17/03/2013
Tip, top, trip
Nous finissons de manger. La sangria servie me monte un peu à la tête. Nous allons marcher dans les rues. Mon hôtesse tient à me montrer une sculpture mobile. Nous nous amusons comme des enfants lorsque la sculpture géante en acier refuse de bouger. Je la charie gentiment en lui disant que c'est encore une fable de New-Yorkais.
Je finis par trouver le moyen d'initier le mouvement, et l'énorme masse se met à tourner dans un grincement strident. Des jeunes se joignent à nous dans le jeu.
Elle m'enmène ensuite dans un café où je devrai trouver mon bonheur, me dit-elle. Je lui avait dit que j'aimais le bon café au point de traîner une cafetière expresso dans mes voyages au long cours. Elle n'a rien oublié. Elle répond aux questions de mes mails auquels elle n'avait pas eu le temps de répondre. Elle me parle de son métier de "forensic psycholgist", qu'elle ne pratique plus actuellement, mais qu'elle sait qu'elle reprendra un jour. Elle me parle de l'impression que cela fait de se retrouver devant quelqu'un qui peut tout à coup avoir des pulsions meurtrières et vous agresser sans prévenir, de ces psychopathes bien réels qu'elle a cotoyé... impressionnant!
Le café est effectivement digne des meilleurs. L'ambiance douce, dans le style "old New-York" du décors, la véranda en fer forgé, tout est propice à l'immersion dans un monde de rêve. Nous goûtons mutuellement au plaisir de nous découvrir, comme un besoin, comme une nécessité, une évidence. Le passage du virtuel au réel est toujours un saut dans le vide, avec ses bons et ses mauvais côtés. Là, c'est vraiment un chemin qui nous apporte chacun ce que nous espérions. Une rencontre simple, un échange profond, et - j'avais été très clair et mis en avant la mention qu'elle faisait de sa relation de couple - sans ambiguïté.
Le lendemain, elle m'avait préparé un itinéraire pour visiter le mémorial du WTC, et donné quelques indications. Elle me mentionne que le soir, elle sort avec de ses amis, et donc qu'elle rentrera plus tard.
Je décide, après ma visite au mémorial du WTC de silloner la ville à pied, aussi loin que je pourrai, de Battery Park en remontant au nord, en faisant des aller-retour d'est en ouest, d'une rive à l'autre. C'est ainsi que je prends la mesure des villes, des endroits où j'arrive.
Et j'y vois également cette file de sans-abris devant un centre d'hébergement... Montréal, NYC, même combat!
Je marche trois heures chaque jour pour aller chercher des provisions, des pièces de bateau, passer un moment à la bibliothèque prendre mes messages et chercher sur internet où m'approvisionner.
Trois heures de marche sous la pluie. Plus les jours passent, plus je sens que mes options se réduisent. Le froid arrive. Il faut que je décolle, sinon, je vais droit dans le mur. Je n'ai pas encore le compte de provisions, loin s'en faut. Je calcule. La traversée va durer un peu plus de deux semaines. J'ai pour une semaine de nourriture, et douze semaines d'eau. Tous les paramètres seraient trop longs à expliquer. Je décide que j'étirerai les vivres et qu'ensuite, je jeûnerai.
J'ai pas mal jeûné ces derniers mois... ça ne me fait pas peur d'ajouter quelques semaines de galère. Ce ne sera pas pire que l'hiver qui envahi mon espace!
Le lendemain de la tempête de neige, je décide de larguer les amarres. J'ai fini par réussir à mettre en marche le moteur après quelques réparations et deux purges du réservoir de carburant. Advienne que pourra.
Je dois faire trois jours de moteur pour descendre l'Appomattox river et la James river pour arriver à Norfolk. Puis, sortir de la baie de Cheseapeake par le Bay Bridge-Tunnel.
De bonne heure le matin, je me prépare. Je laisse le moteur chauffer, vais dans le petit café de la marina saluer le gérant en attendant l'ouverture du pont de chemin de fer qui me bloque l'accès à la descente. Le signal d'ouverture est donné. Le voilier glisse doucement sur la rivière. L'aventure commence. Je passe le pont sans encombre, et tout à coup, le signal des emmerdes est lancé. Le moteur s'arrête. Je soupçonne un reste de cochonneries dans le réservoir de carburant, algues et eau, malgré les deux purges. Je sais déjà que le voyage sera dur. La loi de Murphy montre son nez. Je sais qu'elle ne faillira pas!
00:48 Publié dans Fantasme de fille | Lien permanent | Commentaires (0)
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