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25/06/2012

Bonne nouvelle???

Et c'est là que ma vie prend toute sa perspective.

Quand on me rencontre, on regarde, on analyse, on ne fait pas le lien entre ce que je dis et ce que je fais, ce que je suis...

On finit par se dire "ce n'est juste pas possible!"

Trop droit, trop décalé, trop "juste pas rapport".

Personne ne prend la mesure de ce que représentent mes handicaps. Difficile de me regarder, incapable d'avancer, bloqué par tant de choses... Ceux qui me connaissent regardent dans le rétroviseur, regardent ce que j'ai fait, même la semaine dernière, et se disent "ouais, mais il n'a qu'à recommencer, ou continuer, ou je ne sais pas... ça ne se peut pas, il doit m'embrouiller là..."

Et les proches, vraiment proches, savent que non, je suis bloqué, ça peut durer quelques heures, quelques jours, quelques semaines...des mois parfois.

Depuis quelques temps, je suis capable de définir exactement ce qui se passe. J'ai réussi aussi à tracer les seules alternatives qui me permettront de continuer encore un temps.

D'abord, avoir conscience que je me shoot à l'adrénaline, à la dopamine, aux endorphines...

C'est mon seul remède, puisé en moi-même, sans aucun apport extérieur.

Seuls mes amis proches savent sans le moindre doute, quand j'embarque sur une piste de danse, que je ne suis pas "cocké", ou sous acide...

Quand je danse, je pousse mon corps à ses limites, sans arrêt, pendant cinq ou six heures. C'est surréaliste, mais juste comme plusieurs aspects de ma vie!

Sinon, c'est grimper...escalader n'importe quoi, pour me retrouver suspendu, en danger réel, limité, mais avec le "buzz" du "si je lâche". Nager, plonger, courir, danser encore...

Je ne donne des nouvelles que quand je vais bien. Que cela soit ici, dans ma virtualité, ou dans ma réalité. Cela fait deux ans que je me prépare à annoncer à mes meilleurs amis que j'ai vécu dans la rue. Je sais qu'ils vont comprendre, après le choc. Je sais qu'ils vont me hurler dessus (ou juste hurler, plus tard, quand je ne serai pas là) de ne pas avoir fait appel à eux. Je sais aussi qu'ils vont êtres frustrés, fâchés, en colère contre le monde, pas contre moi. Je sais qu'ils vont me comprendre, car ils connaissent l'autisme. C'est étrange, parce que je suis capable d'en parler à d'autres personnes, probablement parce que je sais que dans le fond, ces personnes là ne se sentent pas vraiment concernées.

Mais je suis heureux parce que j'ai un cadeau à leur faire.

Je donne aussi des nouvelles parfois quand je vais très mal, que je sens que je suis vraiment en train de glisser, de glisser et de constater que la chute s'accélère, que le déséquilibre est tel que rester sur le fil du rasoir n'est même plus possible. Je me regarde, sans jamais paniquer. C'est ce que les gens ont le plus de mal à comprendre. Quand je suis allé demander de l'aide, il y a quelques années, les gens ont d'abord été un peu suspicieux. Cette désinvolture que j'affiche dans la détresse ne cadre pas du tout avec les choses que j'exprime. Mais comment leur faire comprendre que rendu là, mon seul moyen de surmonter, c'est de me désincarner.

Aujourd'hui ou demain (peut-être), je vais transmettre une lettre à mon médecin. Elle va m'appeller aussitôt, parce qu'elle sait que si je demande, c'est parce que j'ai "grave" besoin. De quoi?

De valider les nouveaux éléments qui pointent vers l'autisme et des choses dont j'ai besoin pour surmonter mon déséquilibre. Mais ce n'est pas elle qui pourra me les apporter cette fois-ci. J'ai juste besoin qu'elle valide et précise ce que je ne sais pas.

Pourquoi? Pour pouvoir me dire que dans quelques mois, un an ou deux, j'aurai fait ce chemin là.

La dernière fois que je l'ai vu, l'an passé, au milieu de l'été, c'était parce que je savais ce qui se passait. Elle m'a donné les moyens à sa disposition, que je savais inutiles... Une prescription pour une évaluation de mon autisme (pensait-elle vraiment que c'était une possibilité, l'a-t-elle fait dans le doute, ou pour me rassurer, pour faire baisser ma tension...), l'accès à quelques ressources qui se sont révélées inutiles.

Bref, j'aurai pu lui décrire avec précision ce qui allait se passer, les options, les possibilités. Et ma situation actuelle aurait été en tête de liste de si... et si...

