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10/05/2016

La route cahotique...

Je quitte l'aéroport d'Edmonton alors que des files d'autobus scolaires se synchronisent avec une rotation incessante d'avions qui évacuent Fort Mc Murray. Plus de 100 00 personnes seront déplacées en quelques jours, par air ou par voie terrestre. Une grand partie seront dirigés ici, à Edmonton, ou à Calgary, mais aussi dans les communautés encore en sécurité aux alentours de Fort Mac.

Et j'entends ces voix qui disent " Ah, voilà... ces coupables qui paient!"

Oui, parce que aujourd'hui, il faut désigner des coupable pour tout. Des coupables de tout, pour éviter de voir notre propre conscience émerger des brumes de notre lâcheté et nous exploser le cerveau, nous réduire à notre insignifiance, notre vacuité, au néant que nous sommes.

Et bien sûr, on ne va pas dire que ces travailleurs du pétrole sont les coupables. On va dire que ce sont les multinationales pétrolières. C'est bien ça, des multinationales. Elles ont un nom mais sont anonymes. Ça ne fait de mal à personne de taper dessus. Ça nous défoule, ça nous soulage, ça nous déculpabilise.

Mais non, ces multinationales ne sont pas les coupables. Elles ne sont que le vecteur que nous autorisons à porter notre inaction, notre lâcheté, notre non volonté.

Ah... vous mettez vos déchêts recyclables dans votre bac. Mais l'ineptie de ces camions brûlant des tonnes de pétrole pour les collecter, qu'en faîtes-vous? Et ce pétrole, d'où vient-il? Trouvez-moi du pétrole propre svp!

Ah, oui, mais que faire alors? Par où commencer? On n'y peut rien pas vrai!

C'est tellement plus pratique de blâmer des multinationales que nous cautionons en achetant leur pétrole en barquettes de supermarché. Ah... ces petites barquettes de viande dont le tiers finira aux poubelles, bien enveloppé de film plastique!

Tellement pratique pas vrai?

Quelques minutes en enfer...

 

26/11/2012

Mort dans l'âme, vie par la lame...

Je suis le seul "survivant" de la battue aux sdf. Pour combien de temps encore? "La valise bleue" s'est fait sortir le lendemain. Je continue mes contorsions, et parviens à passer au travers des mailles. J'ose à peine vous le dire, de crainte que... On devient un peu supersticieux malgré soi, dans la crainte!

C'est une guerre psychologique de chaque instant.

Premier enseignement; ne pas faire de soi une cible.

Deuxième enseignement; afficher le plus possible que l'on vendra cher notre peau. Donc essayer de montrer que l'on représente un plus grand danger si on est agressé que si on est ignoré.

Un gardien de sécurité, ce n'est pas très bien payé, ce n'est pas un métier de "vocation". J'ai plusieurs amis qui ont pratiqué ce métier. J'ai donc une bonne idée de ce qui anime ceux que je croise dans mes battures...

Si ils peuvent s'épargner du trouble, ils le feront. Je dois donc me couler dans la peau de quelqu'un qu'ils peuvent ne pas voir, sans risquer la réprimande. Parce que évidement, ils ne veulent pas perdre leur job, ils ne veulent pas prendre de risque.

Alors, je multiplie les ruses. Quand, de temps à autre, j'achète quelque chose à manger en ces lieux, je prends plutôt deux ou trois choses dans deux ou trois places différentes, à quelques temps d'intervalle, en me surexposant lors de l'achat. J'attends le passage d'un gardien de sécurité et m'assure qu'il me voit. C'est le seul moment où je prends l'antidote de la potion d'invisibilité. De cette manière, il pourra dire que je suis un client comme les autres, même surement un bon client car je suis souvent là, toujours avec une consomation.

Parce que oui, je triche là aussi. Je garde un gobelet étampé aux couleurs d'un des marchands, ramasse un plateau discrètement, y mets le gobelet et un sac de papier (vide) dans lequel ils emballent les repas.

Et puis j'observe, j'écoute... La plupart des employés sont préoccupés par les soucis de leur propre vie. Ils ne vont pas s'en rajouter inutilement. Sauf ce petit con, assigné au nettoyage dans un fast food, que j'ai entendu maugréer contre les consommateurs qui collent des heures dans le commerce pour profiter de l'accès internet. J'ai failli lui dire que tout le quartier était sous un hot-spot gratuit et puissant, et qu'il suffit de s'assoire n'importe où pour en profiter. J'ai failli lui dire aussi que chacun de ces consommateurs paient une part de son salaire, et que le restaurant est rarement plein. J'ai préféré rester invisible. Ce genre de personne est dangereux, parce que bête et méchant. Je ne peux pas me permettre le risque.

