, aux étoiles. Je ne me suis jamais senti perdu. Je suis arrivé où je voulais, sans errance.

Alors pour cette randonnée en forêt Canadienne, j'ai à nouveau google-earthé, enregistré dans ma tête quelques repères et je suis parti.

Un terrain valloné, une végétation plutôt uniforme. Et la neige qui commence à tomber. Assez fortement pour que mes traces disparaissent rapidement après mon passage. Aucune lumière solaire perceptible. Le vent change de direction en fonction du relief, et même au sommet des collines, n'indique jamais la même direction. Je ne peux pas me fier comme je l'ai souvent fait à la direction de la chute des flocons.

Je me mets donc en état de vigilence extrème, enregistre les détails avec soin. Après une demi-heure de marche, je m'arrête pour évaluer ma situation. Je regarde autour de moi. Je vois la quantité infinie d'éléments qui pourrait faire que je me perde. Totalement. Les deux arbres que j'avais pris pour repère d'alignement ne sont plus dans la même perspective, et je suis incapable de les reconnaître au milieu de la forêt. C'est la forêt qui cache l'arbre cette fois-ci!

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À vingt-cinq mètres de moi, à peine visible, un orignal!

 

Je m'aperçois également que tous les repères que j'avais pris sont loin derrière moi, invisibles à cause de la neige qui tombe. Et les alignements que j'ai dû modifier en fonction du relief sont loin de faire une ligne droite. Après des kilomètres de marche, ces écarts peuvent devenir considérables, au point que certains se mettent à tourner en rond. On a de plus une tendance "naturelle" à favoriser un côté plus que l'autre, ce qui n'arrange rien et ajoute aux déviations.

J'essaie alors d'approximer cette déviation, puis je prends des repères en avant ET en arrière de moi. À intervalle régulier, je me retourne, corrige ma déviation, et prends de nouveaux repères.

C'est là que j'ai réalisé qu'en randonnée, on ne regarde presque jamais derrière soi pour prendre des alignements fiables.

(Après cette randonnée, un ami m'a donné un truc pour repérer le nord en forêt. Tu repères le côté des arbres couvert de mousse, parce que jamais exposé au soleil! Précieux conseil d'indien!).

21/01/2015

Rester droit...

Pour pouvoir continuer à se regarder dans le miroir... ou fléchir, pour ne pas mourir et ainsi pouvoir également continuer à se regarder dans le mirroir!

Mon père est mort quand j'étais enfant, dans des conditions dramatiques, pour avoir sous-estimé la force d'un oppresseur. J'ai souvent été hanté par cet évènement. Je me suis souvent posé la question; jusqu'où résister? Quand plier pour ne pas devenir une victime inutile?

Récement, le plus âgé de mes frères m'a demandé si je me souvenais de Joseph. Des Joseph, je n'en ai pas connu beaucoup. Le premier nom qui m'est venu à l'esprit, c'est ce Joseph que j'ai connu à mon entrée en sixième, en France (plus ou moins secondaire 1 au Québec). Il était seul, dans son coin, dès le premier jour victime de son allure, de son attitude. On devait faire des équipes de travail. J'ai été le premier choix de la plus jolie fille de la classe. Je lui ai demandé de choisir Joseph. Elle a accepté. Cela a permis à Joseph d'avoir une année de tranquilité. Je l'ai protégé de mon mieux toutes mes années au collège, même si nous n'étions plus dans la même classe par la suite.

Joseph, aujourd'hui, ne cesse de parler de moi à mon frère. Je n'ai jamais eu honte de lui, jamais évité de le saluer, honte de dire que c'était une gentille personne quand on le dénigrait devant moi, quand on essayait de me ridiculiser de le compter parmis mes amis. Je suis très fier de cela, aujourd'hui plus que jamais.

Alors ce soir là, quand j'ai reçu des menaces d'un repris de justice à qui j'ai donné du travail pendant quelques semaines, et qui essayait de m'extorquer de l'argent en me menaçant, j'ai mal dormi.

Parce que oui... je ne vous ai pas dit... ma situation s'est améliorée depuis quelques mois. Logé, avec du travail bien rémunéré, même si encore un peu précaire.

Cet homme, un mètre quatre- vingt quinze, cent-dix kilos de muscles, avec des mains comme des battoirs, à tendance violente avouée, m'avait proposé d'aller voir une camionette "pickup" à vendre près de chez lui. On a tourné 45 minutes dans son quartier, il était incapable de retrouver l'endroit. Puis le véhicule a refusé de démarrer. Quelques jours plus tard, il me dit que je lui dois une commission si j'achète le véhicule. Ma réaction initiale est le dégoût. Tu veux me vendre quelque chose, tu me le dis. Tu ne fais pas croire que tu veux m'aider puis ensuite essaye de m'extorquer.

D'autant que j'ai été obligé de le virer de mon chantier parce qu'il se cachait pour tirer au flanc. Je passais sur son incompétence, sur son incapacité à travailler sans supervision, même si c'était ce dont j'avais le plus besoin. Mais le surprendre régulièrement caché dans un coin, faisant semblant de travailler quand il se voyait découvert... ça, je ne suis pas capable de le supporter!

Une semaine après son renvois, je le contacte pour lui dire que je vais acheter la camionette. Il m'envois promener, me disant que la camionette, il n'en a rien à foutre, que c'est du travail qu'il veut. Je ne lui aurait pas payé ce qu'il demandait, mais j'étais prêt à le "dédommager" (je mets entre guillemets, parce que c'est plutôt lui qui aurait dû me dédommager pour avoir abusé de ma gentillesse et de ma patience, car il a réellement été dommageable pour mon travail!). Quelques jours plus tard, lors d'un échange de sms, je lui répète que je veux acheter la camionette, et j'obtiens la même réponse.

Environ un mois plus tard, la amionette étant toujours en vente, je décide de l'inspecter, de l'évaluer et finalement je l'achète. Quelques temps passent, et je reçois un sms de sa part. Il avait appris que j'avais acheté la camionette et me réclamait une commission, assortie de menaces de s'en prendre à moi et de démolir la camionette si je ne payais pas.

J'ai évalué la situation sous tous les angles. Ce gars est le genre de personne à s'attaquer aux plus faibles. D'accord, si il devait s'attaquer à quelqu'un de son gabarit, cela réduirait le choix à peu de choses. Ce n'est pas une raison!

Ce gars, c'est le genre de personne qui devait intimider et abuser des enfants plus faible que lui dans la cour d'école.

Je n'ai eu aucun parti-pris quand il m'a parlé à mots couvert de son "temps en dedans". Je n'ai voulu savoir ni pour quoi ni pour qui. Je lui donnais une vraie chance. Il est des gens qui ne savent pas les saisir. Qui vont systématiquement emprunter le chemin des problèmes.

Mais ce soir-là, je pensais à mon père. Je pensais au fait que ce gars pouvait mettre sa menace à exécution. Que cela risquait de dégénérer et que je ne faisais pas le poids. Il fallait user de mes forces. J'ai demandé conseil à une amie. Elle me connait bien, et elle l'a vu à plusieurs reprises. Elle connait aussi ce genre d'individus. Elle m'a dit "paie-le".

Non, je ne peux pas! Je ne peux pas plier devant ce genre de personnes. Pas devant ce genre de personne qui va intimider, maltraiter les plus faibles que lui sans hésitation. Ce gars là, pour moi, c'est le symbole de l'injustice du monde. Au Canada, on utilise le terme anglais de "bully". Le mot "intimidateur" ne le traduit que mal. Ce genre de personnes qui pousse des enfants vulnérables au suicide, qui rend infernal un chemin qui devrait être une période heureuse, et la plupart du temps dans l'indifférence générale.

Mon cerveau était en ébullition. Ma raison malmenée. Je risquais de me retrouver sans véhicule, à faire face à une agression, me retrouver à nouveau dans une situation délicate.

Oui, mais que faire? Abandonner tous mes principes sous la menace? Impossible!

Alors j'ai répondu non! J'ai argumenté avec lui, terminant chaque échange par la même sommation; viens me voir, face à face, et on va en parler.

Il a fini par abandonner.

