21/03/2013
et puis...
Un texto m'informe que finalement, elle rentre plus tôt que prévu chez elle.
Je me dirige chez elle. Plusieurs de ses amis sont là. Elle s'excuse de changer son programme à brûle-pourpoint. Je la rassure sur le fait que cela ne me dérange pas, au contraire.
Parmis ses amis, un se démarque par sa répartie, son humour que je trouve acidulé à point.
Nous allons regarder un match de football américain opposant l'équipe de son état d'origine, l'Alabama, et l'Indiana, en dernier match de finale. Elle m'amuse avec son analyse pointue de chacune des équipes, la composition, les forces et faiblesses, les stratégies possibles. Elle me dit qu'en Alabama, il n'y a pa s grand chose à faire, alors le football américain...
J'aime bien le football, mais le spectacle est aussi dans le salon. Son enthousiasme devant la victoire écrasante de son équipe est communicatif...
Après le match, nous discutons à batons rompus. Ses amis viennent d'horizons très divers, tous très sympas, intéressants dans leurs spécificités.
J'apprends que ce gars à l'humour si incisif est un acteur, stand-up comique et auteur. Baratunde Thurston, auteur primé, best-seller du New-York Time pour son livre "How to be black" (litéralement; Comment être noir). Le livre est effectivement vraiment très sympa.
Voilà, je repartirai le lendemain avec un rayon de soleil, le souvenir d'une rencontre, de rencontres surprenantes, enrichissantes, qui me transportent encore dans le roman de ma vie!
Le bateau dérive rapidement, mais j'avais pris soin de partir au début de la marée descendante, donc le courant me porte. J'évalue rapidement les options. En fait, le choix est incontournable. Je vais continuer à la voile. La rivière n'est pas large, ce sera sportif, souvent contre le vent, mais je ne peux pas faire autrement, tout est trop limite.
Trois jours plus tard, toujours à la voile, toujours vent de face, je suis entre les deux bouées de sortie de Norfolk. La nuit est tombée depuis deux bonnes heures. Je surveille nerveusement le traffic maritime. Je dois tirer deux bords en plein milieu du chenal des cargos. Rien à l'horizon, je me lance. Combiend de temps s'écoule? Je ne sais. Ce sont des secondes... trente... soixante... Quelque chose me vrille le dos. Je me retourne. Le cargo, sorti de nulle-part, à une vitesse très supérieure à ce qui est usuel dans ce chenal, est à deux cents mètres de moi, en pleine trajectoire de collision. Je suis incapable de définir sa route. Tout ce que je vois, c'est cette masse d'acier qui va me couler dans 15 secondes. Je calcule les options. Tirer à babord m'oblige à perdre 15 degrés sur le vent. Ces 15 degrés peuvent être la différence entre la vie et la mort. Je fonce sur tribord. Pendant de longues secondes, 4 ou 5, je pense que je suis perdu. Je m'apprête à prendre le bain, tout perdre. C'est l'hiver, un front polaire balaie la baie de Cheseapeake. "Je vais déguster", me dis-je. Je n'ai pas rencontré un seul bateau de plaisance depuis mon départ. La rive n'est pas très loin, mais l'eau est très froide. Cramponé à la barre d'une main, à l'écoute de génois de l'autre, je calcule... 6, 7... ça va passer! Je regarde la proue passer devant moi, à quelques mètres. Je lève la tête. Mon mât va-t-il être arraché par le pont en surplomb?
Non, je vois mon mât, quelques mètres sous la voute du bateau, se dégager tranquilement de la zone dangereuse.
Encore une fois, dès que les calculs m'ont donné l'option la plus probablement salvatrice, je mets tout en oeuvre pour en tirer le plein potentiel. Encore une fois, cela me sauvera la vie!
Je regarde le cargo passer le long de mon voilier. Il est énorme. C'est un porte-container de bien plus de deux cents mètres. Il est à près de trente noeuds, beaucoup trop vite pour cette zone. Dès qu'il est passé, je mesure pleinement l'ampleur de ce qui vient de se passer.
La loi de Murphy, "loi" anglaise, est également appellée en français chez les marins québécois "la loi des emmerdements maximum". Quand ils commencent en bateau, c'est une réaction en chaîne sans fin.
02:35 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Juste ce qu'il faut pour que ça passe sans que ça casse (pour toi : il y a un ange qui veille sur toi...
J'ai parfois fait l'expérience de ce que j'ai nommé "distorsion du temps" : en voiture tu te dis que l'autre voiture ne peut que te rentrer dedans... Et puis là il y a une brèche dans.le temps, comme si ça se passait au ralenti, la collision est évitée. Et toi t'es dans la voiture mais tu observes comme en spectateur, très difficile à expliquer. "
Je ne sais pas pourquoi ton histoire me fait penser à ça... J'ai eu peur en la lisant j'ai imaginé le monstre
fonçant sur ton frêle bateau...
Ouf tu es là pour nous raconter.... !
Prends soin de toi....
Écrit par : Petite vois | 23/03/2013
Un ange... oui, peut-être.
Mais statistiquement, je me dit que je ne peux pas avoir 100% de malheurs dans ma vie, et que la misère que je vis depuis ma petite enfance est le prix à payer pour être encore en vie, en parfaite santé physique.
La distorsion du temps... j'appelle ça "glissement temporel" ;-)
J'ai expérimenté cela de temps à autre. Mais ce n'est pas ce qui c'est passé cette fois-ci. Quand une vie est en jeu, que ce soit la mienne ou celle d'un autre, je passe instantanément en mode "surhomme" et dégage tous les moyens que mon être a à sa disposition. Je pense que tout le monde a cette capacité en lui. En l'occurrence, c'est une hyper-concentration instantanée que j'ai débloqué pour sauver ma peau. Je fais une première analyse des éléments, évalue les possibilités et les chances de succès, puis en extrait une stratégie. Je développe ensuite toute mon énergie pour mettre en oeuvre ma stratégie et en faire un succès.
Mon moniteur d'auto-école m'avait dit d'ailleurs que les gens avaient souvent des accidents parce que face à un danger, ils avaient tendance à focaliser sur le danger et non sur les issues. J'ai intégré cette leçon à la manière des autistes, comme un fondement de la réactivité face au danger. Cela m'a sauvé la vie plusieurs fois.
Cette fois-ci, c'était particulièrement impressionnant, notamment à cause du gigantisme du cargo, de la nuit, du froid...
Écrit par : sdf...de luxe! | 23/03/2013
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