24/11/2012

L'homme invisible

"Monsieur, vous ne pouvez pas rester là..."

Le gardien de sécurité est d'un côté, le policier de l'autre...

"On a toléré votre présence. Maintenant, c'est le matin, vous pouvez prendre le bus, le chauffeur vous laissera monter. Il y a des organismes au terminus du centre-ville, ou à la gare centrale..."

Je les connais tous, ces organismes. J'ai demandé de l'aide dans certains. Ma voie de sortie n'est pas par là.

J'observe l'homme à quelques mètres de distance. Il n'est pas d'apparence trop sale, trop "sdf"... Qu'a-t-il fait pour attirer l'attention et se faire jetter ainsi? J'essaie de deviner, de recréer sur ces quelques instants les heures qui ont précédé. En trouvant la faille, je pourrais peut-être me protéger un peu mieux. Qu'ais-je de plus ou de moins que lui, comment et pourquoi ais-je réussi et pas lui?

Ne restent que quelques hypothèses incertaines. Je vais tenter de rehausser mes standards encore d'un cran pour "disparaître", être invisible aux yeux de tous pendant quelques heures pour que ma nuit soit supportable.

Après deux semaines dans cette chambre glauque qui m'ont un peu plus encore enfoncé dans une image sombre de moi-même, j'ai eu une bouffée d'oxygène dans cette colloc sympa, ce bel appartement, avec des gens de divers horizons avec lesquels j'ai passé de bons moments. Je prépare des plans sur la comète pour essayer de rebondir avant que l'hiver ne m'enserre de son étreinte mortelle.

Je pensais pouvoir me dégager une petite marge de manoeuvre pour tenter une sortie, mais c'est à nouveau l'échec. Ma capacité de travail est par trop hypothéquée, notament par le temps que me prennent les simples manoeuvres de survie.

Sans argent, je retourne dans la rue, en m'inventant pour la n-ième fois un parcours raisonnablement adapté à la saison qui avance. Le gel, les nuits bien en dessous de zéro maintenant...

Je trouve, j'arrive à me recréer une routine. Mais les heures de sommeil de la nuit sont courtes, et je ne parviens pas à me rattraper le jour. Je m'épuise. Je vois l'impact instantané de la nourriture sur ma capacité d'agir. Sans réserve, je suis à nouveau sur la corde raide. Je transforme instantanément les calories absorbées en actions  pour essayer d'aller de l'avant, mais globalement, je me rends bien compte que je fais du sur-place.

Après quelques jours d'incertitude, à penser à des plans B et C, il semble que ma "potion d'invisibilité" fonctionne.

Est-ce parce que je suis suffisament bien habillé. J'ai sorti une veste de cuir achetée à l'armée du salut 20$ il y a quatre ans et qui fait encore bien illusion. Un jean beige neuf, acheté il y a quelques mois 3 dollars lors des soldes. Oui, j'ai l'oeil redoutablement exercé pour repérer le beau linge, viser juste au niveau style et taille, et dénicher des aubaines invraissemblables. Mon ex-femme était toujours d'abord frustrée (parce que c'est bien connu, le premier plaisir d'une femme, c'est d'essayer mille trucs pendant des heures avant de se décider à acheter un morceau de linge (j'aime bien cette expression québécoise!). Puis, après être rentrée à la maison, l'avoir remis et s'être observée sous toutes les coutures pendant des heures, décider de le retourner parce que finalement, peut-être que l'autre était mieux... Mon ex-femme était toujours frustrée, disais-je, quand je lui ramenais du linge parce que j'étais sûr que cela allait lui faire parfaitement, lui plaire viscéralement, et qu'elle l'adopterait émotionnellement pour le long terme... et sachant le risque que l'article ait disparu si j'attendais de retourner avec elle, je saisissais le morceau en me disant qu'au pire, je le retournerai moi-même. Elle restait néanmoins frustrée du fait de n'avoir pas pu faire tout le reste du cérémoniel de l'achat, mais finissait par reconnaître que j'avais bien fait de le prendre. Cela ne veut pas dire que je ne me livrais jamais à l'autre cérémoniel de temps à autre, juste pour son plaisir... Là encore, j'ai conscience que je n'étais pas totalement adéquat car je finissais par sortir du jeu épuisant de l'essai-critique-expression de l'indécision, de la frustration, et recommencer inlassablement...