Aujourd'hui, je suis fier de m'être tenu debout devant cette personne. Ça ne change pas le monde, je sais. Il va surement continuer d'essayer d'intimider. Aurais-je dû le démolir? J'aurais peut-être pu le renvoyer derrière les barreaux. Est-ce que cela aurait changé quelque chose pour le mieux chez lui? La prison rend rarement meilleur celui qui en sort.

Merci Vic pour cette vidéo qui illustre un autre moyen de résistance. L'important, c'est de résister!

http://www.youtube.com/watch?x-yt-ts=1421782837&v=PIH...

(Désolé, la plate-forme refuse l'intégration du lien... une fois de plus. Cela commence à me fatiguer!)

 

 

13/01/2015

C'était le Far-West!

Ma mère avait acheté un livre sur le "Far-West" à mon frère. Un vrai livre documentaire, avec plein de photos d'époque extraordinaires. Buffalo Bill... ouais, le vrai! Ah... merde, il a massacré les bisons pour décimer les indiens? Mon héros s'écroule à jamais!

Il s'est converti en clown de cirque, en branquignole de théatre de marionettes à la fin de sa vie. Bien fait pour lui!

Et puis j'ai vu ces photos de hors-la-loi morts, dans leurs cercueuils adossés à un mur.

Et cette photo, celle qui m'a le plus frappé! Celle de Billy the kid. Même pas 20 ans à sa mort, on dit qu'il a tué son premier homme à 17 ans. Il est resté anonyme presque toute sa vie. Mais quand la presse de son époque s'est emparé de son histoire, l'a déformé et transformée en légende, cela a attiré les vautours. Ça l'a tué! Une légende morte rapporte plus qu'une légende vivante! Les médias ont compris cela depuis longtemps!

La photo suivante est apparament la seule vraie photo de Billy the kid. Bien avant l'apparution de photoshop, on a manipulé cette image, tantôt lui mettant des gens à côté, tantôt transformé en mort, tantôt colorisé... manipulation médiatique!

Il Certains disent qu'il n'était pas gaucher non plus. Que l'image se gravait à l'envers sur les plaques et qu'on aurait oublié de la remettre à l'endroit. Qui saura jamais?

Vous me pardonnerez de ne pas mentionner l'auteur de la photo. Je ne l'ai pas trouvé. Il est mort depuis longtemps et ne peut plus prétendre aux droits d'auteur de toutes façons!

(Il tient un 30/30 Winchester à la main! :-) )

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Billy the kid n'était pas un héros, probablement pas un gars bien, pas un gars fréquentable. Mais son histoire à très peu à voir avec la légende qu'en ont fait les médias.

11/01/2015

Souvenir d'enfance.

Rachid, je me souviens de lui comme si c'était hier. On avait 6 ans. La première chose que j'ai vu de lui, ce sont les auréoles que la morve qui coulait de son nez faisait sur son visage lorsqu'il l'essuyait du revers de sa main. Cela m'avait un peu repoussé. Mais immédiatement ensuite, j'ai été irresistiblement attiré par son visage d'ange, ses grands yeux bruns et ses longs cils. Je voulais être son ami. Je l'ai suivi à la sortie de l'école. Cette école d'un petit village de la campagne française. J'ai marché à côté de lui. Nous avions un tronçon de chemin commun pour rentrer chez nous. Je ne parlais pas. Même si j'avais le vocabulaire, l'intelligence, je n'avais pas encore la capacité de communiquer autre chose que quelques mots, quelques phrases. Même si je comprenais tout ce qui se disait autour de moi.

Je marchais à ses côtés, le fixais sans le quitter un seul instant du regard. C'était ma façon de communiquer. Je lisais tout sur son visage, je faisais des liens avec toutes les bribes de ce que je connaissais de sa vie. Il était arrivé assez récemment en France, ne parlait pas le français je crois, ou si peu.

Il était ostracisé par les enseignants, par les élèves. Personne pour se pencher vers lui, l'aider à se laver le visage avant d'entrer en classe - Rachid n'avait pas l'eau chaude chez lui - lui donner un mouchoir et lui apprendre à s'en servir... je sais, ce n'est pas le rôle des enseignants!

Géné par mon silence, à moins que ce ne fut par le sien, par sa propre incapacité à communiquer, il m'a évité les jours suivants.

La suite de ma vie a été un tel boulversement que je ne l'ai jamais revu.

Je suis retourné dans ce village, il y a quelques temps. J'ai appris que Rachid avait été abbattu récement par la police à la suite du hold-up d'une banque. Je me suis dit "pauvre Rachid, il n'a jamais eu de chance!".

Puis j'ai réfléchi. Et j'ai rectifié. Non Rachid a juste été victime d'une suite ininterrompue d'injustices, d'ostracisme, de mise au ban, de condamnation avant même d'avoir pu justifier sa simple existence. Un enfant si jeune se doit-il de le faire? Stigmatisé par son lieu de résidence, logement insalubre comme la France en compte encore tellement aujourd'hui. Le gouvernement ferme les yeux!

Il y a une quantité innombrable d'enseignant qui vont bien au delà de leur tâche assignée. Rachid n'a pas eu la chance d'en rencontrer un quand tout était encore possible. Il a dû décrocher rapidement du système. Sa mort m'a profondément choqué parce que j'ai vu sa vie. Ce que je n'ai pas vu, je l'ai imaginée au travers de celle de tous mes amis plus ou moins dans sa situation... j'ai revu ma propre vie. On a été longtemps des survivants. Moi plus longtemps que lui.

22:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)

06/12/2014

Prosopagnosie

J'ai franchi d'une traite les 270 km qui me séparaient de l'aéroport de Lyon. Je suis dans un drôle d'état. Je vais chercher cette jeune fille qui vient de vivre la même expérience que moi quelques années plus tôt. Découvrir les Antilles avec les mêmes personnes qui me les ont fait découvrir!

À moitié Martiniquais, à moitié Polonais, né à Paris, ayant grandi en Charente-Maritime puis dans les Alpes, je n'ai découvert les Antilles qu'à la fin de ma première (11ème année d'études, pour ceux qui ne sont pas familliers avec le système français. Équivalent plus ou moins à un secondaire 5 au Québec).

Cela a ét une experience extraordinaire pour moi. Découvrir le pays de mon père, décédé quand j'avais 13 ans, recoller les bribes de souvenirs de ses histoires, de ses experiences, au travers du regard de ceux qui l'ont connu, dans son île natale, bien avant que je ne sois même un projet!

Trouver une certaine appartenance dans un "pays" où je n'ais jamais mis les pieds, mais où "tout le monde" me connait...

Je me souviens de ce moment particulièrement marquant...

La fin de mon voyage approche à grands pas. Un siècle d'histoire vient de se dérouler devant mes yeux en quelques semaines. J'ai presque vu mon père sur la crête de la coline surplombant la maison familiale, en croupe sur le cheval de son "frère", autant d'images impossibles à mettre en contexte. Et, perdu dans mes rêves, je laisse mes pensées vagabonder, je regarde ces centaines d'objets dont j'espère pouvoir tirer un souvenir à ramener à chacun de mes frères et soeurs!

Je sens cette présence, presque familière, du marchand observant le moindre indice révélant le potentiel voleur, ce métèque qu'il faut particulièrement surveiller parce que... parce qu'il a une gueule de métèque!

Il ne cache plus son jeu à présent. Il vient droit sur moi! Il est assez "blanc", ses lunettes posées bien haut sur son nez, il me scrute à présent sans vergogne.

Contre toute attente, il se place à quelques centimètres de mon visage et me demande:

"Ne seriez-vous pas un Moulanier par hasard?"

Les bras me tombent. Je m'attendais à tout sauf à cela. Quelqu'un prononçant mon nom de famille, puis enchaînant sur ma généalogie, me demande à quel degrés je suis parent avec tel autre Moulanier, qu'il connait très bien.

J'ai acheté dans ce magasin une machette (oui, l'attriat des armes dans la famille, vous savez...!!!), un masque en noix de coco (difficile de donner une machette à mon petit frère! Il pourrait vouloir me couper le cou!), et quelques autres artefacts plus ou moins captivants... essayant de respecter scrupuleusement un équilibre faisant en sorte qu'aucun ne se sente lésé. Autant dire mission impossible!

