28/02/2014
Mais pourquoi...???
Pourquoi suis-je à nouveau dans une situation étrange, surréaliste...
L'an dernier, à la même époque, je naviguais sur un bateau plus ou moins en état, avec 5 jours de provisions pour finalement parcourir plus de 2000km en un mois. Arrivé amaigri, les derniers jours ne m'offrant que deux verres d'eau sucrée comme seule ration quotidienne, juste de quoi ne pas défaillir...
Et aujourd'hui, après quelques semaines de silence, me voilà encore à plusieurs milliers de kilomètres de "chez moi".
Et d'une bibliothèque, je vous livre un nouveau bout de route. Ce matin, je tombe sur le deuxième vidéo de cette note. Un tas de morceaux de puzzle se mettent en place...
Je fouille un peu, histoire de vous présenter ce que j'ai vu, et comment cela se raccorde à mon présent.
B.A.C.A signifie "Bikers Against Child Abuse"; Les motards contre les sévices sur les enfants...
C'est le reportage suivant qui m'est rentré dedans ce matin...
http://screen.yahoo.com/inspiration/bikers-change-lives-a...
La bibliothèque va fermer, mais je vous reviens sous peu... avec une traduction pour ceux qui ne captent pas la langue de Shakespeare...
04:42 Publié dans le début de l'histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
21/10/2013
Voyage au coeur de ma tête...
Depuis 2006, mes épisodes dans la rue (jusqu'à 5 mois concécutifs) ont totalisé deux ans et demi. À chaque fois, le même schéma: Je déploie des efforts surhumains pour rentrer dans un moule qui me permette de survivre en société. Après quelques temps, les efforts dépassent ma capacité. Et c'est la rupture et le retour dans la rue.
Depuis le début, et aujourd'hui encore, je me considère sdf... de luxe car mes ressources mentales, cérébrales, dépassent celles la moyenne des sdf dont je croise le chemin dans la rue. Elles dépassent paradoxalement celle de la majorité des gens dans certaines sphères. C'est ce qui laisse les professionnels qui m'ont évalué perplexe. C'est pour cela que j'ai eu tant de mal à me faire diagnostiquer. Rien ne correspond aux "modèles" dans mon profil.
Un esprit trop puissant pour pouvoir être incapable de gérer certains aspects de la vie quotidienne... C'est bien là le plus grand paradoxe!
Et comment ais-je fait pour vivre presque normalement pendant si longtemps?
Rendez-vous il y a quelques jours avec mon médecin traitant. Elle a la mi-trentaine, me suit depuis cinq ans, ne croyait pas à mon autisme mais a finalement décidé de me référer pour évaluation psychiatrique. "Essentiellement pour écarter l'incertitude au sujet de l'autisme", m'avait-elle dit. Mais elle avait quand même ajouté: "Mais parfois, ce sont les patient qui ont raison. Ils savent parfois mieux que nous dicerner leurs problèmes."
C'était donc la première fois que je la revoyais depuis mon diagnostique. Elle avait reçu le rapport du psychiatre. Je lui avais écrit un mot lui demandant de devancer notre rendez-vous, prévu pour la fin du mois. Elle est un peu abasourdie de ce qu'elle a lu. Mais elle a rapidement fait le lien avec l'ensemble du dossier qu'elle a monté sur moi au fil du temps, et sa réaction est très vive, brillante, pour tenter de me recadrer dans cette nouvelle dimension.
Comme le psychiatre, ce qui lui semble le coeur de mon problème, c'est la distance que je mets entrre ce que je raconte et ce que cela représente réellement pour moi. Toutes ces histoires de ma vie qui semblent incroyablement dures et que je décris comme un cours de science. À chaque fois, j'en reviens au même point; "Vous savez, personne n'imagine comment il est dur de vivre dans la rue..." Et encore une fois, je le dis comme si je racontais mon week-end en camping. Mais le dimanche soir, il n'y a pas un logement douillet pour me remettre de mes émotions... Cela fait déjà bientôt deux mois que je suis à nouveau dans la rue...
Elle me donne plusieurs trucs pour redéfinir ma façon de communinquer. Elle dresse également les contours d'un cheminement.
Aujourd'hui, j'ai pu faire sécher mon sac de couchage. Enfin, le laver et le sécher. Quand je me suis fait surprendre par la pluie, l'autre nuit, je n'ai pas eu le temps de plier avant que tout soit trempé. J'ai alors calculé les options. Ramasser tout et me mettre à l'abri, trempé, avec les courants d'air,,, ou rester sur place, me recroqueviller au mieux pour conserver la chaleur le plus possible et tenter de retrouver quelques minutes de sommeil... La pluie redouble, l'eau entre doucement dans le sac de couchage. Sur le dos, ça va. L'humidité se réchauffe au contact de mon corps. Mais pour combien de temps? Sur le ventre, c'est un peu plus froid. Je cherche à éloigner mon corps du contact avec le sac de couchage pour ne pas me refroidir trop. Je finis par m'endormir. Au matin, trempé des pieds à la tête, je plie rapidement mes affaires, mets mon sac de couchage dans un sac poubelle que j'ai avec moi, et me réfugie dans des toilettes, où je ferai sécher mon t-shirt et chauffer un peu ma veste imperméable. Je me rhabille et parcours à vélo les quelques kilomètres qui me séparent de mes lieux de jours. Après un thé chaud, je vais pouvoir regagner mon local d'entreposage pour l'ouverture, et enfin me changer.