Mon esprit autiste est hyper-performant dans sa capacité de regarder un morceau de linge et le projeter en trois dimensions sur le corps de la personne, évaluer en une fraction de seconde si la taille et la coupe correspondent (petite marge d'erreur possible à cette étape-là, car la coupe, pour une fraction de pouce d'écart, peut créer un faux-plis disgracieux lorsque sur la personne!), si le style va rentrer dans le style émotionnel de la personne, si le "kick" va durer, passé le retour à la maison et l'émoussage du temps.

Et cela fait que tu prends un truc, je regarde, je dis "non", ou "oui, essaie-le". Quand je ne dis rien, ou "je ne sais pas", ça veut dire "tu peux essayer, mais c'est en pure perte de temps". Et je n'aime pas perdre mon temps, mais bon, pour une fille, ce n'est pas une perte du temps, c'est un rituel bienfaisant...j'arrive à concevoir la chose dans l'abstrait de la théorie, mais bon, pas au delà! :-D

J'aime bien "magasiner" (autre mot québecois que je préfère à "shopping"), et les filles aiment bien magasiner avec moi car c'est des heures de jeu que je maîtrise assez bien (mon petit côté féminin assumé!). Je suis redoutable d'efficacité, connais tous les magasins de la ville ou presque, les bons plans, les bons prix. Je sais coudre, j'ai même ma machine, et travaille avec comme un pro (juste manque un peu de vitesse, mais résultat final garanti!). Au pire, au bout de quelques heures, me retirerais-je quelque peu dans une bulle d'où je pourrais continuer à observer le rituel sans trop intervenir. Mais à chaque fois que j'approuve un choix, les filles tombent amoureuses du linge choisi, m'en reparlent longtemps après. Et ça, c'est super cool!

Bref, lors des soldes, soit je tombe sur du linge hyper cher, qui même en solde reste hors portée de la plupart des bourses (la dernière fois, j'ai sorti des vestes à plusieurs milliers de dollars, réduites à un peu moins de mille dollars, mais vraiment très belles, et qui semblaient taillées sur mesure pour moi!), soit je tombe sur l'aubaine incroyable, comme ce jean Wrangler que je portre aujourd'hui, coupé parfaitement à ma taille, pour 3$. Les jeans Levi's et Wrangler en taille allant de 31-30 à 32-32 me font parfaitement. Le 32 de la jambe fait un léger plissement sur la chaussure, et je dois avoir un tour de taille de 31"1/4, 31"1/2, selon l'heure du jour... :-D

Les sacs que je portent avec moi sont sobres, noirs, passent partout, "invisibles".

Je vois cet autre sdf, avec sa valise bleu vif, sale, dont le noir de la saleté flash en contrastant avec sa couleur vive... Un aller-simple vers l'échec. Je lui donne quelques jours en ce lieu, encore!

Mais moi, combien de temps tiendrais-je ainsi ici? Passé la première semaine, je commence à retrouver une routine rassurante et qui me fait du bien, malgré cette insécurité et ce doute qui plane... Trois semaines plus tard, l'enjeu est de taille, car si la routine casse, la capacité pour moi de rebondir s'amenuisera considérablement!

Je change mes routes, mes heures, passe de longs moments dans les toilettes reculées, donc peu utilisées. Je laisse tout propre derrière moi, quitte à nettoyer la "merde" des autres pour ne laisser prise à aucun élément pouvant attirer négativement l'attention.

Je survis, un peu mieux que d'autres, toujours un peu "de luxe" malgré tout!

19/10/2012

Flash back

Attablé dans un petit restaurant qui a la particularité de servir un steak-frite-salade pour moins de 15$ (10€) taxes incluses, je repense à ces derniers mois. C'est la deuxième fois que je viens ici. C'est mon deuxième steak en quatre mois. Il faut savoir que je suis un "beef-eater". Pas gargantuesque, mais cela fait partie de ma diète indispensable. Je n'ai mangé de la viande que 5 ou 6 fois durant cette période...

Le verdict est tombé, je suis anémié. Cette fatigue, cette incapacité d'agir normalement s'est retrouvée inscrite dans mon sang.

Alors j'entends les discours... "quand on veut..."

Je lis ces petits commentaires incendiaires du style "je donne une pièce pour m'apercevoir ensuite que le sdf a un smartphone alors que moi-même ne peux pas m'en acheter un..."