Je suis en avance à l'aéroport, bien sûr! La mission est de la plus haute importance! Cette jeune femme, comptant sur moi, seul lien entre ce monde inhospitalier et la sécurité d'un retour "chez soi", ne peut subir le moindre contre temps.

Je vois quelqu'un qui lui ressemble. Je ne suis pas sûr. Elle me regarde. Je la regarde longuement. Elle à l'air de se demander pourquoi je la fixe ainsi.

En réalité, je suis totalement perdu. Je ne suis sûr de rien. Je ne comprends pas... Je devrais la reconnaître pourtant. Sans le moindre doute!

C'est un de mes traits "irritants". Je dévisage parfois sans mesure, pour essayer de faire coller un nombre invraissemblable de pièces de puzzles impossible à assembler.

Et ces regards sont parfois mal interprêtés.

Je cherche en regardant ses vêtements, les traits de son visage, les stigmates de son corps... rien n'y fait.

Je suis incapable de reconnaître avec certitude ma propre petie soeur!

J'ai pourtant toujours vécu avec elle, hormis ce quelques semaines qui nous séparent à présent.

Je n'ai jamais pu reconnaître ma mère en dehors de la maison. Ce n'est qu'en additionnant les paramètres que je me faisais une idée de la probabilité que ce fut ma mère...

À la maison, pas de problème. à la sortie de l'école... Heuh... cela m'a pris des années à figurer qu'elle était vraiment de petite taille.

L'autisme vient souvent accompagné de plusieurs autres disfonctionnements. THADA, TED... La prosopagnosie en est un autre qui m'affecte. Cela m'a placé dans bien des situations embarrassantes.

Rendez-vous avec des amis, avec une fille rencontrée la veille...

Et ce jour là, bien des années plus tard, à l'aéroport de Montréal, j'attends une amie. Elle est atteinte du même mal, mais m'avoue qu'elle n'a jamais eu de mal à me reconnaître parce que j'ai un physique "spécial". Elle non plus pourtant ne reconnaissait pas sa propre mère à la sortie de l'école!

Moi, je m'aperçois que j'utilise des techniques développées avec le temps... Je souris à tout le monde en analysant les réactions. Quand elle s'approche de moi, je n'ai aucune idée de qui elle est. Mon regard, balayant les alentours et se fixant de temps à autre sur elle. Pas trop longtemps pour ne pas risquer de l'indisposer. Je finis par arrêter mon regard lorsqu'elle n'est plus qu'à un mètre ou deux de moi. Elle me sourit et me dit "salut". Je suis interloqué. Je ne reconnais rien d'elle au premier regard. Dans le bus qui nous amène au centre-ville, je me penche vers elle, offrant mon côté en appui pour son corps. Elle vient de traverser des épreuves difficiles, et quand elle s'endort, sa tête sur mon épaule, je me remplis d'une immense fierté. Je suis un rocher sur lequel elle peut s'appuyer sans crainte et tout oublier!

Il me faudra plusieurs jours pour me convaincre que c'est bien elle, que les morceaux de souvenirs se recollent, sans plus aucun doute.

Innombrables sont les moments où je me suis retrouvé perdu, embarrassé par ce mal singulier. Ramassant les remarques acerbes parce que je fixe trop parfois, cherchant les repères qui me permettraient de...

Même mon propre fils, il m'arrive de ne pas le reconnaître... De nouveaux vêtements, une nouvelle coupe... et ce sont des milliers de paramètres que je dois reformater!

Parfois aussi, je reconnais des gens que je n'ai jamais rencontré dans la réalité; des célebrités, des amis de la toile... comment pourrais-je oublier cette rencontre, ce premier regard où tout colle et où une longue étreinte dit "oui, c'est comme dans le film qu'on s'est fait"!

Oui, ce mal à un nom; Prosopagnosie

(et pourquoi pas un peu d'info sur le sujet... http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-la-prosopagnosie-ou-l-incapacite-a-reconnaitre-les-visages-10970.asp?1=1  )

 

01/12/2014

L'ordre naturel des choses...

Le méchant loup qui mange la mère-grand, celui qui mange la chèvre de monsieur Seguin, celui de Pierre, le demi-loup Croc-Blanc, bon parce que juste moitié loup, mais moitié "civilisé"...

Et moi tiraillé entre la sauvagerie de la nature et celle de l'homme. Laquelle est la pire? Laquelle est la plus supportable?

Et moi, moitié sauvage, moitié "civilisé"...

Et ce besoin d'aller toujours jusqu'au bout! Au bout des clichés, au bout des raisonnements.

Alors, aussi incroyable que cela puisse paraître pour ceux qui me connaissent dans la vraie vie, je suis allé me chercher un permis de possession d'armes à feu, pour aller chasser...

Pas eu besoin d'aller bien loin. J'ai tout fait par internet. C'est assez impressionnant.

Impressionant aussi de se retrouver avec un 30/30 Winchester entre les mains. Ouais, le fusil de mes rêves de gamin, quand je traversais les montagnes Rocheuses à la poursuite de Croc-Blanc, sous les lignes de Jack London. Ce calibre mythique, capable d'arrêter la charge d'un orignal (mais il ne faut pas se rater et tirer à moins de 50 mètres!).

En arrivant en Alberta, je me suis dit que je me devais d'aller chasser, car je n'étais pas prêt à devenir végétarien et que l'industrie de la production de viande est plutôt pourrie, d'un bout à l'autre de la planète.

Ici, la chasse est un moyen de préserver l'équilibre naturel. On peut bien sûr argumenter que la nature peut très bien s'en charger. Mais à quel prix? Une prolifértion de prédateurs déciment le gibier, entraînant une famine décimant ces mêmes prédateurs, permettant un redressement de la population du gibier... Le tout s'étalant sur quelques décénies...

La chasse est très réglementée et structurée pour maintenir un équilibre année après années au Canada. Et particulièrement en Alberta. Le gibier y est considéré comme une ressource naturelle et le maintient des populations animales est une science surveillant les paramètres naturels sur une base permanente. Et au moins, on se procure une viande saine, sans antibiotiques et sans hormones!

Un animal sauvage au moins a une vie décente et ne voit pas venir sa mort qand elle est donnée à distance par une arme à feu. C'est une mort bien plus décente et rapide que celle donnée par les prédateurs locaux; loups et coyottes principalement. Les coyottes particulièrement! Ils sont capables d'attaquer sans crainte presque n'importe quel animal. Au printemps, dans les boisés de la "River Valley", au coeur d'Edmonton, ils ont tué des chiens que leurs maîtres promenaient en laisse. Les chiens et les chats qui disparaissent sous leurs crocs sont innombrables!

Mais ils s'attaquent mêmes aux orignaux et au bétail domestique.

Alors quand un ami m'a proposé de m'emmener chasser le cerf, je n'ai pas hésité. Et bien que me questionnant en permanence sur ce qui se passerait quand je serai en position de tir, le gibier dans ma mire, le doigt sur la gachette... l'esprit divisé entre toutes les "bonnes" raisons de tirer et cette repulsion à donner la mort à un animal... qui peut prétendre connaître infailliblement ses réactions dans cette situation?

Mon 30/30 Winchester calé sur mon épaule, la joue collée sur la crosse, l'oeil alignant la mire, je me torture l'esprit à imaginer ce qui suivra... la fierté de mes partenaires de chasse, la tâche ardue de ramener la prise du mileiu des bois, le dépeçage et la préparation de la bête... le coeur complètement oppressé par cette inconnue couleur sang!

05/11/2014

Smooth Operator...(2)

Alors, comment on fait, hein, quand on a dit qu'on peut piloter une pelle mécanique et qu'il faut passer des mots aux actes?

Et bien on organise un chantier où l'utilisation d'une petite pelle mécanique sera nécessaire.

Trois jours m'ont suffit pour faire cela. Le jour "J", la pelle mécanique m'est livrée sur le chantier. Deux minutes d'observation de la bête pour essayer de comprendre comment tout cela fonctionne tout en donnant l'air que je fais une inspection de routine.