04:54 Publié dans A archiver: Le début du sdf... de luxe, Blog, le début de l'histoire | Lien permanent | Commentaires (4)
26/06/2012
Flash back...
J'ai vingt et un ans, je viens de me rendre compte que j'ai frappé un mur. Je décide de décrocher en réalisant mon rêve, mon obsession des dix dernières années; partir autour du monde en voilier. Bon, ce ne sera pas avec mon voilier, (dans mon rêve initial, bien sûr, c'était mon voilier...). Je vais faire du bateau stop. Je n'ai jamais navigué, mais j'ai un énorme bagage théorique acquis dans les livres et auprès de quelques marins, tant en navigation qu'en construction navale, et une bonne expérience pratique dans la construction et la rénovation de bateaux.
J'écoute la bourse des équipiers, sur France Inter, depuis plusieurs jours. Une annonce d'un embarquement pour l'Amérique du sud, départ trois jours plus tard. Je suis dans les Alpes, il faudrait que je me rende en stop en Bretagne (deux jours minimum, je n'ai pas de quoi payer le billet de train!). J'appelle, on discute 5 minutes, on s'entend, je fais mon sac. Ma mère me pose à une bretelle d'autoroute. Ce sera le début de deux années d'une incroyable intensité! Une des plus puissante vague constructrice, qui laissera aussi des cicatrices, ça va de pair!
Trois jours plus tard, c'est moi, dans le bateau, avec trois autres gars, que tout le monde regarde manoeuvrer pour le grand départ... et je me dis "putain (ouais, je jurais pas mal, à l'époque!), c'est ça, réaliser un rêve... je suis en train de réaliser MON rêve!"
15:19 Publié dans le début de l'histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2012
Un petit tour...
Un peu plus de six ans que j'ai commencé à glisser doucement, à devenir quelqu'un d'autre...à moins que je ne sois redevenu moi. Des nuits dans ma voiture, puis dehors...
En allant dîner avec mon fils, je ne peux m'empêcher de refaire le tour, une fois encore...
Des visages, des souvenirs... mes anciens employés... ma secrétaire, deux enfants en bas âge, récement divorcée, dont le petit frère s'est suicidé... tout cela la même année!
J'ai connu ce petit bonhomme alors qu'il avait neuf ou dix ans.
Ma nuit la plus froide dehors; moins quinze degrés. "Petit joueur!"
C'est en voyant un sans abris marcher toute la nuit par moins trente, quelques années auparavant que j'ai compris comment il survivait dehors depuis si longtemps.
Alors je n'ai pas eu peur, cette nuit là, de faire pareil. Me recroqueviller à l'abri du vent pendant quelques minutes, assis sur une pile de journaux et de cartons, pour essayer de grapiller quelques instants de sommeil. Ne pas rester trop longtemps, pour ne pas faire fondre la neige et qu'elle imprègne le papier. Ne pas trop me refroidir non plus. Me lever, marcher d'un pas vigoureux, sauter sur place... et très vite, l'envie de m'allonger sur la glace du fleuve et me laisser engourdir pour ne jamais me réveiller. Les heures les plus dures? Trois heures à cinq heures trente, l'heure d'ouverture du métro. Heureusement, j'ai toujours trouvé les ressources en moi pour ne pas me laisser aller complètement.
Aujourd'hui, je suis bien d'avoir ce vécu. J'y repense sans aucune amertume, avec une certaine jubilation même, peut-être. Cela m'a rendu meilleur. Non que je n'eusse été "bon" auparavant. Simplement, je suis meilleur maintenant. J'ai une perspective sur tant de choses, une perspective qui ne s'aquiert qu'au prix du sang!
Je suis au chaud, je regarde par la fenêtre, voyant sans les voir les drames qui se déroulent quotidiennement autour de moi, à quelques pas, un peu plus loin. Bien que relativement épargné par la crise, le Canada voit son lot de laissés pour compte grandir néanmoins. Rien comparé à la France, mais le dérapage est perceptible malgré tout, plus insidieux peut-être.
Deux ans maintenant que je suis raisonnablement logé et que je mange tous les jours. Deux ans que je tire mes épingles du jeu, une à la fois... pas encore une vraie vie, je dois accepter de rester enfermé dans ma tête une plus grande partie de mon temps, pour survivre, pour parvenir à endurer le contact humain suffisament, pour ne pas me couper totalement du monde. Je n'ai pas le même regard sur le temps, sur la solitude que le monde qui m'entoure. J'ai besoin de ces barrières qui me protègent du contact. C'est pour cela que j'ai toujours tant aimé naviguer en solitaire.
Je suis au chaud, je regarde par la fenêtre. Je vais plutôt bien, surtout si je compare...
15:28 Publié dans le début de l'histoire | Lien permanent | Commentaires (2)