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18/06/2014

La vie est une farceuse...

Depuis des semaines, j'accumulais les outils pour tenter une nouvelle "sortie" de ma condition de sdf. Edmonton est une ville très dure pour les sans-abris.

Un printemps qui n'arrive pas, des nuits froides, des experiences dures, rudes comme la nature sauvage qui entoure cette région.

Les lilas viennent à peine de fleurir. Je m'en suis mis plein le nez!

Et puis un jour, je me bricole un CV en anglais rapidement. Je dois édulcorer, mettre droit, justifier ces trous sans les expliquer. Je suis incapable de mentir!

Je le fait réviser. On me dit que tout est à refaire...

Tant pis, j'en envois quatre tel quels, un samedi. Deux emplois non qualifiés, deux emplois qualifiés. Aucune réponse pour les emplois non qualifiés. Edmonton est une ville où la main d'oeuvre est rare, je l'expérimente. Un empoyeur sait qu'il n'a aucune chance de me garder dans ce contexte, même à 25$ de l'heure...

Réponse immédiate des employeurs pour les deux postes qualifiés. Quand on est employeur et qu'on a un bon prospect un samedi, il ne faut pas attendre le lundi. Échanges de mails, entrevues téléphoniques le week-end, booking d'entrevues face à face. Les deux entreprises veulent m'avoir.

Je me paie le luxe de choisir mon emploi. Et du jour au lendemain, toujours sdf, me voilà (presque) salarié. Petit bémol, à cause du calendrier de paie (bi-mensuelle, avec deux semaines de décalage) il me faudra attendre presque un mois avant d'avoir ma première paie, qui ne couvrira que les quelques jours de travail du mois de Mai.

Mais bon, en quelques jours, je touche ce que d'autres ici touchent en un mois. Comment me plaindre. J'entre de plein pied dans la tranche supérieure des salaires. l'horizon se débouche instantanément!

Après une journée passée avec mon patron à découvrir ce que vont être mes responsabilités, je lui explique que je suis autiste de haut niveau.

Il répond par deux questions;

- Comment cela affecte-t-il ma vie quotidienne?

- Que peut-il faire pour m'aider dans l'aménagement de mes conditions de travail pour faciliter mes (dis)fonctionnements.

J'ai choisi le bon emploi!

Le travail est physique autant qu'intellectuel. La première semaine se passe sans trop de difficulté, malgré ma sous-alimentation. Les deux semaines suivantes seront plus dures. Fatigue intense, je transporte avec un aide à bout de bras, dans des conditions acrobatiques des charges de plus de 100 kilos de façon répétitive, presque tous les jours. Malgré la sous-alimentation, ma musculature se sculpte instantanément. Je ne comprends pas, parce que le nombre de calories que j'absorbe quotidiennement est très inférieur à la dépense. J'ai perdu du poids, mais pris de la masse musculaire de façon impressionante. L'amie avec qui j'ai traversé le Canada pour me rendre ici revient à Edmonton à ma troisième semaine de travail. Elle me paie le resto, m'avance un peu d'argent pour tenir jusqu'à ma paie. Tout devient tout à coup plus facile.

Parmis mes"hobbies", je fais des massages. C'est une passion développée de façon autodidacte, que je ne pratique que sur quelques personnes très proches. Mon fils y a goûté depuis la naissance! Mon amie apprécie habituellement la force de mes mains. Mes massages lui ont fait beaucoup de bien. Depuis que nous avons repris contact à la fin de l'été dernier, je lui fait un massage à chaque fois que l'occasion se présente. Elle a retrouvé une posture adéquate, des mouvements déliés et les douleurs chroniques qui l'handicapaient depuis que je la connais ont totalement disparues. Elle a retrouvé une vie beaucoup plus équilibrée. Quand je pose mes mains sur ses épaules, elle est sidérée de la force brute, démesurée qui la manipule. Je parviens sans effort à faire bouger des parties entières de son corps, juste avec la force de mes doigts. Auparavant, il m'aurait fallu la force des bras. J'ai la sensation de pouvoir la casser en deux. Je redouble de vigilance.

Voilà... j'ai touché ma première paie, me suis précipité dans un restaurant m'offrir un steak, du riz et des légumes...

Puis je suis allé faire les soldes pour m'acheter du linge. Il faudrait que je fasse quelques photos, je suis bien fier de mes achats!

Pas encore assez d'argent pour me loger, mais dans quelques semaines, je devrais m'en sortir!

Une autre fois...

L'essentiel, me nourrir adéquatement, est maintenant garanti!

03:49 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

C'est très chouette et je partage ton bonheur.
Je n'en ai jamais douté.
Je suis touchée.

Écrit par : Petite Voix | 18/06/2014

@ Petite Voix; bonheur, disons que ce n'est pas le mot. Soulagement de ma condition quotidienne, pour l'instant. En fait, pour sortir réellement de ma condition de sdf, il faut que je commence par pouvoir me loger. Cela s'annonce être un autre défi...

Écrit par : sdf...de luxe! | 29/06/2014

quel bonheur ces bonnes nouvelles

Écrit par : brigitte | 21/06/2014

C'est un pas dans la bonne direction... Je mangeb ien, au moins, pour le moment, et j'ai toujours de la musique! :-)

Écrit par : sdf...de luxe! | 29/06/2014

(très en retard) mais ravie !!!!!

Écrit par : Charl' | 12/08/2014

Les commentaires sont fermés.