Je me projette; je ne mendie jamais, mais imaginons... je n'avais pas mangé normalement depuis des semaines, perdu 6 kilos...

Quand j'ai reçu un montant d'argent dû depuis longtemps par un client, je suis allé dans ce petit restau...je n'avais pas mangé un vrai repas depuis des semaines, et j'étais déjà manifestement anémié.

mais si j'avais mendié, et qu'une personne m'ait donné de quoi me payer ce restau... Assis devant mon steak... imaginons toujours... je vois une personne qui m'a donné une pièce un peu plus tôt me dévisager en se disant "je lui donne une pièce et regardez, il se paie un restau alors que moi..."

Alors, on donne, ou on ne donne pas! Mais de grâce, cessez de juger...

J'ai passé des mois dans la rue ces dernières années. Je n'ai pas vu UN SEUL sdf qui n'ai pas besoin de suivi psychologique ou psychiatrique.

"Oui, mais il y en a pour qui c'est un mode de vie..." ou "tu leur proposes une place en refuge, ils refusent..."

Avez-vous déjà été dans un refuge pour sans-abris?

J'y ai passé une fois quelques moments... un centre bien tenu, propre, mais la clientèle était lourde. Toxicos, psychotiques qu'on a sorti des hôpitaux psychiatriques dans ce mouvement d'allègement des centres et des frais reliés à la santé mentale... Quatre par chambre... cela parait raisonnable, mais quand les voisins parlent tout seuls, crient... Et je ne parle pas du vol, de la violence sous-jascente en permanence (si un résident en agresse un autre, ça ne fera pas les gros titres comme quand un dément en liberté tue un "honnête citoyen" lambda dans la rue. On lira peut-être deux lignes anonymes; "deux clochards s'entre-tuent dans un refuge!", si il y a mort d'homme seulement. La première fois où on les considèrera à nouveau comme étant humains... peut-être pour un jour justifier de passer un loi autorisant l'administration à prélever leurs organes sans leur autorisation... (croyez-le ou non, j'ai déjà entendu cela!)

Moins d'une heure dans ce centre et je serai monté sur le toit pour faire cesser ce calvaire d'un plongeon libérateur! Alors je suis retourné dans la rue, par moins quinze degrés, sans hésiter!

Alors si on me dit; "pourquoi tu ne vas pas dans une refuge", je dirais "je préfère encore la rue". Ce n'est pas un choix. Pour moi, la rue, c'est le dernier rempart avant la mort. Un refuge, c'est renoncer à être considéré comme un être humain. Un refuge, pour moi, c'est la mort!

Derrière chaque être humain dans la rue, il y a une histoire, souvent insoutenable à entendre. Je peux vous le dire, j'ai écouté, beaucoup écouté.

Une seule personne connait ma vie dans certains de ses détails les plus sombres. Cette personne avait été un enfant battu que son père lançait contre les murs (au sens propre!), tabassait jour après jour depuis aussi loin que remontait sa mémoire, au point où elle était consciente par moment que son cerveau était irrémédiablement endommagé par ces années de maltraitance. Cette personne qui a été violée, dont des vautours ont abusés, après avoir écouté mon histoire, a trouvé incroyable que j'ai pu survivre à tout cela, trouvant que ma vie avait été pire que la sienne. Et pourtant, moi, je trouvais sa survie plus incroyable encore... Rendu dans cette surenchère de l'horreur, que pensez-vous...? Deux borgnes au royaume des aveugles, est-ce que cela fait un voyant?

Alors, si vous voyez un sdf avec un smartphone, dîtes-vous que c'est souvent son dernier moyen de contact avec le monde, son dernier petit espoir. Dîtes-vous que quelqu'un lui a peut-être donné lorsqu'il s'en est racheté un neuf, comme je l'ai déjà vu... ou, comme moi, qui en ai sauvé un de sa misère. Oui, je suis un sdf de luxe, avec un ordinateur portable, un appareil photo, un lecteur MP3 et un vieux smartphone qui me permet d'être en contact plusieurs fois par jour avec le monde, pour tenter de ne pas perdre un contrat, surveiller la météo, appuyé sur le mur exterieur d'un café avec un hotspot, ou dans le hall d'une bibliothèque, pour pouvoir appeller via internet un client, ou un intervenant dans l'espoir d'un rendez-vous médical...

Et puis, donnez... ou ne donnez pas, mais de grâce, après avoir donné, ne jugez pas ce que la personne va faire de votre don, parce que nous sommes des êtres humains qui essayons, chacun à sa manière, chacun de son mieux, de sauver notre peau.