J'ai passé des heures à observer les conducteurs de pelle dans ma vie. Tout gamin, c'était la fascination de la puissance de ces machines qui vous creusent des fondations, vous déplacent des montagnes en un clin d'oeil, démolissent des bâtiments...

Cette fascination est restée, doublée d'un désir d'évaluer tout le travail mécanique, les puissances nécessaires aux différents points de force, la puissance du moteur nécessaire pour fournir ces efforts colossaux, la résistance des axes des sections du bras de la pelle... Je crois que c'est cette dernière qui retient le plus mon attention. Le cerveau de l'autiste en pleine action!

IMG_0761.JPG

Ma connaissance mécanique ajoutée à tout cela... et je m'installe sur le siège d'opérateur, mets en marche le diésel de la bête, et commence par de toutes petites commandes, à actionner les leviers en faisant style que je sais ce que je fais. En réalité, je n'ai aucune idée de ce qu'actionnent tous ces leviers. Réellement aucune idée! Alors je procède par minuscules mouvements, pour voir quel verin est actionné par chaque mouvement de chaque levier.

Mon employeur, venu sur  les lieux pour l'occasion, m'observe attentivement. Cela me prend vingt secondes pour actionner tous les leviers dans tous les axes. Comme les mouvements sont imperceptibles, personne ne se rend compte de ce que je fais.

Alors que je commence à déplacer la machine pour la faire descendre de sa plate-forme de transport, mon employeur me fait signe de relever la lame niveleuse que je n'avais pas vu. J'actionne sans hésiter le seul levier que je n'avais pas testé (car pas vu, petit, sur le côté droit... on ne le voit pas sur la photo!). Puis je mets les gaz et descend d'une traite la machine au sol. La machine est sur chenilles. C'est bien sûr la première fois de ma vie que je pilote une machine à chenilles également. Là aussi, je connais le principe, appris dans "Jo, Zette et Joko". ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Aventures_de_Jo,_Zette_... ).

Vous ne pouvez même pas imaginer comment je suis explosé de rire en réalisant cela. Souvenir d'enfant... Cet album mité, trouvé je ne sais où, et Jo qui se retrouve aux commandes de cet espèce d'amphibie à chenilles, et qui dit "Ces leviers, cela doit commander les chenilles... celui de gauche pour la chenille gauche, celui de droit pour la chenille droite!"

J'ai longtemps observé également les opérateurs des "chenilletes" qui déneigent les trottoirs l'hiver, à Montréal.

Sur un engin à chenilles, pas de volant donc. Pour tourner à gauche, on ralentit la chenille gauche, pour tourner à droite, on ralentit la chenille droite! Enfantin

On peut même tourner sur place en mettant une chenille en marche avant et l'autre en marche arrière. Bref, c'est un concept parfaitement intégré dans mon petit cerveau d'autiste depuis fort longtemps. Et le passage du concept théorique dans ma tête à la réalité sur le terrain se fait instantanément et sans heurt.

Ensuite, et bien je me suis dit (j'y avais déjà pensé depuis longtemps!) que ce bras de pelle serait le prolongement de mon bras, que je commanderai méacaniquement, comme une prothèse. Ça a bien fonctionné. Après quelques heures, cette pelle mécanique était devenue une espèce de morceau de moi-même.

Je peux changer de prothèse et passer à la taille supérieure maintenant. J'ai une excellente perception de l'espace et des distances. Ça va se faire tout seul!

J'ai des supers vidéos. À éditer ultérieurement...

26/10/2014

Je hais Walt Disney

Pas d'une haine aveugle, injustifiée, mais simplement à cause de l'analyse de ce monde qu'il a créé pour (détruire) les enfants!

Tout petit, j'ai lu dans un "Journal de Mickey" comment Walt Disney avait commencé à dessiner des souris (en fait, des mulots...) parce que "le pauvre", vivait dans une maison où les mulots tentaient de trouver refuge l'hiver approchant.

Je trouvais cela "sympa".

Puis j'ai vu "Bambi", "La belle au bois dormant"... traumatisé , le gamin!

Transposition du plus sordide du monde des adultes dans un univers propre à refléter la vision adulte d'un monde d'enfants, remplis de mystères, d'inconnu, de terreurs...

Des terreurs, j'ai dû en affronter de nombreuses.

Le "papa" de Bambi, tué par les chasseurs... mon popre père, tué  par des "chasseurs".

Quelle perversité peut-elle être à l'origine de scénaris faisant avaler à des enfants des modèles les plus ignobles du monde des adultes? Et avec quels résultats?

Lequel de ces mondes, de ces personnages, va-t-il influencer une âme au point de la forcer vers la plus ignoble des perversité? Quellle âme va-t-elle trouver plus profitable de s'identifier à la sorcière plutôt qu'au prince charmant, au point de faire siennes les pires des vilainies?

Je me souviens comme si c'était hier du visionnement du film "Bambi", au cinéma. Nuits sans sommeil... comment des gens (les chasseurs) peuvent-ils être méchants au point d'enlever au petit faon son papa?

Dans la vraie vie, le cerf saute la biche et se fout totalement du faon. Le faon n'a pour seule référence que sa mère, jusqu'au jour où il fout le camp pour prendre son indépendance. Il se fout alors totalement de sa mère!

Et un petit garçon qui perd son père ne sera en rien préparé à ce drame parce qu'il a vu "Bambi".

Bref, pour moi, un film pour enfants, c'est un film qui se doit de montrer les belles choses du monde qui nous entoure.

Un documentaire pour enfant peut montrer certains aspects des difficultés de naviguer dans la société qui nous entoure, des dangers, des risques... quand l'enfant atteint un certain âge.

Les films de Walt Disney ne m'ont pas traumatisé à long terme. Ils m'ont nuit, sans pour autant laisser de traces permanentes.

Je n'ai pas emmené mon fils à Disneyland, alors que nous sommes passé à quelques kilomèrtres de là. Par principe. Je n'ai pas fait voir à mon fils "La belle au bois dormant", ou "Bambi", par principe, par volonté morale. J'ai préféré lui montrer la vraie vie, en le faisant naviguer, voyager...

Pour ceux qui n'ont pas vu les images (dsl, impossible d'incruster... Google ou la plate-forme H&F m'interdit... bug ou volonté commerciale?)

http://www.youtube.com/watch?v=26AEBJf3ny0

Pourquoi cette diatribe sur Disney?

Et bien en fait, hier, après m'être convaincu de la présence de mulots dans l'isolant des murs du rez-de chaussée de la maison où j'habite en observant les trois maître des lieux, deux gros matous et une minette minette (mais depuis, j'ai vu une minette encore plus minette... tellement minette qu'il faudrait que je l'écrive, Ella me parait bien moins minette!).

Bref, je suis un chat, je vois la nuit mieux que la majorité des humains, je me déplace silencieusement et ne manifeste ma présence que sporadiquement et très délicatement. Et... je parle chat!

Je peux vous dire où sont les souris, à quel degré elles sont accessibles...

C'est Ella qui a ouvert le bal, en se couchant devant le lave-vaisselle. Puis elle s'est couché devant un placard (je savais à ce moment qu'il y avait plusieurs mulots!). Je lui ai ouvert la porte. Elle s'y est engouffrée, mais bloquée par les boîtes, elle ne pouvait rien faire. Quand j'ai déplacé une de ces boîtes, elle a pris peur. Ninja est venu prendre la relève. Le gros matou sait ouvrir la porte du placard d'une patte puissante et très habile. Après avoir fouiné pendant quelques minutes, il commençait à déséspérer. Je suis alors venu à son aide. Quand j'ai déplacé la première boîte, il a bondit de l'autre côté du placard. Il restait peu d'options à la malheureuse souris. Je "savais" qu'elle était dans le recoins droit, derrière une boîte que je me suis empressé d'enlever. Ninja n'a fait qu'un bond. Je n'ai même pas eu le temps de voir qu'il filait et courrait à l'autre bout de la pièce. Je l'ai vu farfouiller dans sa gamelle, puis revenir vers moi triomphant, la souris entre les dents, me demandant de lui ouvrir la porte de sortie. Je l'ai vu ensuite s'amuser avec la petite souris sur la pelouse... Même pas mal! C'était une p*tain de souris qui pourrissait l'isolation de mon rempart contre le froid l'hiver. Et f*ck les mickey mouse de la terre. Qu'ils crèvent sous les crocs des chats, parce que c'est comme ça la vie!

