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11/01/2012

Un petit tour...

Un peu plus de six ans que j'ai commencé à glisser doucement, à devenir quelqu'un d'autre...à moins que je ne sois redevenu moi. Des nuits dans ma voiture, puis dehors...

En allant dîner avec mon fils, je ne peux m'empêcher de refaire le tour, une fois encore...

Des visages, des souvenirs... mes anciens employés... ma secrétaire, deux enfants en bas âge, récement divorcée, dont le petit frère s'est suicidé... tout cela la même année!

J'ai connu ce petit bonhomme alors qu'il avait neuf ou dix ans.

Ma nuit la plus froide dehors; moins quinze degrés. "Petit joueur!"

C'est en voyant un sans abris marcher toute la nuit par moins trente, quelques années auparavant que j'ai compris comment il survivait dehors depuis si longtemps.

Alors je n'ai pas eu peur, cette nuit là, de faire pareil. Me recroqueviller à l'abri du vent pendant quelques minutes, assis sur une pile de journaux et de cartons, pour essayer de grapiller quelques instants de sommeil. Ne pas rester trop longtemps, pour ne pas faire fondre la neige et qu'elle imprègne le papier. Ne pas trop me refroidir non plus. Me lever, marcher d'un pas vigoureux, sauter sur place... et très vite, l'envie de m'allonger sur la glace du fleuve et me laisser engourdir pour ne jamais me réveiller. Les heures les plus dures? Trois heures à cinq heures trente, l'heure d'ouverture du métro. Heureusement, j'ai toujours trouvé les ressources en moi pour ne pas me laisser aller complètement.

Aujourd'hui, je suis bien d'avoir ce vécu. J'y repense sans aucune amertume, avec une certaine jubilation même, peut-être. Cela m'a rendu meilleur. Non que je n'eusse été "bon" auparavant. Simplement, je suis meilleur maintenant. J'ai une perspective sur tant de choses, une perspective qui ne s'aquiert qu'au prix du sang!

Je suis au chaud, je regarde par la fenêtre, voyant sans les voir les drames qui se déroulent quotidiennement autour de moi, à quelques pas, un peu plus loin. Bien que relativement épargné par la crise, le Canada voit son lot de laissés pour compte grandir néanmoins. Rien comparé à la France, mais le dérapage est perceptible malgré tout, plus insidieux peut-être.

Deux ans maintenant que je suis raisonnablement logé et que je mange tous les jours. Deux ans que je tire mes épingles du jeu, une à la fois... pas encore une vraie vie, je dois accepter de rester enfermé dans ma tête une plus grande partie de mon temps, pour survivre, pour parvenir à endurer le contact humain suffisament, pour ne pas me couper totalement du monde. Je n'ai pas le même regard sur le temps, sur la solitude que le monde qui m'entoure. J'ai besoin de ces barrières qui me protègent du contact. C'est pour cela que j'ai toujours tant aimé naviguer en solitaire.

Je suis au chaud, je regarde par la fenêtre. Je vais plutôt bien, surtout si je compare...

Commentaires

Bonjour
Petit tour et grand réfexion sur soi et les autres. La relation à l'autre va encore évoluer, le "monde" n'accepte pas toujours la différence, il aspire plutôt à l'indifférence, triste, morne, sans saveur. Mais, pas à pas, on continue à avancer, et c'est ton cas.
Bon courage
amicalement

Écrit par : rony | 13/01/2012

Oui Rony, la vie est un long voyage, plein de péripéties...

Écrit par : sdf de luxe! | 16/01/2012

Les commentaires sont fermés.