27/08/2012

Ce que je suis... ce que je ne serai pas...

Donc, je ne serai probablement jamais paparazzi! (ni maman d'ailleurs...mamanrazzi s'entend... maman tout court, on ne sait jamais... avec la science, de nos jours... :-) )

L'alimentation est le casse-tête quotidien central de ma situation. Garder un relatif équilibre...protéines, vitamines C, calcium, pour l'essentiel. J'articule mon absorbtion de vitamines C autour du chou vert, qui en contient bien plus que les oranges. Il en contient en fait la plus grande concentration dans l'alimentation courante. Alors pour moi, c'est deux boîtes de salade de chou vert par semaine... un budget de 5$. À côté de cela, autant de fruits que je peux me permettre; deux pamplemousses, quelques pommes... un pot de yaourth, un fromage quand je peux.

J'ai été perturbé par mon paquet de beurre, sortit de mon frigo au moment de quitter mon logement, et qui, deux semaines plus tard, à température ambiante (22 à 26 degérs), n'a pas ranci. Mais que mettent-ils donc dedans...? à approfondir!

Et cette nuit là, je me réveille en sueur. Il ne fait pas si chaud que cela pourtant. J'ai à peine le temps de sortir la tête de mon couchage et de rouler sur le côté. Je vomis de la bile. Tout va très vite dans ma tête. Je pense à un empoisonnement alimentaire. La salade de choux vert... ou plutôt son assaisonnement peut-être, à température ambiante depuis quatre jours... Une douleur violente me lacère le ventre. Je suis à neuf kilomètres environ de l'hôpital le plus proche (j'avais sous-évalué la distance, persuadé qu'il n'y avait pas plus de six kilomètres!). La douleur revient. Je range mon couchage dans le gros sac que j'ai récupéré il y a deux jours. J'enfourche ma bicyclette avec difficulté, plié en deux de douleur. Je me demande si je parviendrai jusqu'à l'hôpital. Je songe aux options. J'ai heureusement encore un peu de batteries dans mon téléphone, en cas extrême. Chaque coup de pédale m'arrache maintenant un râle. C'est la troisième fois de ma vie que la douleur m'arrache des cris répétitifs. La première, j'avais 7 ans, et j'avais fait une chute en vélo dans un buisson d'orties. J'étais couvert de boutons des pieds à la tête, et je hurlais de douleur... La deuxième fois, début vingtaine, j'ai fait des coliques néphrétiques...

Et pourtant, j'en ai eu, des accidents...je me suis fait recoudre à vif plusieurs fois, oui... sans anesthésie...sans parler de ... mais bon, je m'écarte du sujet du jour...Je pense à la colique néphrétique que j'avais eu, mais la douleur est plus bas que les reins, vers l'avant, cette fois-ci.

Je sais que je suis déshydraté. J'ai vu quelques signes avant-courreurs. Depuis plusieurs semaines, j'ai la sensibilité au goût  et aux odeurs exacerbée, et j'ai du mal à boire l'eau du robinet trop chlorée. Et bien sûr, je n'ai pas les moyens d'acheter de l'eau embouteillée.

J'ai parcourus un demi-kilomètre. Je me demande si je vais y arriver. Je m'arrête et me penche à nouveau pour vomir, de la bile, toujours. Remonter sur mon vélo, en pensant que je n'ai plus de carte d'assurance maladie non plus. Redonner le premier coup de pédale, sachant que la douleur va lacérer, encore...

J'arrive à l'hôpital avec l'impression d'avoir gagné une course. Une course contre la montre, une course contre la fatalité.

17:21 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montreal, quebec, canada

22/07/2012

En fin de journée, je ne rentre nulle part...

Cette fois-ci, je suis préparé, autant que l'on puisse l'être...

Cela fait plusieurs mois que je sais que je n'ai pas d'autre issue jouable. J'ai calculé, encore et encore... je ne serai pas fonctionnel avant de longues semaines. Alors, comme à mon habitude, je dessine un chemin qui me semble praticable. Et comme toujours, les gens qui me connaissent ne comprennent pas... Cela paraît tellement absurde!

Ils doutent même parfois. C'est probablement cela qui me fait le plus mal.

"Es-t-il en train de jouer, de "faire un show"...???"

Non, je ne sais pas faire autrement. Certaines choses doivent être faîtes linéairement, une après l'autre, pour que je puisse recommencer à fonctionner. En l'occurence, faire le ménage dans mes affaires, puis dans ma tête. Ensuite, dessiner un chemin viable à plus long terme. Alors seulement j'émergerai.

