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26/01/2015

Regarde derrière toi!

Je n'ai jamais compris comment (surtout dans les films... ça dramatise!) des gens pouvaient avoir si peu de sens de l'orientation qu'ils en tournassent en rond pour se retrouver à leur point de départ après des heures de promenade fuite déséspérée. En plein jour, ensoleillé. En pleine nuit étoilée...

Enfin, je n'avais jamais compris jusqu'à ce jour!

Bon, je ne me suis jamais pris en référence non plus. Mon sens de l'orientation est probablement plutôt hors du commun. Pourquoi n'ais-je pas craint de partir de Virginie (USA) pour les Antilles en voilier sans aucune carte? Ben, j'avais google-earthé avant, c't'affaire! J'ai visualisé cela, gravé dans ma tête... Noté des point GPS sur une page de mon agenda. Je me suis servi du GPS de mon vieux smartphone jusqu'à ce qu'il tombe en panne, puis j'ai continué à l'estime, aux étoiles. Je ne me suis jamais senti perdu. Je suis arrivé où je voulais, sans errance.

Alors pour cette randonnée en forêt Canadienne, j'ai à nouveau google-earthé, enregistré dans ma tête quelques repères et je suis parti.

Un terrain valloné, une végétation plutôt uniforme. Et la neige qui commence à tomber. Assez fortement pour que mes traces disparaissent rapidement après mon passage. Aucune lumière solaire perceptible. Le vent change de direction en fonction du relief, et même au sommet des collines, n'indique jamais la même direction. Je ne peux pas me fier comme je l'ai souvent fait à la direction de la chute des flocons.

Je me mets donc en état de vigilence extrème, enregistre les détails avec soin. Après une demi-heure de marche, je m'arrête pour évaluer ma situation. Je regarde autour de moi. Je vois la quantité infinie d'éléments qui pourrait faire que je me perde. Totalement. Les deux arbres que j'avais pris pour repère d'alignement ne sont plus dans la même perspective, et je suis incapable de les reconnaître au milieu de la forêt. C'est la forêt qui cache l'arbre cette fois-ci!

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À vingt-cinq mètres de moi, à peine visible, un orignal!

 

Je m'aperçois également que tous les repères que j'avais pris sont loin derrière moi, invisibles à cause de la neige qui tombe. Et les alignements que j'ai dû modifier en fonction du relief sont loin de faire une ligne droite. Après des kilomètres de marche, ces écarts peuvent devenir considérables, au point que certains se mettent à tourner en rond. On a de plus une tendance "naturelle" à favoriser un côté plus que l'autre, ce qui n'arrange rien et ajoute aux déviations.

J'essaie alors d'approximer cette déviation, puis je prends des repères en avant ET en arrière de moi. À intervalle régulier, je me retourne, corrige ma déviation, et prends de nouveaux repères.

C'est là que j'ai réalisé qu'en randonnée, on ne regarde presque jamais derrière soi pour prendre des alignements fiables.

(Après cette randonnée, un ami m'a donné un truc pour repérer le nord en forêt. Tu repères le côté des arbres couvert de mousse, parce que jamais exposé au soleil! Précieux conseil d'indien!).

21/01/2015

Rester droit...

Pour pouvoir continuer à se regarder dans le miroir... ou fléchir, pour ne pas mourir et ainsi pouvoir également continuer à se regarder dans le mirroir!

Mon père est mort quand j'étais enfant, dans des conditions dramatiques, pour avoir sous-estimé la force d'un oppresseur. J'ai souvent été hanté par cet évènement. Je me suis souvent posé la question; jusqu'où résister? Quand plier pour ne pas devenir une victime inutile?

Récement, le plus âgé de mes frères m'a demandé si je me souvenais de Joseph. Des Joseph, je n'en ai pas connu beaucoup. Le premier nom qui m'est venu à l'esprit, c'est ce Joseph que j'ai connu à mon entrée en sixième, en France (plus ou moins secondaire 1 au Québec). Il était seul, dans son coin, dès le premier jour victime de son allure, de son attitude. On devait faire des équipes de travail. J'ai été le premier choix de la plus jolie fille de la classe. Je lui ai demandé de choisir Joseph. Elle a accepté. Cela a permis à Joseph d'avoir une année de tranquilité. Je l'ai protégé de mon mieux toutes mes années au collège, même si nous n'étions plus dans la même classe par la suite.

Joseph, aujourd'hui, ne cesse de parler de moi à mon frère. Je n'ai jamais eu honte de lui, jamais évité de le saluer, honte de dire que c'était une gentille personne quand on le dénigrait devant moi, quand on essayait de me ridiculiser de le compter parmis mes amis. Je suis très fier de cela, aujourd'hui plus que jamais.

Alors ce soir là, quand j'ai reçu des menaces d'un repris de justice à qui j'ai donné du travail pendant quelques semaines, et qui essayait de m'extorquer de l'argent en me menaçant, j'ai mal dormi.

