Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/05/2012

Reconstruire... encore!

Et arriver à le dire. Arriver à accepter de s'être planté à nouveau et en parler...

Trouver du ressort pour rebondir une fois encore...

Il y a quelques mois, pour parvenir à stabiliser ma situation, et comme les choses semblaient favorables, j'ai pris deux associés, dans deux projets différents. Sans me disperser, je me disais que je minimisais les risques.

Mais j'ai mal évalué les personnes. J'ai pourtant bien mis en perspective, avec force de détails mes handicaps. Mais je n'ai pas vu les fondements des personnes que j'avais en face de moi.

Quelques mois plus tard, je perds non seulement les efforts démesurés que j'ai investi, mais aussi le peu de ressources qu'il me reste, matérielles et émotionnelles. La confiance en mon ressort s'affaiblit.

Le bilan:

Mes handicaps:

syndrome de l'homme battu toujours présent, mais je peux en identifier rapidement les "accès", comme on sent monter une fièvre.

Trouble déficitaire de l'attention; contrôlable en restant dans des conditions de travail particulières que j'ai réussi à bien définir ces deux dernières années.

Capacité de rester en présence de gens: 12 heures par semaine au mieux, incluant travail et vie privée. Cause partiellement identifiée; forte probabilité d'autisme de haut niveau (syndrome d'Asperger). J'ai réussi à remonter très loin en arrière pour identifier à chaque période de ma vie l'impact que cette limitation a eu, et comment j'ai composé avec.

Mon entourage me demande souvent comment j'ai fait au cours de mes 18 ans de vie en couple, avec la mère de mon fils. De l'exterieur, rien ne paraissait. De l'interieur, mon ex-femme, au moment de la séparation, n'a pu retenir ces mots: "Tu as toujours répondu à toutes mes questions, à tous mes besoins et au delà. Parfois, c'était un peu long d'attendre la réponse, mais quand elle arrivait, c'était...whouhaaa... ça valait toutes les attentes du monde!".

Cette phrase, je la garde précieusement. Elle ne l'aurait pas prononcé si elle avait su le bien que cela me fait encore aujourd'hui. Je l'ai quitté quand je me suis aperçu que durant notre vie commune, il n'y a pas eu une période où elle n'ait véhiculé une montagne de mensonges, pas une période où je puisse me dire que je pouvais lui faire confiance. À ce moment, un ami proche, complètement incrédule relativement à notre séparation m'a demandé: "Quel est le pourcentage de possibilités que vous reveniez ensemble?". La réponse a été instantanée: Zéro pour cent. Je suis sous certains aspects totalement psycho-rigide. Impossibilité de reconstruire une confiance (j'avais à plusieurs reprises totalement effacé certains de ses agissements pour reconstruire les fondations d'une saine relation. Je suis capable de cela. Mais là, le gouffre était béant, tous les chemins maintes fois empruntés menaient au même cul-de-sac). Arrivé là, j'en avais suffisament fait, suffisament souffert. Et j'ai besoin de remonter jusque là, une fois encore, pour tenter d'identifier à nouveau comment me reconstruire.

Quelques uns des traits autistes très marqués chez moi: l'incapacité de comprendre le mensonge, la malhonnêteté, intellectuelle surtout. Incapacité de composer avec. Incapacité de jouer un jeu que l'on sait idiot. Incapacité de tolérer l'intolérable; l'injustice, la malhonnêteté, le mensonge (non, je ne radote pas, je ne ratiocine pas, c'est juste une tentative d'effet de style! ;) ), la méchanceté gratuite (différente de la méchanceté payante, pas plus acceptable, mais compréhensible, explicable...)... et être totalement et irréversiblement stigmatisé par cela. Je ne sais pas pourquoi. Je ne peux que constater. J'ai aussi un problème de structure lié au déficit de l'attention, très prononcé.

J'ai des amis, des vrais amis, qui m'aiment beaucoup pour ce que je suis. Quand je pense à eux, à la façon dont ils me manifestent leur appréciation, leur amitié, leur attachement à ma personne, j'arrive, avec un énorme effort de raisonnement, à me dire que je vaux quelque chose...

Je vois tellement tous mes handicaps en gros plan dans ma vie. J'en oublie toutes ces années où je les ai surmonté, sublimé...

Mes forces:

La résilience...

