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28/03/2014

Quand souffle l'Harmattan!

À la barre de ce lourd ketch en ferro-ciment de plus de quatorze mètre, je regarde l'aube pointer son nez. L'odeur est arrivé dans mes narines comme un boulet de canon. Une odeur acre, sèche comme coup de trique, presque suffocante. Avec la lumière du jour qui commence à éclairer le pont, je vois une quantité invraissemblable d'insectes de toutes tailles et de toutes sortes joncher le pont, asphyxiés dans la rosée qui s'y est déposée dans la nuit. Le pont est également recouver d'une fine couche de sable rouge pâle.

Elle est là, tout près, cette terre mythique, masquée par la brume. Elles sont là, toutes ces légendes, imprégnant l'air que je respire. Ces images, ces fantaisies fantasmatiques tournent comme des fantômes entre mes deux oreilles, voilent mes yeux d'halluciné, déforment ma réalité de leur puisante aura.

C'est la terre de mes ancêtres qui est venue m'accueillir avant même que je ne puisse la voir! Une sensation étrange d'exaltation, d'émotion, m'étreint. Une brume dense entoure le voilier. J'ai l'impression de flotter dans mon imaginaire perturbé par les planches des passagers du vent, les souvenirs de mon père, les histoires de ma famille, de mes ancêtres.

(...)

Je ne l'apprendrai que bien plus tard, mon grand-père est enterré exactement vis-à-vis de notre position de ce jour, juste là, au bout de la brume, à quelques kilomètres à l'Est, dans la ville de St-Louis du Sénégal!

Extrait de "Les neuf vies du Tatou; 3ème vie du Tatou: la réduction humaine"  Copyright 1988-2014  Sylvère Moulanier

Ce troisième volet de ma vie débute lorsque j'ai rallié le Sénégal à la voile depuis la Bretagne, via Madère et les Canaries, en 1985.

Voilà, c'est parti. Je ne sais pas où cela mènera. Je suis une fois encore sur une corde raide, tendue entre deux mondes. Je suis une fois encore avec ce sentiment d'exaltation et de vertige. Rien n'est parfait, rien n'est à mon goût. Et pourtant je suis une fois de plus grisé par la re-lecture de mes récits. Je sais pouquoi j'écris. C'est énorme. Cela devrait suffire à me convaincre de la pertinence de mon action. Mais je doute encore. Je douterai toujours. Je dois l'accepter.

J'écris en premier lieu pour que mes proches, mes amis, ceux d'ici et d'ailleurs, puissent découvrir plus en profondeur les méandres de ma vie, de mon cerveau d'autiste, et que vous puissiez en tirer du courage, de la joie malgré les pressions extrèmes que nous traversons tous à un moment où à un autre.

Je veux profiter du moment pour vous remercier, vous tous qui m'avez suivi, aidé, encouragé. Vos élans virtuels se sont systématiquement transformés en aide réelle pour moi, au cours de ces années que nous avons partagé. Ma gratitude est inexprimable.

En 2006, quand j'ai ouvert ce blog, j'étais à la rue. L'écriture a été un point de repère pour moi. Une façon de partager aussi. J'ai alterné les périodes positives avec les descentes aux enfers. Pas d'alcool (pas en excès en tout cas), pas de drogue. Juste une prison dont j'étais le seul à voir les barreaux dans toute leur complexité, sans être capable de les matérialiser pour le monde qui m'entoure. Je vivais en permanence dans un monde que personne ne pouvait comprendre ou partager.

Il a fallu ce diagnostique d'autiste de haut niveau pour que je parvienne à expliquer, à montrer, à comprendre aussi.

J'ai retrouvé pied en m'exilant à nouveau, en me mettant en situation de danger, en m'imergeant dans un contexte nouveau et inconnu, sans filet, comme toujours!

La semaine prochaine seront publiées mes premiers textes dans la revue "Nouveaux delits"

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

Ce sont des textes inédits que m'a commandé l'éditrice Cathy Garcia, après avoir découvert mon blog. Je lui ai laissé carte blanche pour la sélection, l'illustration, la mise en page. Je n'ai pas vu encore le résultat...

Vous pouvez aller consulter son site... ses sites même. Je vais les mettre en lien également. Vous pouvez la contacter pour commander un exemplaire de la dernière revue, le numéro 48, où vous retrouverez mes textes. Elle fait un travail exceptionnel pour parvenir à publier cette revue quatre fois par an depuis des années, pour partager sa passion de la poésie et des arts.