Parce que oui... je ne vous ai pas dit... ma situation s'est améliorée depuis quelques mois. Logé, avec du travail bien rémunéré, même si encore un peu précaire.

Cet homme, un mètre quatre- vingt quinze, cent-dix kilos de muscles, avec des mains comme des battoirs, à tendance violente avouée, m'avait proposé d'aller voir une camionette "pickup" à vendre près de chez lui. On a tourné 45 minutes dans son quartier, il était incapable de retrouver l'endroit. Puis le véhicule a refusé de démarrer. Quelques jours plus tard, il me dit que je lui dois une commission si j'achète le véhicule. Ma réaction initiale est le dégoût. Tu veux me vendre quelque chose, tu me le dis. Tu ne fais pas croire que tu veux m'aider puis ensuite essaye de m'extorquer.

D'autant que j'ai été obligé de le virer de mon chantier parce qu'il se cachait pour tirer au flanc. Je passais sur son incompétence, sur son incapacité à travailler sans supervision, même si c'était ce dont j'avais le plus besoin. Mais le surprendre régulièrement caché dans un coin, faisant semblant de travailler quand il se voyait découvert... ça, je ne suis pas capable de le supporter!

Une semaine après son renvois, je le contacte pour lui dire que je vais acheter la camionette. Il m'envois promener, me disant que la camionette, il n'en a rien à foutre, que c'est du travail qu'il veut. Je ne lui aurait pas payé ce qu'il demandait, mais j'étais prêt à le "dédommager" (je mets entre guillemets, parce que c'est plutôt lui qui aurait dû me dédommager pour avoir abusé de ma gentillesse et de ma patience, car il a réellement été dommageable pour mon travail!). Quelques jours plus tard, lors d'un échange de sms, je lui répète que je veux acheter la camionette, et j'obtiens la même réponse.

Environ un mois plus tard, la amionette étant toujours en vente, je décide de l'inspecter, de l'évaluer et finalement je l'achète. Quelques temps passent, et je reçois un sms de sa part. Il avait appris que j'avais acheté la camionette et me réclamait une commission, assortie de menaces de s'en prendre à moi et de démolir la camionette si je ne payais pas.

J'ai évalué la situation sous tous les angles. Ce gars est le genre de personne à s'attaquer aux plus faibles. D'accord, si il devait s'attaquer à quelqu'un de son gabarit, cela réduirait le choix à peu de choses. Ce n'est pas une raison!

Ce gars, c'est le genre de personne qui devait intimider et abuser des enfants plus faible que lui dans la cour d'école.

Je n'ai eu aucun parti-pris quand il m'a parlé à mots couvert de son "temps en dedans". Je n'ai voulu savoir ni pour quoi ni pour qui. Je lui donnais une vraie chance. Il est des gens qui ne savent pas les saisir. Qui vont systématiquement emprunter le chemin des problèmes.

Mais ce soir-là, je pensais à mon père. Je pensais au fait que ce gars pouvait mettre sa menace à exécution. Que cela risquait de dégénérer et que je ne faisais pas le poids. Il fallait user de mes forces. J'ai demandé conseil à une amie. Elle me connait bien, et elle l'a vu à plusieurs reprises. Elle connait aussi ce genre d'individus. Elle m'a dit "paie-le".

Non, je ne peux pas! Je ne peux pas plier devant ce genre de personnes. Pas devant ce genre de personne qui va intimider, maltraiter les plus faibles que lui sans hésitation. Ce gars là, pour moi, c'est le symbole de l'injustice du monde. Au Canada, on utilise le terme anglais de "bully". Le mot "intimidateur" ne le traduit que mal. Ce genre de personnes qui pousse des enfants vulnérables au suicide, qui rend infernal un chemin qui devrait être une période heureuse, et la plupart du temps dans l'indifférence générale.

Mon cerveau était en ébullition. Ma raison malmenée. Je risquais de me retrouver sans véhicule, à faire face à une agression, me retrouver à nouveau dans une situation délicate.

Oui, mais que faire? Abandonner tous mes principes sous la menace? Impossible!

Alors j'ai répondu non! J'ai argumenté avec lui, terminant chaque échange par la même sommation; viens me voir, face à face, et on va en parler.

Il a fini par abandonner.

Aujourd'hui, je suis fier de m'être tenu debout devant cette personne. Ça ne change pas le monde, je sais. Il va surement continuer d'essayer d'intimider. Aurais-je dû le démolir? J'aurais peut-être pu le renvoyer derrière les barreaux. Est-ce que cela aurait changé quelque chose pour le mieux chez lui? La prison rend rarement meilleur celui qui en sort.

Merci Vic pour cette vidéo qui illustre un autre moyen de résistance. L'important, c'est de résister!

http://www.youtube.com/watch?x-yt-ts=1421782837&v=PIH...

(Désolé, la plate-forme refuse l'intégration du lien... une fois de plus. Cela commence à me fatiguer!)