Ma situation actuelle... Et bien j'ai raté une marche, donc, je dois me reprendre, si c'est encore possible, s'il est encore temps... Je ne suis pas désespéré, juste au pied d'un mur, ou plutôt au bout d'un quai. Les gens me regardent et se disent "non, il va sauter!". Mais en fait, pour l'instant, je regarde les buissons de roseaux un peu plus loin, sur la rive, et je me dis que je peux encore me faire un radeau pour traverser le Pacifique à la rame. Je ne l'ai encore jamais fait. Alors, je commence à calculer...

À la fin de la semaine, je retourne à la rue. Je ne suis plus en mesure de me payer un logement.

J'ai transmis un premier manuscrit de mon premier livre à un éditeur. Je suis encore dans une valse hésitation. Il  me faut une offre qui ait du sens pour moi.

J'ai toujours en tête l'histoire d'une Québécoise qui auto-éditait et vendait elle-même ses livres de recettes de cuisines. Elle était sur son stand, dans un salon. Un éditeur commence à parler avec elle.

- Ah, vous auto-éditez... c'est bien. Vous savez, vous pourriez vraiment décoller avec l'aide de professionnels. Je serai intéressé à publier vos livres. Faire affaire avec un éditeur établi vous permettrai de vendre plus...

- Combien plus...???

- Et bien, vu la qualité de votre travail, on peut en vendre facilement 10 000.

- Euh, oui, mais l'an dernier, j'en ai vendu 300 000 moi-même! (L'auteur avoue avoir eu une humeur quelque peu vindicative en lançant cela!).

No comment

Je pense qu'une bonne petite auto-édition vaudra mieux qu'un médiocre contrat d'un gros éditeur.

On verra... Mais cette année, je publie. Les derniers moments passés avec mon fils m'ont convaincu qu'il n'y a plus de raison d'attendre, de ce côté! Donc plus de raisons du tout. Enfin... mais bon!

Je vais le faire parce que je veux terminer le deuxième, le troisième et l'autre premier livre...tous trois entammés. Le dernier (le deuxième premier... euh, vous suivez ou il faut que j'explique?), j'ai décidé de l'écrire en français et en anglais, en m'offrant la liberté d'expliquer les traits culturels de la version "langue de Molière" aux Shekespearophones. Je m'amuse beaucoup.

Donc je veux faire cela, pour pouvoir manger sans me poser de questions, ou savoir que si je ne mange pas, c'est parce que je n'écrit pas assez. Vous voyez, limiter le questionnement à un nombre de lignes produites. Je trouverai bien quelques lecteurs prêts à dépenser un peu pour mettre de l'encre dans ma plume, du jus dans mon ordi...

Ça m'enlèverait des mots de la tête, sans maux de bouche.

Alors je me prépare. C'est l'été. Je peux tenir trois mois "dans la rue" sans risque. Ça ne me fait pas trop peur. Enfin, par moment, j'ai un énorme vertige en y pensant, un truc de ouf. Mais je l'ai déjà fait, dans des conditions bien pires, et je suis passé au travers. Encore six jours...

Comment puis-je en parler comme ça? Être en train d'écrire au lieu de... au lieu de faire quoi?

Je ne peux pas, je ne peux plus...

18:31 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Ah bah du coup ça me refroidit bien, par rapport à ton commentaire chez moi :-/
Que dire ? Que j'espère que ce projet d'édition va se concrétiser vite vite et que la rue sera bien vite oubliée. Mais est-elle vraiment nécessaire ? Tes proches/amis ne demandent sûrement qu'à t'aider, et puis ils ne vont peut-être pas hurler tant que ça...Bref, quel que soit ton choix, il demandera du courage et je t'en souhaite beaucoup !
C'est quoi le projet d'édition ? Tu as déjà une cliente ;)

Écrit par : themagicorangeplasticbirdsaid | 25/06/2012

@themagicorangeplasticbird; refroidir...mais non, c'est l'été! C'est comme le petit poucet, il faut que je retrouve mon chemin. Je vais essayer de repartir du dernier point de repère "stable" que j'ai mémorisé. Je ne reprendrai pas la même route!
Comme la dernière fois, la rue est mon ultime refuge. Je ne peux pas être en contact avec le monde, même très proche. Il faut que je me re-stabilise avant...
Je présenterai mes livres bientôt... merci pour la confiance manifestée envers mon travail, ma première cliente! :-D

Écrit par : sdf...de luxe! | 26/06/2012

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