Ce soir, Ninja est venu me voir pour m'inviter à une nouvelle partie de chasse, parce que franchement, la veille, j'avais vraiment assuré.

J'ai refusé. Les copains, c'est sympa, mais faut pas exagérer quand même!

21/10/2014

Smooth Operator...(ou les miracles de la langue!)

Parler...bien parler... savoir écrire...

J'ai un gros soucis avec la relecture de mes écrits. Je suis autiste, et j'ai un déficit aigü de l'attention. Parfois, je relis mes textes et il manque des phrases que je "vois" parce que je les ai trop pensé. Mes textes sont toujours écrits dans ma tête bien avant de rejoindre le papier ou le clavier de mon ordinateur.

J'aime écrire, j'aime jouer avec les langues... ma langue maternelle, le français, mais aussi l'anglais, qui est evenu ma première langue, ou l'espagnol, ma troisième... et maintenant le tagalog, un peu!

Quand un entrepreneur m'a demandé "Can You drive a backhoe?", j'ai répondu sans hésiter "sure!".

(Pouvez-vous conduire une pelle mécanique?"... "Bien sûr!")

Ce n'était pas un mensonge. J'ai mon permis de conduire une voiture, moto... j'ai condui des camions de 10 tonnes (limite légal... ou complètement illégal. Je n'ai jamais voulu me poser la question!). J'ai piloté des péniches de 30 mètres, des remorqueurs de haute mer, des voiliers et des yachts à moteur, des avions (je viens de ramener mon log book... j'espère reprendre sous très peu) et j'ai aussi piloté une pelle mécanique dans un jardin d'enfant génial! Je pense à en construire une similaire et mettre les plans en open source sur instructable.com

Alors, conduire une pelle mécanique, bien sûr que je peux! Bon, j'imagine que quand on m'a posé la question, (après (courte) reflexion, je me suis dit que j'avais triché un peu...) on devait totalement se foutre de savoir si j'ai piloté une pelle mécanique dans un jardin d'enfant! Je ne m'attendais pas à ce que l'on me dise "Ok, so on wednesday, I pick you up and I have a couple days of work for you". (Ok, alors mercredi, je passe te prendre. J'ai quelques jours de travail pour toi!). Bon, le gars sait que je n'ai pas ma license. Il s'en fout. Ici, on a besoin de gars capables de faire "la job". Point barre. On ne pose pas trop d'autres questions. Et si on se fait "pogner" (prendre) on paie l'amende et on s'en fout. Ça coûte moins cher qu'un retard de chantier!

Alors, comment vais-je faire pour apprendre à conduire une pelle mécanique en deux jours?

Ben j'ai quelques idées... Je vous en reparle bientôt! :-)

Pour référence, la première fois que j'ai skippé un voilier, je partais de Bretagne pour l'Amérique du sud et n'avais jamais navigué de ma vie! Une autre longue histoire, prolongement de tant de choses...

Une pelle mécanique, ce n'est pas si cvompliqué!

Smooth operator... C'est avec cette appellation attrayante qu'une société essaie de recruter des opérateurs de pelles mécaniques ici, en Alberta!

 Diamond life...

Smooth operator... Sade... such a long time ago!

http://youtu.be/kQIVCdhrvts

08/10/2014

Bonne poire pour des prunes et un coeur de caillou dur!

Il est des choses que l'on ne peut écrire sans désinhibiteur. Social, familial, mental, chimique...

J'écoute une mélodie qui est témoin d'une de mes petites réussites. Une longue histoire! Elle me rend fier. Elle me fait mal aussi à cause de mes incertitudes. Et pourtant je suis sûr!

Je suis rentré les valises remplies. Remplies de trésors...

Ma mère m'avait dit: "j'ai gardé toutes tes lettres dans une boîte. Tu les récupéreras quand je partitrai".

Les histoires de famille. Une fratrie disfonctionelle... selon les critères sociaux occidentaux. Oui, nous sommes occidentaux.Ok, nous sommes disfonctionnels aussi. Chacun à sa façon... Qui ne l'est pas?

Alors, j'ai ouvert quelques unes de ces lettres, écrites lors de mes voyages, à une époque où les nouvelles arrivaient par bateau, trois mois après avoir été écrites... Parfois, il me fallait me priver de manger plusieurs jours pour pouvoir payer l'envoi d'une lettre. Plus récement, je me suis privé plusieurs jours de manger pour pouvoir lui téléphoner. Pourquoi? C'est compliqué! Peut-être un jour serais-je assez imbibé pour le raconter, avec une certaine perspective, peut-être chambranlante, peut-être extra-lucide.

Je regarde ma vie au travers de ces écrits. Complètement invraisemblable. Mieux vaudrait peut-être ne jamais en parler. Ne jamais l'écrire. J'ai revu lors de mon court séjour en France quelques amis de longue date, témoins de certains de ces épisode, témoins que tout cela n'est pas que pure fantasmagorie. J'ai honte... non, pas honte, j'ai du mal à comprendre, tout simplement. Mal à me comprendre. Comment blâmer ceux qui, de l'exterieur, ont du mal à suivre.

Pourtant, j'ai une compréhension acrue de bien des choses, à cause de mon cerveau cabossé, de ma sensibilité à fleur de peau, de ma force et de ma volonté démesurés.

Et les envies, les désirs... La brutalité sauvage d'une nuit dans la rue. La force indomptable de l'incoruptibilité. La terreur suscité par l'impossibilité de mesurer.

Et j'ouvre, j'avoue...

Ce texte est une des plus invraisemblables, un des plus puissants que j'ai jamais écouté. Le décalage entre deux mondes. L'incompréhension et l'indifférence...

 

 

J'aime les histoires de création. La génèse de cette chanson racontée par son auteur, de toute sa hauteur... une inconguité!

J'aime l'incursion de l'haï dans la passion.

Trucs de sdf. Sdf de luxe voyageant au gré du vent... si vous saviez!

Je voudrais vous raconter. Il faudrait que nous soyions face à face, avec un verre de vin, un punch, un Cognac, sans crainte de lendemain tourmenté.

Je vous emmènerai dans un monde plein d'une invraisemblable diversité qui réjouirai chacun de vos sens.

Et j'aime la version originale... pas autant. Enfin, pas pareil. La passion de la création sublimant toutes les réticenses malgré tout, malgré tous...

 

 

Ramené dans ma valise, quelques décilitres de "poire", ramassés dans les placards de ma mère. De l'alcool de poire "maison"... poires massérées puis amenées au bouilleur de crus.

Aussi un peu de prune, et du rhum, bien sûr!

Depuis quelques jours, je ne survis que dans l'alcool qui me permet de surmonter des fins de journée trop dures, des nuits trop longues, trop vides, des réveils avec trop de questionements.

 

 

25/09/2014

Les fantômes

Assis sur le bord du canal Lachine, j'essaie de mettre en perspective l'avalanche d'évènements de ces derniers jours.

À chaque appel que je faisais à ma mère (je l'appelle maintenant tous les deux jours), son état se dégrade. Elle souffre et parfois, la médication ne suffit plus. Son état ne laisse plus aucun espoir. Je viens de perdre mon emploi, et c'est en fait pour moi une possibilité de faire un saut en France. Ça va être serré au niveau budget, mais c'est le moment où jamais.

En quelques semaines, la vie m'a quelque peu secoué!

- Mon ordinateur m'a laché. Il n'est pas totalement mort, je vais lui donner une quatrième vie. À 7 ans, c'est quand même un exploit, pour un laptop bas de gamme! Mais cela va me prendre du temps, que je n'ai pas pour le moment. Quand j'ai magasiné pour en acheter un nouveau, il a fallu que je pédale pour trouver quelque chose d'équivalent à prix raisonnable. Après plusieurs essais, j'ai trouvé ce qu'il me faut, à la veille de mon départ.

