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20/10/2016

Les probabilités...

J'arrive devant la porte de mon local d'entreposage alors que la lumière du jour commence à tomber. Quelques minutes plus tôt, j'ai reçu un appel de la société qui m'annonce que ma porte a été forcée et que du matériel a été volé. Je suis K.O.

Le gérant me dit qu'il ne semblait pas manquer tellement de choses. J'ai de gros doutes, mais encore un peu d'espoir...

Avec le peu de lumière, je ne m'apercevrai pas immédiatement de l'ampleur des dégats. Tout est pelle-mèle vis à vis de la porte. Je m'aperçois de la disparition de mon sac de hockey... un énorme sac avec lequel j'ai souvent voyagé et dans lequel j'avais rangé une bonne partie de mon matériel de sport. Juste ce sac, au moins 7 ou 800$.

Puis je vois l'emplacement vide là où j'avais rangé ma télé et mes écrans d'ordinateurs... je frémis. Mes caisses d'outils qui étaient juste devant la porte, avec les outils dont je me sers le plus... une malette avec tout mon équipement de mesure... lasers, multimètres, traceurs de circuits... un autre 500$.

Je referme la porte en énnonçant tout ce qui me vient à l'esprit de ce qui me semble avoir disparu.

Je suis anéanti. Je quitte l'endroit dans un état second. Toute la soirée, toute la nuit, l'ampleur des dégats dans ma vie, dans mes projets, ne cesse de tourner dans ma tête.

Et je n'ai pas d'assurance, bien sûr...

Le lendemain, je retourne essayer de faire un bilan plus détaillé. Je m'aperçois qu'en fait, les voleurs avaient vidé la moitié du local pour atteindre ce qui avait le plus de valeur et que tout a été ensuite remis pelle-mèle pour pouvoir refermer laporte, vraisemblablement par le personnel de l'endroit. Des boîtes de matériel électronique, mes ordinateurs, mes backups, mes imprimantes, des boîtes avec des choses personnelles... des années d'écriture sur papier, des centaines d'heures de travail sur mon serveur.

Trois semaines plus tard, je suis encore en train de m'apercevoir que des choses dont j'ai besoin ont diparues...À chaque fois c'est comme un coup de poing dans l'estomac. À chaques fois, c'est un retour dans le néant de l'incapacité d'encore endurer.

Il y avait toute ma vie dans ce local... enfin une grosse partie! Des souvenirs de mon père (décédé quand j'étais enfant) que j'avais réussi à faire traverser tant de cahos... évaporés... comme si mon père n'avait pas existé finalement.

Et ces quelques souvenirs de ma mère, décédée il y a deux ans...

Et j'essaie de faire le deuil, matériel, émotionnel, sentimental. Pourquoi tant d'adversité encore, alors que je commençais à retomber sur mes pieds, à quelques jours d'emménager dans un nouveau logement... pourquoi ce retard dans les travaux qui à 4 jours près, aurait pu m'éviter le pire. Non, je dois vivre amputé de ces éléments matériels qui m'aidaient à tenir debout. Le pire, c'est de savoir qu'une partie de ces choses, sans valeur pour qui que ce soit en dehors de moi, va finir dans les poubelles. Et ce sont les plus précieuses à mes yeux. Ce sont des béquilles, de remèdes, des remontants. Et une fois encore, il faut que j'accepte l'inacceptable.

Trois semaines, avec des "crash" dramatiques qui commencent à s'espacer un peu. À chaque fois que je cherche quelque chose, que je revois où c'était et que je me rends compte que cela a aussi disparu, je me désintègre, reste prostré pendant des heures, incapable de faire quoi que ce soit.

Et pour couronner le tout, cet après-midi, en sautant de mon camion, je suis retombé de tout mon poids sur mon pied droit qui a trouvé la crevasse parfaite pour démolir mon pied, légèrement recouverte de neige. La douleur a été fulgurante et j'ai entendu un craquement sinistre. La cheville, légèrement foulée, mais le craquement venait des ligaments du tarse. Ça ne m'était jamais arrivé encore. Le dessus du pied, juste en avant de la cheville, s'est mis à enfler et je ne pouvais plus le poser à terre.

Je suis rentré tant bien que mal chez moi.

Assis sur le sol, ai enlevé mes chaussures avec difficulté et ai commencé à évaluer les blessures.

Je n'ai pas enlevé mes chaussettes. J'ai pris mon pied et ai solidement poussé dessus dans l'axe opposé à la direction de la blessure de la cheville. Ce n'était pas très enflé, à cet endroit, donc j'ai supposé que la blessure n'était pas trop grave. Lorsque j'ai entendu un léger craquement, j'ai appliqué des mouvements de rotation dans tous les axes, en essayant de ménager le tarse. Puis j'ai mis une main juste au dessus de la blessure au tarse, l'autre juste en dessous, vers l'extrémité du pied, et j'ai appliqué toute la force dont j'étais capable dans un mouvement de cisaillement inverse de celui que la crevasse dans le sol a généré. Mon pied a à nouveau craqué, plus brutalement et la douleur m'a fait vaciller. Je me suis allongé et j'ai attendu de reprendre un peu de forces. Je ne peux toujours pas poser mon pied par terre, mais l'enflure a commencé à réduire. C'est vraiment la première fois de ma vie que j'arrive à renmancher de telles blessures aussi bien. Je vais mettre de la glace dessus pour la nuit, en espérant que demain, je pourrai poser mon pied par terre, au moins légèrement.Je me sens un peu comme ça...

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