Quelques semaines avant de me retrouver à la rue, je me suis engraissé. Mangé trop, gras, tout le gras que je pouvais raisonnablement ingurgiter...J'ai pris 4 kilos. Je sais qu'ils ne dureront pas. Vous voulez un régime efficace? Passez quelques semaines dans la rue!!!

La semaine précédent mon retour dans la rue, j'ai racheté un appareil photo, sachant que je ne mangerai probablement pas pendant des jours à cause de cela. Mais je ne me vois pas affronter la rue sans mon appareil photo.

Le dernier a fait une chute malencontreuse du haut d'une échelle. Je m'étais pourtant dit de trouver la dragone avant de faire le con dans les airs...

Je venais de le remplacer, qui plus est. Bilan des choses, quoi qu'il en soit; n'achetez pas d'appareil numérique compact Canon de la série SX 200 HS à SX 260 HS. Quelques mois après l'avoir acheté le premier, j'ai trouvé de plus en plus de plaintes sur le zoom qui se bloquait en position ouverte et plantait le firmware, rendant l'appareil inutilisable. La réparation coûte presque le prix de l'appareil neuf. Et mon premier appareil s'est retrouvé, après 18 mois d'utilisation, dans cette situation. Heureusement, le gars qui me l'a vendu m'avait transféré la garantie prolongée. Et j'ai pu l'échanger. Le deuxième s'est retrouvé avec le même problème, mais bon, je sais, une chute de 2 mètres, c'est beaucoup, quand même...

Mais quoi qu'il en soit, la fabrication de cet appareil laisse à désirer. Trop de plastique, aucune rigidité du boitier, on sent les compromis dès la prise en main. Et la puissance de ces téléobjectifs n'a d'égale que la précision requise pour leur fonctionnement. Et dans ce cas, Canon n'a visiblement pas assuré!

Toujours est-il que je me sentais handicapé sans appareil. J'en ai besoin pour mon travail, à tout instant... pour boucher les trous en faisant de la récup et revendant du matériel sur internet... etc...

Alors je suis revenu au meilleur compact sur le marché à mon avis; le Panasonic Lumix.

Le premier Lumix, un TZ1, je l'avais acheté pas longtemps après avoir ouvert ce blog. Je l'ai revendu en parfait état, sans jamais avoir été déçu. Canon m'aura déçu du début à la fin. Mon premier, un Powershot, a rendu l'âme suite à un problème de firmware (causé par Windows, je sais...). Le second, un SX 200 HS, avec son problème de téléobjectif. Le troisième, le SX 220 HS présentait une image imprécise à fort grossissement et sa prise en main était désagréable.

J'ai trouvé le DMC-ZS8 dans un centre de liquidation à moins de 150$ (100 euros). J'aurais voulu le ZS-10, avec vidéo full HD et surtout un mode vidéo 1080P à 60 images secondes, mais bon...la différence de prix ne me permet pas ce pas. J'ai aussi été tenté par le bridge Lumix FZ 150, qui possède la capacité de prendre les photos en format RAW (contrairement au FZ 47 et FZ 100)... une des raisons qui m'avaient poussé à acheter une Canon, que l'on peut hacker avec CHDK pour accéder au contrôle du processeur et permettre la fonction de prises en format RAW, le timelapse, le déclanchement commandé par la lumière (qui permet de prendre des photos d'éclairs, notament).

Mais le besoin d'avoir mon appareil toujours à portée de la main, à ma ceinture, était primordial. Et un bridge aurait été trop gros pour une utilisation quotidienne, en plus d'être hors budget.

Panasonic Lumix DMC-ZS8

Mais bon, mon ZS8, avec son extraordinaire objectif Leïca, le meilleurs sur le marché, et de loin, me rempli de joie!

En terme de qualité optique d'abord. Même au plus fort grossisement, les images ne présentent aucune abération dans les détails, comme j'en avais sur la Canon...

Équivalent à un 24mm grand angle, je peux prendre des photos d'interieur de bateaux notament... Et à 16X, je peux m'amuser avec les animanux que je ne manque pas de rencontrer dans la ville que je sillonne à nouveau.

Je suis à nouveau sdf. Sur mon vélo, avec plus d'électronique que la moyenne des sdf, je sais, je suis encore sdf... de luxe!

Et ce soir, comme tous les soirs, depuis quelques temps, je ne rentre nulle part!