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04/03/2014

parce que...

Parce que face à l'injustice, je ne peux rester indiférent. Parce que je ne peux pas vivre sans la combattre...

Parce que j'ai eu une enfance de merde... injuste depuis la naissance, probablement!

Alors quand j'ai repris contact avec une amie qui m'avait injustement stigmatisé il y a quelques temps, elle a sauté sur l'occasion pour redresser son erreur, avec beaucoup d'honnêteté. Je n'ai jamais douté de son honêteté, même quand elle m'a mal jugé.

Et rapidement, j'ai vu sa détresse, ces mois terribles qu'elle venait de passer. Je l'ai accueillli à l'aéroport. Un moment qui m'a révélé un peu plus à moi même avec le recul.

Quand elle s'est appuyé contre moi, dans l'autobus, et qu'elle s'est endormi la tête sur mon épaule, j'ai su qu'elle trouvait enfin un moment de paix, en sécurité.

S'en est suivi une période bizarre, où elle luttait contre des démons qui la poursuivaient. Les démons de son enfance, maltraitée par ses propres parents, sans un pour compenser l'autre. Des séquelles lourdes, psychologiques autant que physiques...

Et une route cahotique sur laquelle ses doutes, y compris à l'encontre de mes propres motivations dans mon désir de l'aider.

En quelques semaines, j'ai dû encaisser bien des choses de sa part, mais en aucun cas je n'ai douté de sa rectitude. Je pouvais comprendre ses doutes, même si je les trouvais injuste. Puis, elle a fini par se rendre compte que ma rectitude était égale à la sienne.

Quand elle m'a demandé de l'aider, j'ai pensé moi aussi un moment qu'elle se servait peut-être juste de moi. Mais au regard de tous ceux qui se sont servi d'elle, qui l'ont dépouillé de tout, je trouvais que je pouvais lui accorder un peu du peu que j'avais. Ce peu était bien plus que le rien qu'elle avait.

Alors j'ai commencé par monter un dossier relativement facile pour poursuivre aux petites créances un connard qui lui avait emprunté une somme d'argent conséquente et qui refusait de la rembourser.

Puis de lui trouver une petite voiture d'occasion. Elle a des problèmes de concentration, mais ne savait conduire que  des voitures automatiques. Ici, on peut obtenir son permis en ne conduisant que des voitures automatiques. Ce qu'elle a fait. On en a discuté. Je lui ai expliqué les raisons pour lesquelles je pensais qqu'elle devrait apprendre à conduire des voitures manuelles. Elle s'est rangé à mon avis. C'était un défi, pour moi comme pour elle. C'était un risque... je me sentais très responsable du choix dans lequel je la poussais. J'étais inquiet malgré tout.

Elle ne se souvenait pas que 3 ans plus tôt, je lui avait donné ses premiers cours de conduite. Je voulais l'aider à devenir autonome et la doter d'outils indispensables. Alors que je luttais pour m'en sortir, je lui ai donné mes électros quand je les ai remplacé par de meilleurs, il y a quelques années. Un de ses "amis" lui a pris en promettant de la payer plus tard. Une fois de plus elle s'est fait avoir...

Je lui ai trouvé une petite voiture en bon état, avec relativement peu de kilomètrage, à très bon prix. Je la mets rapidement derrière le volant, sur un parking. Je la filme en lui disant que là, elle ne pourrait pas dire qu'elle ne se souvenait pas...

Puis, sans grand délai, je la mets sur la route. Une petite route peu fréquetée d'abord, puis rapidement, dans la circulation de la ville... Sa progression est rapide. Elle me confirme rapidement que ce choix lui permet d'éviter ces moments d'absence qu'elle a régulièrement.

Quand je lui dit qu'elle progresse bien, elle me répond que c'est parce qu'elle a un bon prof.

Elle parle maintenant de retourner en Alberta, où elle a passé quelques temps dans l'espoir d'y trouver de meilleures conditions pour elle, et pour couper avec son passé. Je ne peux que la comprendre... n'ais-je pas fait la même chose?

Mais en même temps, je visualise clairement tout ce qui l'attend. Je ne peux pas la laisser partir seule.

Et quand ellle me dit qu'elle veut partir, je lui répond sans hésiter que je l'accompagne.

Près de 3900km avec sa petite voiture de 10 ans d'âge, 110 000km au compteur. Elle qui n'a jamais conduit l'hiver et qui commence à peine à maîtriser la conduite manuelle...

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Je fais une révision rapide de l'auto, regarde le peu de choses qui composent son bien et qui tient dans cette petite voiture, me laissant un peu de place pour y poser mon bagage et quelques choses pour l'aider à redémarrer...

Les préparatifs sont laborieux. On reporte le départ pour boucler les impératifs. Nous partons sous le soleil, en fin d'après-midi, un mercredi. J'aurais préféré partir le matin de bonne heure. Une tempête de neige nous attend quelques centaines de kilomètres plus loin. Nous conduirons 24 heures sans s'arrêter, sauf pour manger et faire le plein. Elle conduira de longues heures dans des conditions difficiles. Elle rattrapera habilement une perte d'adhérence totale sur l'autoroute, entre deux camions. Dès le début, j'ai dormi sans apréhension quand elle conduisait. Les accidents, de toutes façon, ça arrive quand ça veut, bon ou mauvais conducteur. Mon petit côté fataliste!

Les paysages sont magnifiques. La lune, géante, se levant sur les prairies...Traverser le Canada en voiture, l'hiver, reste une expérience forte!

Après 3 jours sur la route et près de 3900km, nous sommes arrivé à Edmonton, Alberta, par près de -30°C.

Encore une de mes histoires à dormir debout...

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