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02/12/2012

Série noire...

Je m'accroche à des petites choses pour garder la tête hors de l'eau. Une de ces choses, c'est un petit rituel de longue date, sur lequel je m'appuie pour me convaincre que la vie réserve du bon, du meilleur à venir... Je m'y accroche d'autant plus quand je suis à la rue. Cela me rassure sur ma capacité de faire quelque chose de positif pour moi même en situation difficile.

Ce rituel; les croissants du dimanche!

Alors hier, en fin de journée, je décide d'aller dans une des boulangeries où ils font les meilleurs croissants de Montréal. La dernière fois que j'y suis allé, j'ai mis une croix dessus. Ils avaient changé de boulanger, et les croissants étaient plus qu'ordinaires. Je me pousse à y retourner pour voir si... et, bonne surprise, ils sont redevenus à la hauteur du meilleurs de mes souvenirs. J'en achète trois. Au milieu de la nuit, dans mon lieu d'échappement aux froids redoutables, petit espace de survie de quatre ou cinq heures au plus dur de l'errance, je me réveille en sursaut. Mes croissants, mes croissants ne sont plus là! Je me maudis à voix haute. J'ai oublié mon petit sac de papier et son contenu si précieux sur un banc. Celui d'une station ou celui d'un bus, je n'arrive pas à me souvenir. Je peste doublement en me disant qu'il va probablement être jetté à la poubelle. Si au moins je pouvais avoir la certitude qu'il allait être mangé par quelque affamé...

C'est un des traits particuliers à l'autisme. Ce besoin de certitudes qui nous fait "rusher" jusqu'à l'extrème lorsque l'on n'a pas de réponse satisfaisante à un problème posé. D'où l'obsession compulsive qui résulte parfois d'évènements insignifiants.

Cette difficulté à mettre en perspective, à relativiser...

À cet instant, pour moi, ce petit oubli me renvois à mes incapacités. Incapacités à accomplir convenablement des tâches simples. Incapacité d'être suffisament adéquat pour ne pas me mettre dans des situations extrêmes. Incapacité d'accomplir mon rituel soigneusement planifié pour le lendemain... J'ai envie de me foutre une balle dans la tête tellement cela est insupportable!

Vous rendez-vous compte? Une balle dans la tête pour trois croissants... comme le désespoir peut rendre un esprit affaibli complètement hors piste!

Je me répète en boucle qu'on ne se fout pas une balle dans la tête pour trois croissants. Je sais intérieurement qu'il n'y a pas juste ces trois croissants, bien évidement. Je finis par me rendormir.

Au réveil, je suis à nouveau hors de moi. Mon lecteur MP3, mes croissants... insupportable!

Je calcule... si j'en achète d'autres, ce sera à la boulangerie sur mon trajet. Ils sont presque un dollar plus cher. Si je fais cela, je ne mangerai pas du reste de la journée, car j'aurai explosé mon budget. Mais je ne peux m'y soustraire. Renoncer à mes croissants aujourd'hui aurait un impact désastreux sur ma semaine. J'ai besoin de ces quelques routines que j'ai réussi à installer, et celle-la particulièrement, que j'ai réussi à préserver à peu près intègre.

Alors j'achète mes croissants. Non seulement sont-ils plus cher, mais surtout, ils sont bien moins savoureux. Presque insipides. Pas grave...

Mon café est tiède du coup, puisque j'ai dû le faire au sortir de mon trou nocturne.

Commentaires

Bonjour
le rituel, un moyen de tenir.
Dans ma voiture, il y a quelques années, je m'obligeais à tourner le bouton radio dès que j'entendais sonner 6 heures au clocher. C'est à ce moment que je construisais ma journée et les objectifs à atteindre en plus de certaines formalités à accomplir.
La balle dans la tête ? Exclu. La vie appelle quend même.
Bien amicalement

Écrit par : rony | 03/12/2012

@Rony: Oui, je vois bien tes réveils...!!!
Et oui, la vie appelle encore...toujours!

Écrit par : sdf...de luxe!s | 03/12/2012

Les commentaires sont fermés.