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10/04/2013

Mosaïques (2)

Le ventre vide, le bateau qui, sous son grément de fortune, avance péniblement et refuse de remonter correctement au vent, je me fais instantament un portrait réaliste de la situation et de la misère qui m'attend. Tout va se jouer à la résilience. Le moral va déterminer la survie. Techniquement, c'est jouable. Mais l'accumulation du poids des derniers mois, des dernières années, peut aussi bien me fournir des armes pour m'achever ou pour me sauver.

S'ouvrir les veines et ouvrir les vannes... tout disparait... quelle différence cela ferait-il à la surface de la terre, à la surface de la mer...

Un échec de plus... j'en cumule tant!

Et je suis là, sur la couchette du carré, à regarder les étoiles en me disant qu'il faut que je sorte faire mon tour de veille. Mon esprit est déjà ailleurs, mon corps refuse...

Le reveil que j'ai acheté ne sonne pas assez fort pour que la sonnerie couvre le bruit de la mer, les bruits du bateau. Je suis seul avec moi-même pour m'auto-réveiller toutes les quinze minutes pour cette veille des cargos, indispensable!

Tout à coup, un autre de ces vacarmes assourdissants qui auront ponctué ce cheminement sur la voie de la loi de Murphy se fait entendre. Je sors immédiatement de ma torpeur en me disant que cette fois-ci, mon manque de rigueur aura eu raison de moi. Je bondis dehors. Ça me prend quelques secondes avant de comprendre ce que sont ces lumières. Je tourne la tête. Une muraille d'acier défile sous mes yeux. Elle est tellement proche que je pense avoir heurté le cargo. Je manoeuvre rapidement pour m'éloigner, puis je fonce dans la cabine à la recherche d'une voie d'eau. Rien de visible. Il me faudra attendre le matin pour constater que je n'ai pas heurté le cargo, mais que j'en était si près que le vent de son déplacement a fait claquer mon foc et empaner ma grand-voile, provoquant ce vacarme improbable.

Je prends la mesure de ce qui vient de se passer, en me disant que d'un côté, je présente tous les atouts pour me sortir de cette situation victorieux, et que du fait que j'ai cumulé toutes les malchances, je me suis préservé de cette ultime possibilité de me faire couper en deux par ce cargo.

De l'autre côté, je prends conscience que je  ne peux plus étirer l'élastique et qu'il me faudra puiser plus profond encore dans toutes mes ressources!

06:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

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