Par ailleurs, je prépare la publication de mes trois premiers livres. Le premier sera publié dans les prochaines semaines. Je vous tiendrai au courant.

Je remets aussi en ligne mes sites internet, fermés depuis mon divorce.

www.sylvere.com

www.realfreeworld.com

Tout est encore en chantier, vous devrez patienter encore un peu avant de pouvoir profiter pleinement de ce monde...

Dans ma traversée du Canada, autant que j'ai pu sans faire sortir mon amie de ses gonds, je faisais tourner et re-tourner cette chanson;

 

 

Cette musique est maintenant et de façon indélébile associée à ces images de paysages incroyables que j'ai traversé pendant un peu plus de quarante neuf heures de route hivernale entre Montréal et Edmonton.

Et aussi celle-là;

Et d'autres versions... je ne sais pas choisir laquelle domine!

https://www.youtube.com/watch?v=azV0Y7v6wsg

https://www.youtube.com/watch?v=ynoc_vz_-lY

14/03/2014

Vices et vertues

Si il y a un domaine où j'ai été formatté par ma culture de naissance depuis le plus jeune âge, c'est celui du goût. Je devrais peut-être ajouter celui de l'odorat, qui lui est connexe!

À moitié ukrainien, à moitié martiniquais, né en France... Qu'est-ce que cela peut-il donner? Rhum + Vodka + baguette, litron de rouge et calandos... ou alors steak-frite-salade...???

Je ne renie rien! Je les prends tous... et je mets du sirop d'érable dans mon punch et mange de la poutine avec mon steak de temps à autre.

La poutine, vous ne connaissez pas? Bon, d'accord, j'avoue avoir eu un haut-le-coeur à la première mention de ce mixte infame! frittes grasses + fromage en grains (fromage cheddar frais, aussi surnommé caoutchouc canadien...un fromage à pâte molle, cousin éloigné disons... du Gouda... mais les Hollandais vont me fustiger... tant pis, je ne dois pas avoir beaucoup de lecteurs Hollandais anyway! ;-) ) + sauce brune pour noyer le tout. Ouais, je sais, je viens de vous le dire, la première fois, j'ai eu un haut-le-coeur! C'est gras, lourd, épais...lourd (ah, je l'ai déjà dit?). Alors on en mange une fois, pour montrer qu'on n'a peur de rien. Puis un jour, va savoir pourquoi, on a une furieuse envie de recommencer, comme une cuite ou une cuillère de pâte à tartiner au chocolat que même à la cuillère et avec tous les effets indésirables... bon enfin bref, vous avez compris!

Alors, le jour où j'ai vu un tournedos "tendrement enrobé de bacon" sur la carte d'un resto, j'ai dit "non"! Du steak, franchement, avec du gras de porc... Ouala je ne mange pas ça! (notez que c'est différent du boeuf bardé de gras... là, le bacon, on est supposé le manger... je ne me vois pas jetter de la viande commestible! Là aussi, il y a des limites à l'indescence!). Mais vous me connaissez peut-être assez maintenant pour savoir que quand j'ai un goût de steak, vous ne me refilerez pas du toffu! (Et non, vegans invétérés, vous ne me convertirez jamais!).

Et puis, après dix lectures dudit menu, je vois que si je veux du steak, il va falloir que je me le farcisse au lard! Alors, à la décharge du restaurateur, le bacon était finement tranché et parfaitement cuit. Ce qui fit que lorsque je coupais une tranche de steak enrobé de bacon, ledit bacon, en proportion si minime par rapport au steak, laissait un léger gout de fumé, de salé, de "arghhhh... j'en voudrais plus mais je n'aurai que ce petit fumet loin en arrière-goût-juste ce qu'il faut pour "challenger" la suprématie du steak!"

Alors, quelques temps plus tard, lorsque j'ai vu des queues de homards enrobées de bacon, j'ai dit "NON"! Il y a quand même des limites à l'offense! Du homard, noble des nobles, juxtaposé à du halouf, j'te jure, je vais pas manger ça!

Puis, l'argument de la carte aidant, je me dis "bon, au pire, j'enlève le bacon, le met dans mon "doggy bag" et je me goinfre le homard!"

Et puis quand même, parce que je suis un intrépide aventurier qui ne recule devant rien, je coupe une tranche de la queue de homard bardée de bacon, la porte à ma bouche et... comment dire sans mourir de honte... c'était à tomber!

