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10/04/2013

Mosaïques

Je n'arrive pas à récupérer malgré mes efforts. Je m'autorise une prolongation de nuit sans sommeil, poussant la machine un peu plus loin, encore...

Avec la nuit tombant, le vent forcit à nouveau. Devant sa rapide montée en puissance, je réduis la toile pour ne pas avoir à faire de manoeuvre la nuit. Mais cela ne suffit pas. La vitesse du vent continue de monter. Je tente de réduire à nouveau le génois, qui refuse de s'enrouler malgré tous mes efforts. En quelques secondes, le vent furieux le met en lambeaux dans un vacarme assourdissant. Et avant que je n'ai le temps de réagir, la grand-voile, du haut de ses quarante ans, cède à son tour.

Alors que je parviens à affaler la grand-voile, rien à faire pour le génois. Je change de cap pour soulager au mieux la voile et ficelle avec une amarre ce qui peut l'être des lambeaux. Je commence à prendre la mesure de la galère annoncée. La loi de Murphy se matérialise.

Les deux jours suivants, je tente de trouver un moyen de sécuriser le génois, puis j'envois un foc numéro trois non endraillé. Je casse la drisse de spi puis la drisse de génois que j'ai récupéré lors d'une accalmie en enlevant le génois sur enrouleur devenu inutile. Je calcule rapidement l'ampleur des dégats. Des dix ou douze jours que devaient durer la traversée, j'évalue maintenant un minimum de vingt à trente jours de navigation, alors que je n'ai que 5 jours de bouffe. Je recale mon menu pour faire durer au moins quinze jours mes maigres provisions. Passé ce délai, il me faudra tenir avec de l'eau uniquement.

Je parviendrai à préserver un menu de deux cuillérées de céréales le matin, et quatre cuillérées de purée en flocons partagées entre midi et soir, jusqu'au vingt-deuxième jour. Heureusement, je me promène toujours avec une boite de vitamines C et de vitamines E, et je peux ainsi compenser un peu ma diète de misère. La carence en vitamines et en protéines se feront douloureusement sentir malgré tout.

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Entre l'humidité ambiante "normale", la carence alimentaire, et ces jours à barrer sous la pluie, les embruns et les déferlantes, la peau de mes mains part en lambeaux. Chaque maneuvre m'enlève maintenant une couche d'épiderme! Le bout de mes doigts est à vif et la peau ne parvient pas à se reformer assez rapidement.

Je passerai en tout plus de vingt jours sous-alimenté et huit jours avec deux verres d'eau matin et soir et un verre d'eau sucrée le midi, pour une traversée qui aura duré plus de trente jours. Je m'autoriserai un verre d'eau sucrée en cas de besoin, manoeuvre d'urgence, virement de bord, afin de ne pas risquer de perdre connaissance à cause d'une crise d'hypoglycémie.

05:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

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