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10/11/2012

Vagues ondulations...

Début de l'autre automne, celui des depressions (météorologiques) qui s'enchaînent les unes après les autres.

Toutes mes routines brisées, il faut que je fasse une transition vers le pire pour le meilleur. Je visualise le pire de l'hiver, repense aux nuits les plus froides passées dehors, évalue que je connaîtrai peut-être pire encore cet hiver, les températures descendant parfois à moins trente, moins trente-cinq. Je cherche des stratégies, des possibilités à côté desquelles je serai passé, inlassablement.

La pluie, le temps maussade s'est installé pour des jours. Ayant quelques dollars en poche, je me décide à chercher une chambre.

J'en trouve une pour quelques jours. Un trou comme il ne devrait pas en exister dans nos pays dit civilisés, où des rapaces fondent sur les plus démunis pour les tailler en pièces et s'en repaître. L'odeur m'est dificilement supportable. En plus, j'ai l'odorat qui s'est hyper-sensibilisé depuis le début de mon séjour dans la rue. Je sens les choses que je ne sentais pas auparavant. L'odeur du chlore dans l'eau, pourtant très faible dans la plupart des secteurs de Montréal, me lève le coeur (raison pour laquelle j'ai fait ces coliques nefrétiques). Dans les couloirs de métro, dans les bibliothèques, je sens (par le nez!) les choses, les gens, avant de les voir. La salle de bains est couverte de moisissures. Mais bon, il est difficile de trouver quelque chose pour une courte durée à prix raisonnable. Au moins serais-je à l'abris, à défaut d'être au chaud (évidement, le chauffage n'est pas encore en fonction. Il fait entre 12 et 15 degrés, selon l'heure de la journée. La chambre, sans être propre, est vivable à comparer de la cuisine et de la salle de bains.

Le locateur (il n'est pas propriétaire, il loue l'appartement qu'il sous-loue à la chambre) me demande une caution pour la clé. Lui demandant une reçu pour les 10$ qu'il réclame, il me dit; "la clé, c'est ton reçu. Tu me rends la clé, je te rends tes 10$".

Après 2 semaines dans ce taudis, au moment de rendre les clés, le locateur me demande le reçu pour les dix dollars.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je lui répète ce qu'il m'a dit sur un ton instantanément agressif. Il menace d'appeller la police.

J'évalue la situation. Sans preuve, je n'ai aucun recours. Ce n'est pas juste le 10$, c'est le fait que ce gars est une ordure qui s'attaque aux faibles, et essaie, en plus de les voler légalement, d'ajouter l'insulte à l'injure.

Je réponds d'un ton glacial, plein de sous-entendus, mais sans menace, que je veux mon argent. J'évalue à nouveau la situation en une fraction de seconde. Trois solutions m'apparaissent; La première, lui exploser la tête. Vraiment, il m'a fallu toute ma raison pour ne pas passer outre toutes les raisons. Il a les bras le long du corps, les jambes en mauvais appui, alors que je suis tendu comme une arbalète, en appui semi-fléchi sur mes deux jambes "boostées" par trois mois de vélo intensif, et j'ai mangé tous les jours deux repas par jour, presque sans interruption depuis trois semaines. Sa position ne lui laisse aucune chance. Le premier impact sera un coup à la tête, sur le côté temporal, avec le poing dans l'axe de ma jambe d'appui. Le choc sera d'une violence extrème. Même avec les meilleurs reflexes du monde, il n'aura pas le temps de remonter ses bras. Le deuxième coup sera un coup de genou remontant, et je devrais avoir le temps de lui mettre une claque violente sur l'oreille gauche, qui l'empêchera de retrouver l'équilibre, et qui, avec un peu de chance, lui endommagera le tympan. Ensuite, je le latte à coups de pieds jusqu'à ce que je sois sûr d'avoir le temps de sortir. Je ne me suis jamais battu, sauf une fois, pour me défendre d'une agression à l'age de quatorze ou 15 ans. Cependant, j'ai appris à me battre et à encaisser, notament les coups de mon frère aîné, pendant des années. Je ne m'énerve qu'extrêmement rarement, et encore, c'est un énervement "soupape", contrôlé. Les commentaires systématiques à mon endroit sont que je suis une personne d'un sang-froid et d'un calme frappants. Il y a un début à tout... peut-être!