- J'ai perdu mon emploi. Finalement, je pense que c'est bien. J'ai pu me loger juste avant, et je peux voir venir pour un mois ou deux.

- J'ai pu régler une demi-tonne de démarches administratives et fiscales qui me permettent de retrouver une vie presque normale. J'ai pu transférer officiellement ma résidence en Alberta, et donc j'ai à nouveau une couverture médicale complète, accès aux services, retrouvé une certaine existence, une certaine identité... Bon, il reste une demi-tonne de choses à régler, mais j'en ai fait la moitié, non?

Dans l'avion, alors que nous approchons de Toronto, je m'aperçois que j'ai oublié l'alimentation secteur de mon ordinateur. Je ne pourrai pas m'en servir ou presque, de tout mon voyage.

En atterrissant à Toronto, j'apprends que ma mère est décédée quelques minutes plus tôt.

Je rentre au Canada après avoir passé un peu de temps avec ma famille et mes amis les plus proches.

Je n'ai pas beaucoup dormi durant ce voyage. Je fais une halte de quelques jours à Montréal sur le trajet de retour. Je retourne dans la rue. Besoin de faire le vide après ces lourdes journées mélangées entre le plaisir de voir ces gens que j'aime et mon incapacité à rester entouré de monde. À Montréal, J'ai le curieux sentiment d'être un fantôme revisitant son passé... C'était hier, c'est si loin! Je passe une délicieuse soirée avec mon fils, partage de précieux moments avec mes amis les plus proches également.

Puis un avion, et un autre... et me voilà de retour "chez moi".

24/07/2014

Contrastes...

Assis au bureau de ma chambre, je regarde dans le rétroviseur de ma vie...

Ces nuits dehors, il n'y a pas si longtemps, par moins vingt-deux degrés... visiter les peurs les plus violentes... l'itinérance, la brutalité de la rue...

Et je suis aujourd'hui dans un paradoxe amusant; pour quelques nuits dans une chambre d'hotel de luxe je n'ai toujours pas de logement, mais un travail bien payé. Je suis en déplacement pour mon travail et je découvre l'Alberta un peu plus en profondeur...

Je commence à avoir la bougeotte, des fourmis dans les orteils. Envie de me frotter d'un peu plus près à la nature sauvage de l'Ouest canadien, aux activités maintenant à ma portée...

05/07/2014

Les rytmes de la vie...

Il y a bientôt deux ans, je perdais mon lecteur MP3... une de mes bouées dans mon quotidien. Une amie lectrice ici a réagi immédiatement en m'envoyant de l'argent pour que je puisse m'en racheter un. L'interupption de la musique dans mon quotidien est restée relativement courte, même si il me fut difficile de passer au travers de ce désert musical, plus que l'on peut se l'imaginer!

Ce fut comme manquer d'oxygène...

Aujourd'hui, je commence à parvenir une étape après l'autre à rétablir l'équilibre. Tout reste compliqué. L'impossibilité de me préparer à manger autre chose que des "snacks" alors que mon travail est très exigeant physiquement me fait perdre un peu la boule par moment.

La difficulté de recharger mon électronique est un autre défi quotidien, d'autant que je reçois une petite allocation mensuelle pour l'utilisation de mon portable, avec capacité de prendre et d'envoyer des photos, précise mon contrat. La caméra de mon téléphone est défectueuse. J'ai jusqu'ici réussi à m'organiser avec mon appareil photo, mais dans les prochains jours, je vais devoir communiquer des photos de chantiers à longueur de journée à mon boss. Il faut que je remplace mon téléphone portable rapidement! Je dois en trouver un débloqué, à un prix raisonnable car je ne peux pas acceréder à quelque téléphone financé que ce soit...

Mais bon, ce sont des défis gérables. Il me reste encore un casse-tête administratif pour pouvoir conserver mon travail. La pression s'accentue de tous côtés, un jonglage intense et périlleux est nécessaire pour ne pas voir mon chateau de carte s'écrouler. Tenir, encore un peu... encore... encore...

Aujourd'hui, dans mes oreilles;

Le rytme puissant et soutenu me fait du bien au cerveau, m'aide à me structurer.

Je danse!

 

29/06/2014

ne pas...

Ne pas regarder les obstacles, mais les issues...

Ne pas regarder les défis mais les victoires...

Ne pas regarder la montagne, mais le chemin qui mène au sommet...

Ne pas trop regarder le passé, mais focaliser sur le positif du présent, les possibilités du futur...

Pendant ce temps, le monde regarde le football!

20:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

18/06/2014

La vie est une farceuse...

Depuis des semaines, j'accumulais les outils pour tenter une nouvelle "sortie" de ma condition de sdf. Edmonton est une ville très dure pour les sans-abris.

Un printemps qui n'arrive pas, des nuits froides, des experiences dures, rudes comme la nature sauvage qui entoure cette région.

Les lilas viennent à peine de fleurir. Je m'en suis mis plein le nez!

Et puis un jour, je me bricole un CV en anglais rapidement. Je dois édulcorer, mettre droit, justifier ces trous sans les expliquer. Je suis incapable de mentir!

Je le fait réviser. On me dit que tout est à refaire...

Tant pis, j'en envois quatre tel quels, un samedi. Deux emplois non qualifiés, deux emplois qualifiés. Aucune réponse pour les emplois non qualifiés. Edmonton est une ville où la main d'oeuvre est rare, je l'expérimente. Un empoyeur sait qu'il n'a aucune chance de me garder dans ce contexte, même à 25$ de l'heure...

Réponse immédiate des employeurs pour les deux postes qualifiés. Quand on est employeur et qu'on a un bon prospect un samedi, il ne faut pas attendre le lundi. Échanges de mails, entrevues téléphoniques le week-end, booking d'entrevues face à face. Les deux entreprises veulent m'avoir.

Je me paie le luxe de choisir mon emploi. Et du jour au lendemain, toujours sdf, me voilà (presque) salarié. Petit bémol, à cause du calendrier de paie (bi-mensuelle, avec deux semaines de décalage) il me faudra attendre presque un mois avant d'avoir ma première paie, qui ne couvrira que les quelques jours de travail du mois de Mai.

Mais bon, en quelques jours, je touche ce que d'autres ici touchent en un mois. Comment me plaindre. J'entre de plein pied dans la tranche supérieure des salaires. l'horizon se débouche instantanément!

Après une journée passée avec mon patron à découvrir ce que vont être mes responsabilités, je lui explique que je suis autiste de haut niveau.

Il répond par deux questions;

- Comment cela affecte-t-il ma vie quotidienne?

- Que peut-il faire pour m'aider dans l'aménagement de mes conditions de travail pour faciliter mes (dis)fonctionnements.

J'ai choisi le bon emploi!

Le travail est physique autant qu'intellectuel. La première semaine se passe sans trop de difficulté, malgré ma sous-alimentation. Les deux semaines suivantes seront plus dures. Fatigue intense, je transporte avec un aide à bout de bras, dans des conditions acrobatiques des charges de plus de 100 kilos de façon répétitive, presque tous les jours. Malgré la sous-alimentation, ma musculature se sculpte instantanément. Je ne comprends pas, parce que le nombre de calories que j'absorbe quotidiennement est très inférieur à la dépense. J'ai perdu du poids, mais pris de la masse musculaire de façon impressionante. L'amie avec qui j'ai traversé le Canada pour me rendre ici revient à Edmonton à ma troisième semaine de travail. Elle me paie le resto, m'avance un peu d'argent pour tenir jusqu'à ma paie. Tout devient tout à coup plus facile.

Parmis mes"hobbies", je fais des massages. C'est une passion développée de façon autodidacte, que je ne pratique que sur quelques personnes très proches. Mon fils y a goûté depuis la naissance! Mon amie apprécie habituellement la force de mes mains. Mes massages lui ont fait beaucoup de bien. Depuis que nous avons repris contact à la fin de l'été dernier, je lui fait un massage à chaque fois que l'occasion se présente. Elle a retrouvé une posture adéquate, des mouvements déliés et les douleurs chroniques qui l'handicapaient depuis que je la connais ont totalement disparues. Elle a retrouvé une vie beaucoup plus équilibrée. Quand je pose mes mains sur ses épaules, elle est sidérée de la force brute, démesurée qui la manipule. Je parviens sans effort à faire bouger des parties entières de son corps, juste avec la force de mes doigts. Auparavant, il m'aurait fallu la force des bras. J'ai la sensation de pouvoir la casser en deux. Je redouble de vigilance.