 

 

13/01/2015

C'était le Far-West!

Ma mère avait acheté un livre sur le "Far-West" à mon frère. Un vrai livre documentaire, avec plein de photos d'époque extraordinaires. Buffalo Bill... ouais, le vrai! Ah... merde, il a massacré les bisons pour décimer les indiens? Mon héros s'écroule à jamais!

Il s'est converti en clown de cirque, en branquignole de théatre de marionettes à la fin de sa vie. Bien fait pour lui!

Et puis j'ai vu ces photos de hors-la-loi morts, dans leurs cercueuils adossés à un mur.

Et cette photo, celle qui m'a le plus frappé! Celle de Billy the kid. Même pas 20 ans à sa mort, on dit qu'il a tué son premier homme à 17 ans. Il est resté anonyme presque toute sa vie. Mais quand la presse de son époque s'est emparé de son histoire, l'a déformé et transformée en légende, cela a attiré les vautours. Ça l'a tué! Une légende morte rapporte plus qu'une légende vivante! Les médias ont compris cela depuis longtemps!

La photo suivante est apparament la seule vraie photo de Billy the kid. Bien avant l'apparution de photoshop, on a manipulé cette image, tantôt lui mettant des gens à côté, tantôt transformé en mort, tantôt colorisé... manipulation médiatique!

Il Certains disent qu'il n'était pas gaucher non plus. Que l'image se gravait à l'envers sur les plaques et qu'on aurait oublié de la remettre à l'endroit. Qui saura jamais?

Vous me pardonnerez de ne pas mentionner l'auteur de la photo. Je ne l'ai pas trouvé. Il est mort depuis longtemps et ne peut plus prétendre aux droits d'auteur de toutes façons!

(Il tient un 30/30 Winchester à la main! :-) )

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Billy the kid n'était pas un héros, probablement pas un gars bien, pas un gars fréquentable. Mais son histoire à très peu à voir avec la légende qu'en ont fait les médias.

11/01/2015

Souvenir d'enfance.

Rachid, je me souviens de lui comme si c'était hier. On avait 6 ans. La première chose que j'ai vu de lui, ce sont les auréoles que la morve qui coulait de son nez faisait sur son visage lorsqu'il l'essuyait du revers de sa main. Cela m'avait un peu repoussé. Mais immédiatement ensuite, j'ai été irresistiblement attiré par son visage d'ange, ses grands yeux bruns et ses longs cils. Je voulais être son ami. Je l'ai suivi à la sortie de l'école. Cette école d'un petit village de la campagne française. J'ai marché à côté de lui. Nous avions un tronçon de chemin commun pour rentrer chez nous. Je ne parlais pas. Même si j'avais le vocabulaire, l'intelligence, je n'avais pas encore la capacité de communiquer autre chose que quelques mots, quelques phrases. Même si je comprenais tout ce qui se disait autour de moi.

Je marchais à ses côtés, le fixais sans le quitter un seul instant du regard. C'était ma façon de communiquer. Je lisais tout sur son visage, je faisais des liens avec toutes les bribes de ce que je connaissais de sa vie. Il était arrivé assez récemment en France, ne parlait pas le français je crois, ou si peu.

Il était ostracisé par les enseignants, par les élèves. Personne pour se pencher vers lui, l'aider à se laver le visage avant d'entrer en classe - Rachid n'avait pas l'eau chaude chez lui - lui donner un mouchoir et lui apprendre à s'en servir... je sais, ce n'est pas le rôle des enseignants!

Géné par mon silence, à moins que ce ne fut par le sien, par sa propre incapacité à communiquer, il m'a évité les jours suivants.

La suite de ma vie a été un tel boulversement que je ne l'ai jamais revu.

Je suis retourné dans ce village, il y a quelques temps. J'ai appris que Rachid avait été abbattu récement par la police à la suite du hold-up d'une banque. Je me suis dit "pauvre Rachid, il n'a jamais eu de chance!".

Puis j'ai réfléchi. Et j'ai rectifié. Non Rachid a juste été victime d'une suite ininterrompue d'injustices, d'ostracisme, de mise au ban, de condamnation avant même d'avoir pu justifier sa simple existence. Un enfant si jeune se doit-il de le faire? Stigmatisé par son lieu de résidence, logement insalubre comme la France en compte encore tellement aujourd'hui. Le gouvernement ferme les yeux!

Il y a une quantité innombrable d'enseignant qui vont bien au delà de leur tâche assignée. Rachid n'a pas eu la chance d'en rencontrer un quand tout était encore possible. Il a dû décrocher rapidement du système. Sa mort m'a profondément choqué parce que j'ai vu sa vie. Ce que je n'ai pas vu, je l'ai imaginée au travers de celle de tous mes amis plus ou moins dans sa situation... j'ai revu ma propre vie. On a été longtemps des survivants. Moi plus longtemps que lui.

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