Je sais que les enjeus sont de taille quand on se laisse aller à la violence. Je n'aurai pas agressé je pense à moins d'avoir le moindre signe de tentative de sa part. Mais ça fait du bien, ça défoule juste de l'écrire!

Les deux autres possibilités;

Prendre le téléviseur de ma chambre et le balancer par la fenêtre dès qu'il a le dos tourné. Cela ne me rendra pas mes 10$, mais cela lui en fera perdre 50, plus tout le trouble! La troisième est la moins plaisante; il peut très bien revenir avec deux ou trois gars me faire ma fête, ou avec la police... il faut que je m'y prépare si je n'opte pas pour la première.

Cependant, je vois qu'il  s'énerve et perd un peu son sang-froid au regard de mon attitude. Je sais que quoiqu'il arrive, j'ai gagné! Il fouille ses poches, sort un billet de 20$ et me demande si j'ai de la monnaie. Je n'en ai pas. Il me dit d'attendre là, qu'il va aller en faire au dépanneur (un dépanneur, ici, c'est la petite épicerie de quartier où on trouve les produits "essentiels" (des chips, de la bière, des cigarettes... bon, aussi du pain industriel et quelques denrées!).

Là, je crains vraiment que ce ne soit la trosième option qui se prépare. Je décide d'affronter cette possibilité.

Dès qu'il a tourné les talons, il se dirige vers la sortie. Je n'ai jamais vu comme option dans ma vie la possibilité d'attaquer quelqu'un par derrière, depuis le jour où mon frère m'ayant passablement tabassé et humilié (c'était jamais dans le but de blesser physiquement, juste l'orgueuil et quelques douleurs pendant quelques heures...), où mon frère, disais-je, m'a tourné le dos pour s'en aller. Cette fois là (je devais avoir 8 ou 9 ans, lui 13 ou 14), après avoir évalué tous les risques, j'ai fait le geste suicidaire de lui sauter dessus. Bien que beaucoup plus petit et pesant à peine la moitié de son poids, j'ai toujours eu une force redoutable, surtout par l'utilisation que je fais de la cinématique de mon corps, joignant toutes les forces possibles en un mouvement de coercition dévastateur. Dans un mouvement similaire à celui que je viens de décrire, j'ai pris de la vitesse. Il a fallu que je saute pour pouvoir porter mon coup, un coup de poing d'une violence improbable au vu de mon gabarit, juste au dessus et à droite de la nuque, sur la boite crânienne (j'avais peur qu'en frappant la nuque, je ne le blesse sérieusement). Il s'est écroulé net, et à mis un long moment avant de pouvoir se relever. J'étais déjà loin, très loin quand il y est parvenu.  Bien sûr, je n'avais remporté qu'un piètre victoire dans une guerre perdue d'avance!

Mais aujourd'hui, en voyant cette ordure de dos, en imaginant qu'il avait peut-être en tête d'aller chercher du renfort pour m'exploser la tête, j'ai bien été tenté! Mais j'ai résisté. J'ai rassemblé mes affaires, mis à portée deux ou trois objets pouvant me servir à me défendre au besoin. Je lui ai donné 5 minutes avant de prendre le téléviseur et le balancer par la fenêtre.

Il est revenu seul, avec mon argent, que j'ai arraché de sa main en passant à côté de lui à le frôler. Il n'eut pas fallu qu'il me touchasse. J'étais toujours aussi tendu et prêt à bondir. Il s'est mis à aboyer de loin. Cela m'a fait sourire. Chien qui aboie...

16:27 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

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