Voilà... j'ai touché ma première paie, me suis précipité dans un restaurant m'offrir un steak, du riz et des légumes...

Puis je suis allé faire les soldes pour m'acheter du linge. Il faudrait que je fasse quelques photos, je suis bien fier de mes achats!

Pas encore assez d'argent pour me loger, mais dans quelques semaines, je devrais m'en sortir!

Une autre fois...

L'essentiel, me nourrir adéquatement, est maintenant garanti!

03:49 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)

24/05/2014

Le panier de crabes

Quand je parle de mon goût pour le poisson et les fruits de mer, cela inclut bien évidement les crabes! Ici, est passée la saison du crabe des neiges (ou crabe de l'Alaska), une sorte d'araignée de mer, pour les français, bon marché ici au moment de la saison de pêche. Et puis il y a le homard. La saison va commencer. Ou a commencé d'ailleurs peut-être. On commence à en voir dans les viviers des magasins et des restaurants, même si ils doivent traverser le Canada (plus de 5000km, puisqu'ils sont pêchés dans l'Est du pays, de l'Est du Québec au New-Brunswick, à la Nouvelle Écosse et les Îles de la Madeleine). J'ai hâte de voir à quels prix ils seront vendus ici, et si je pourrai m'en faire cuire au moins une fois dans cette courte saison.

Ceci dit, c'est du terme utilisé par certains pour désigner le cancer dont je voulais parler aujourd'hui.

Je déteste cet usage. Je déteste cette façon qu'on les humains de masquer un mal par des artifices, de refuser d'affronter les difficultés dans leur nature crue, dans leur réalité, même brutale. Cela contribue je crois à réduire les possibilités de passer au travers au mieux.

Il est des gens avec le cancer dont l'entourage cherche à minimiser le risque de fatalité. Peut-être pour tenter de conjurer le sort, peut-être pour tenter de remonter le moral de la personne. Les psychologues sont unanimes sur le sujet. Cela n'aide pas la personne concernée (qu'elle soit atteinte d'une maladie, victime d'un drame ou passant au travers de difficultés).

J'ai passé à une époque de ma vie huit mois condamné à mort par les médecins. J'ai eu toutes sortes de réactions dans mon entourage; les "amis" qui disparaissent. Ceux-là, je les ai rayé de ma vie. Je n'ai gardé dans mon coeur que les belles choses qui en sont sorti. Dont une de mes plus proches amies, qui va probablement lire ce post à un moment où à un autre, et qui a été à cette époque d'un incroyable soutient. Alors, quand tu liras ceci, je t'embrasse au passage!

Dire à une personne qui vient de divorcer "mais non, regarde, je suis passé par là... tu verras, tu vas l'oublier et tu seras heureuse avec quelqu'un d'autre" ne vas pas l'aider! Dire "tu sais, même si je suis passé par là, je ne peux même pas imaginer ce que tu vis en ce moment. Mais tout ce que je sais, c'est que c'est le pire drame de ta vie actuellement. Qu'est-ce que je peux faire pour toi, pour t'aider?" sera beaucoup plus approprié. La personne déclinera probablement l'offre d'aide. Et les vrais amis chercheront la petite chose qui fera plaisir, qui fera vraiment du bien. Ne serait-ce qu'un petit mot disant l'appréciation que l'on a de cette personne...

Dire à une personne atteinte d'un cancer "Ah, ce maudit crabe... mais tu sais, pleins de gens s'en sortent. Il faut se battre, il faut y croire..." n'aura pas d'effet positif. Oh, peut-être cela nous soulagera-t-il.Peut-être que cela soulagera notre conscience également. Mais le malade, lui en sortira affecté D'ailleurs, on voit peu de cancéreux remplacer systématiquement le mot cancer par celui de crabe.

J'ai probablement une vision déformée de la chose, mais j'ai tendance à visualiser le pire dans ces situations. Que ce soit une situation qui m'affecte directement ou qu'elle affecte un proche. Quand je pars en mer, je visualise le fait que je ne reviendrai jamais au port. Cela me permet d'affronter les pires dangers avec sérénité. N'ais-je pas accepté en larguant les amarres la possibilité de ne jamais revenir. Alors que peut-il m'arriver d'autre, de pire...

Je suis toujours revenu au port! Jusqu'à présent...

Mais c'est vrai que quand l'on vient au monde, on n'a pas signé. Nos parents l'on fait pour nous... de facto. Et on est contraint par l'engagement qu'ils ont pris pour nous, pour le meilleur ET pour le pire!

J'ai perdu beaucoup de proches aux mains de maladies, de circonstances dramatiques. À chaque fois, j'étais convaincu que tout finirai bien. Alors, après avoir trop souffert, j'ai pris l'option d'accepter le pire dénouement. Et parfois, j'ai la chance que tout se finisse bien. Enfin, disons plutôt que parfois, je partage avec un proche un heureux dénouement.

Mais ce que je garde dans mon coeur, quel que soit le dénouement final, ce sont les nombreux "merci d'avoir été là...", les nombreux "merci, ça m'a fait du bien...", ou parfois juste les silence, et des larmes.

Je pense à toi Pierre. À ta bien-aimée qui m'a dit de tenir bon parce que je lui permettait de tenir elle aussi. Je revois ce dernier souffle de vie s'échappant de tes lèvre comme si c'était hier... Il y a si longtemps!

Où en étais-je... que de digressions aujourd'hui... Ah oui, le panier de crabes... les malades atteints du cancer...ceux qui ne s'en sortiront pas mais que l'on peut soulager par des mots appropriés...

Ma mère à un cancer.

 

21/04/2014

La démesure...

Ce qui frappe en arrivant à Edmonton, c'est la démesure. Le "West Edmonton Mall" a été jusqu'en 2004 le plus grand centre commercial interieur au monde. Avec un parc d'attraction (incluant des montagnes russes géantes et la plus haute tour de chute libre intérieure au monde!), une grande patinoire, un bassin avec spectacles de lions de mer, une gigantesque piscine à vagues avec des tobogans multiples, des parcours de tyroliennes... plus de 32 millions de visiteurs annuellement, 24 000 employés dans plus de 800 commerces et centres de services. J'ai suggéré à une amie une armurerie avec un stand de tir à balles réelles et l'y ai accompagné. Elle m'avait parlé il y a quelques temps de son désir d'apprendre à manier un pistolet et à tirer. Elle s'est bien débrouillée pour une première fois. Elle a mis quelques balles très près du centre de la cible. Et sur 50 balles, seules trois n'ont pas atteint la cible. Je dois ici vous avouer un certain goût pour les armes à feu. Juste l'aspect maîtrise de soi lors de tirs sur cible. Si, juste ça... bon et aussi, quelque chose d'un peu plus bas évidement, quand j'ai vu ça...

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Quoi, vous ne voyez rien?

Mais siiiii.... làààà... m'enfin!

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Mais si, ce sont des crottes de

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Mais non, pas de lapin, de lièvre des neiges! Les lièvres sont des ruminants, pas les lapins! Vous ne voyez pas qu'il rumine là? Bon, ok, moi non plus!

Mais bref, en voyant ces lièvres en pleine ville, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'en sortant un peu de la ville, je pourrais me trouver une source de viande sans hormones de toute première qualité. Bon, c'est un peu un pretexte pour assouvir mon bas instinct de chasseur également, l'air de rien! Je ne peux m'empêcher de penser à cette amie qui racontait comment les femmes cherchent des "chasseurs" pour fonder une famille, et quand elles ont mis le grappin dessus, elles s'efforcent de le transformer en berger! Avec une maison, et une petite bergerie accollée, avec des brebis et des agneaux, pour la laine seulement bien sûr!