De temps à autre, je m'oblige à faire l'addition de mes forces. Quand on les voit, on se demande comment il se fait que je ne puisse pas mieux m'en sortir. C'est là tout le complexe de l'équation. Il est presque impossible de s'imaginer le frein de mon autisme quand on me voit. J'ai l'air trop normal, non, même anormalement bien, agréable, communicatif... autant de choses qui ressortent systématiquement de mon contact. Je suis un facteur d'émulation. Je vois tout de suite le positif chez les gens et j'essaie de le révéler, de le magnifier, ce qui fait qu'à mon contact, les gens sont souvent encouragés, stimulés vers de bonnes choses. C'est une de mes qualités, mais aussi un handicap, car j'omet de regarder le négatif et d'équilibrer par le réalisme, ce qui apporte parfois des déconvenues, et ce qui explique aussi certains de mes errements.

Mes forces, en dehors de celle-là; Il y a deux ans et demi, lors d'une évaluation professionnelle, on a identifié chez moi une extraordinaire capacité à régler les problèmes complexes en dehors du language, du cognitif. Cela s'est manifesté dans ma vie par ma capacité à mettre au point des machines complexes, de régler des problèmes humains délicats, d'apprendre de façon autodidacte à peu près n'importe quoi et d'accumuler un savoir modélisé d'une façon très particulière, rendant mes capacités en perpétuel développement. Mais une fois encore, totalement impraticables dans notre société.

J'aime écrire, j'aime transmettre (mais suis limité par ce chiffre de 12 heures par semaine, ce qui veut dire, si je veux garder un certain équilibre, 4 ou 5 heures de contacts professionnels pour 7 ou 8 heures de contacts personnels. Ce n'est pas beaucoup pour parvenir à gagner sa vie, et garder une forme d'intégration sociale et personnelle...).

J'aime raconter des histoires, des bouts de ma vie qui allument les gens. J'aime sentir leur réaction...

J'aime lire... si on pouvait me payer pour toutes les lectures que j'ai fait...

Je vais quitter cette note à moitié déprimé, à moitié structuré par le fait de l'avoir écrite. Je vais la publier, en le regrettant aussitôt, en me disant que ce n'est pas forcément bon de se livrer ainsi. Mais je me dis que cela peut peut-être apporter quelque chose à quelqu'un... cela peut aussi peut-être m'apporter quelque chose personnellement...c'est pour cela que les artistes arrivent à vaincre leur trac, non?

Commentaires

Si le diagnostique du syndrome d'Asperger est posé, c'est déjà un élément pour se construire. Plus facile que de se sentir perpétuellement différent avec un relent d'Anormalité.
Là, non, il suffit juste d'apprendre à composer avec, comme vous le faites avec les "12 heures".
Il y a tellement de gens qui ne sont pas au fait de leurs difficultés, qui se les cachent … et les font subir à leur entourage. C'est ce que je vis ces temps-ci … et j'aimerai tellement faire et gérer ma classe comme je le ressens, ou savoir que je n'aurai plus à composer.
Quelqu'un qui est conscient de ses difficultés peut, face à des gens ouverts & sensibles, les expliquer, et être accepté
Bon courage.

Écrit par : Sar@h | 07/05/2012

Je vais rejoindre un peu l'avis de ton ex-femme. Les notes sur ce blog sont rares...mais puissantes. Vivre avec, vivre ensemble, c'est une lutte quotidienne pour chacun de nous et c'est parfois plus dur pour certains. Trop d'exigence, trop d'attente, trop de déception.
Voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide...et continuer d'avancer.

Écrit par : Magicbird | 08/05/2012

@ Sar@h: Ma problématique n'est pas (plus... depuis longtemps!) d'être accepté ou pas. c'est de pouvoir survivre dans le monde du travail avec une capacité à être en contact avec les gens très limitée. Cela donne une vie professionnelle chaotique lorsqu'existante, parce qu'il n'y a pas vraiment de cadre adapté pour moi. Il a fallu me le créer, et le recréer à plusieurs reprises. Une fois encore, j'ai l'impression de repartir de plus loin... de plus creux!
Rester droit dans sa vie, personnelle ou professionnelle est un combat de tous les jours. Pas facile d'accepter ses limites, ou celles qui nous sont imposées... J'imagine le défi quotidien dans votre classe!
@ Magicbird: un peu long à mettre les choses en ordre...je parle rarement de mon ex-femme, même ici...
Je ne pensais pas pouvoir transmettre ces choses et les faire bien percevoir... merci du commentaire!

Écrit par : sdf de luxe | 09/05/2012

Les commentaires sont fermés.