Ça m'a fait beaucoup rire... Je prends peut-être les choses trop au pied de la lettre! Donc j'ai commencé à regarder les fusils, les arcs, les arbalètes. J'ai commencé à me renseigner sur les permis, les contraintes.

Et puis ce matin, je suis allé dans un autre méga centre commercial. Un quarier entier, deux kilomètres de long sur un peu moins d'un kilomètre de large. Et une enseigne sur un bâtiment me happe littéralement. C'est dimanche matin, dimanche de Pâques, quelques minutes après l'ouverture dudit magasin. Une grande surface de loisirs exterieurs... camping, chasse, pêche... Je me précipite vers le fond du magasin. Il y a un mur de plus de 50 mètres couvert d'armes à feu. Devant, ce sont des mètres de rayonnages d'accessoires, des montagnes de caisses de munitions. Mais c'est le mur de droite qui m'intéresse pour le moment. Des arcs et des arbalètes. Dans ma jeunesse, j'ai fait du tir à l'arc (sur cible). Mais les arcs que nous avions étaient des arcs pour droitiers, et j'avais un mal fou à ajuster la précision de mes tirs, même si j'étais capable de bander l'arc de mon père. Et comme mes frères et moi étions en compétition permanente, je n'avais aucune chance.

Un colosse m'interpelle et me demande si j'ai besoin d'aide, de conseils. Je le remercie en continuant d'observer les "machines". Ces arcs à poulies, merveilles de génie! Quand je demande au colosse si ils en ont pour gaucher, il se précipite, me demande quel modèle et me propose d'aller en chercher un et de l'essayer. Oui, ils ont un petit stand de tir dans une arrière-salle, derrière son comptoir. Quand il revient avec la chose, il me demande comment je veux qu'il me l'ajuste. Il précise qu'il peut ajuster la tension de la corde (puissance de l'arc) entre 25 livres et 60 livres. L'arc de mon père faisait 30 livres, et j'ai des bras beaucoup plus puissants que ma stature ne peut le laisser supposer. J'ai répondu sans hésiter de la mettre au maximum. J'ai décelé dans son regard, sur son visage, un "espèce de vieux connard prétencieux", puis quelque chose du style "bon, je vais le faire, on va se marrer!". (Tout ça en anglais, bien sûr! ;-) ).

Un ami qui clamait à tout vat jadis (oui, je suis un vieux connard, donc je dis "jadis"!) qu'il était prêt à parier que personne ne pourrait bander son arc de compétition. Je lui ai pris l'arc des mains et l'ai bandé d'un coup, sans hésitation, maintenant la corde tendue sans trembler pendant plusieurs secondes, le temps que l'on prend pour ajuster un tir. Puis je l'ai débandé tout doucement, montrant que j'avais la parfaite maîtrise de son arme. Il a bafouillé toutes sortes de choses, que je devais être entraîné, ceci-cela... J'avais 23 ans. Cela faisait plus de 10 ans que je n'avais touché un arc. Quand le colosse est passé de l'atelier d'ajustement au stand de tir, j'ai juste entendu le bruit sourd et incroyablement puissant, violent, de la flèche qui pénètre la cible. En rentrant dans le stand, j'ai vu la flèche en plein centre de la cible. J'ai pensé un instant que j'avais peut-être effectivement été un brin prétentieux. Il me fait signer une décharge, me donne quelques explications de base, et me tends l'arc, avec des petites rides narquoises sur son visage. Je ne me sens pas fier, mais pas mal non plus.

Je prends l'arc dans les mains, ajuste la gachette qu'il m'a demandé de choisir dans une boîte remplie. Je prends celle qu'il me suggère, et qui me semble juste parfaite pour moi. Cette gachette, c'est un petit instrument révolutionnaire (autant que peut l'être un arc à poulies en composite fibre de carbonne) dans lequel (il me montre) on introduit une petite loupe de corde enlacée sur la corde de l'arc. Il y a une poignée confortable sur laquelle est fixé le mécanisme de retenue et la gachette de déclanchement, qui peut ressembler à celle d'un pistolet, ou dans mon cas, au cran de sécurité d'un pistolet. Le mécanisme et d'une précision et d'une douceur incroyables. Quand j'ajuste la flèche, baisse l'arc pour le mettre en tension, mon geste est parfait. L'arc se tend d'un trait, jusqu'en position d'ajustement du tir. Je lis la surprise sur le visage du colosse qui me montre une grosse cible vers laquelle tirer. J'ajuste. Je découvre avec bonheur pour la première fois de ma vie ce que c'est de tirer avec un arc adapté à ma "gaucherie". J'appuie sur la gachette. Le trait part sans la moindre vibration, sans le moindre tremblement. J'atteins le deuxième cercle de la cible. Le colosse est scotché. Il me propose de tirer à présent sur la petite cible.

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J'arrive à moins de 3 cm du plein centre de la cible. Le colosse s'exclame: "wooo! Beautiful shot! That was a real nice shot!".

Je suis un peu fier, mais pas trop... je vais surement faire un bon chasseur!

Bon, je n'ai jamais tué un animal de ma vie (je ne parle pas des insectes cependant... à puis les poissons... c'est vrai, j'ai tué pas mal de poissons, dont un gros espadon de plus de deux mètres, plusieurs dorades coryphènes et des thons et des bonites, toutes sortes de poissons de roche, des langoustes, des hommards, des crabes, des crevettes, des araignées de mer, des vieilles (pas avec leur sac à main, le poisson qu'on trouve en Bretagne! :-) ), des morgattes, des truites... Et les huitres, les moules, les palourdes, les bigorneaux, ça compte?

Je n'aime pas trop ça d'ailleurs. Je veux dire... tuer! J'aime le poisson et les fruits de mer sans mesure! Mais je ne peux m'habituer à enlever la vie sans réaction... même une mouche, même si cela me réjouis d'oter un irritant parfois dur à supporter, ou de comber des besoins essentiels additionnés de petits plaisirs coupables!

Mais j'ai encore du mal à même m'imaginer pouvoir tuer une bête à fourrure... bon, évidement, il me revient en mémoire que j'ai tué des souris et des rats, par nécessité... J'ai purement détesté ça! Alors  un lapin pardon, un lièvre (vous ne voyez pas qu'il rumine, non mais enfin!)...

J'ai entendu le récit de mon frère aîné, qui avait eu la tâche fort déplaisante de tuer des lapins que nous élevions quand j'étais enfant, ou de ces amis qui braconnaient et qui m'expliquaient comment on les "déshabillaient" de leur fourrure. C'est doux, la fourrure de lapin. Ils étaient très bon aussi, les lapins, mais quand même, à chaque fois que j'allais les nourrir après...

Et puis là. ce sont des lièvres, sauvages, et ils ruminent comme des vaches... mais c'est sympa une vache. Je n'ai jamais tué une vache. Deux de mes frères ont tué des moutons, un des chèvres sauvages... par nécessité. D'ailleurs, je trouve hypocrite de s'indigner de l'abattage de ces animaux mais d'en manger, ou pire encore, de manger de ces animaux élevés dans des conditions inhumaines (normal, ce sont des animaux! Mais bon, on se comprend! ;-).  Au moins, à la chasse, on prend la viande d'animaux qui ont eu une vraie vie et qui n'ont même pas le temps de voir leur mort arriver. Et puis moi, je ne serai jamais végétarien! (J'aime bien cracher en l'air, puis essayer d'éviter que ça me retombe dessus... je ne suis pas très habile à ce jeu là d'ailleurs!).

Bon, puis pour finir, je suis allé dans un autre magasin immense, un truc à faire virer folles les filles! (si,si, n'importe quelle fille, même la plus solide, ne saurait résister à l'envie...)

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J'ai pris la photo à la sauvette. On ne voit qu'une partie de la section des filles. J'ai calculé quelque part entre 3 000 et 4 000 paires de chaussures différentes pour les femmes. Je ne parle même pas des empilages des différentes pointures...

Les pauvres enfants et les plus pauvres hommes encore se partagent un petit tiers du magasin. Et je n'ai vu aucune botte ou chaussure de chasse! Mais bon, malgré cela, je serai bien reparti avec quelques paires... mon petit côté féminin!