Alors, quand je me suis retrouvé dans ce nouveau logement, avec à nouveau tout ce qu'il faut pour cuisiner, j'ai filé au "grocery store" (et oui, je vis en anglais à nouveau maintenant...!!!), et que j'ai vu en vente un gros paquet de bacon, je n'ai pas réfléchi longtemps. Ce n'est pas encore la saison du homard, mais j'ai acheté des poitrines de poulet et du steak...

Alberta,Canada,bacon,steak,homard

Oui, bon, je sais, c'était genre la dernière bouchée et j'ai pensé à vous...  Mais si, regardez bien, en haut, le morceau de bacon... ben en dessous, c'est un morceau d'escalope de poulet, cuit à merveille, tendre et juteux grâce au persil, à l'ail et au talent du cuisinier... Et puis vous pouvez voir également un gombo... les gombos... ah... encore une longue histoire!

Un de ces jours, je vais vous révéler LE secret de la cuisson des escalopes, ou des côtes de porc, c'est le même principe.

Et peut-être aussi vous raconterais-je le jour où Paul Bocuse lui-même m'appris à cuire les omelettes, et par là même, appris à cuisiner! Encore une de mes histoires à (s'en)dormir debout! ;-)

10/03/2014

O Pullo Futa

Après quelques nuits dans la voiture que mon amie me laissait le soir, puis quelques nuits dans une refuge, je trouve une sous-location pour un mois. Le jour où je dois rentrer dans le logement, le locataire m'appelle. Sa voix est sourde. Il me demande de venir un peu plus tôt car il y a eu un drame dans son entourage.

Nous avons discuté un peu quelques jours auparavent. Il est peul de Guinée Conakry. Il vient du Futa Djallon, comme ces filles avec qui j'ai vécu un an et demi, au Sénégal, dans une autre vie.

Quand j'arrive, je le trouve secoué. Il m'apprend qu'un de ses amis proches s'est fait assassiné, poignardé sans raison sur son lieu de travail par un collègue déséquilibré. Si vous fouillez un peu, le 28 février... vous trouverez...

Le drame fait deux morts, quatre bléssés. Son ami laisse une une veuve et quatre orphelins en bas âge. Le téléphone sonne sans cesse. Le language peul sonne dans mes oreilles comme une histoire ancienne qui refait surface, comme un prolongement de ma vie antérieure. La langue, les mots me reviennent. Le drame actuel me replonge dans mon drame ancien. Les émotions, les images, les sons, tout revient comme un raz de marée.

J'ai les mots qui soutiennent. Cet homme est déjà un ami, presque de la famille. Il part tôt le matin pour un mois, à Montréal, où sa femme et sa fille l'attendent. Je reste là, un peu désemparé. Pourquoi à peine arrivé, je dois plonger dans un rare fait divers sordide, dans cette ville plutôt paisible?

Que sont devenues tous ces gens avec qui j'ai partagé tant de choses, là-bas, en Afrique. Ils doivent penser à moi, de temps à autre, comme je pense à eux. Si ils vivent toujours... Je suis moi-même passé si souvent si près de la trajectoire de la grande faucheuse. Ont-ils survécu eux aussi?

Les reverrais-je un jour?

09/03/2014

Les surprises de la vie... de Prince!

Régulièrement, mon amie me fait remarquer à quel point ma vie et mes histoires sont invraissemblables. Elle ajoute régulièrement que sa propre vie est déjà tellement invraissemblable que de m'entendre raconter mes histoires la rend perplexe de temps en temps. Nous avons passé plus de 70 heures consécutives ensemble et nous arrivons à destination.

La situation est étrange. Je suis venu en Alberta une fois, dans les premières années de ma vie Canadienne. J'étais venu en avion, pour le travail, mais avais profité de l'occasion et du budget dédié de mon employeur. J'ai découvert le sud de la province, les montagnes Rocheuses, le lac Louise et la station de Banff, et avais dormi dans le fameux Chateau Lake Louise, un des hotels du Canadien Pacifique de renomée mondiale, construit à l'époque où le chemin de fer reliant la côte ouest (Pacifique) du Canada à Montréal était le seul moyen pratique de se rendre dans les provinces du centre et de l'ouest du Canada. Le trajet était jalonnné de quelques-uns des plus beaux hôtels au Canada, construits par le Canadien Pacifique (société de chemin de fer de l'ouest canadien) pour sa clientèle huppée, dont le chateau Frontenac à Québec, et le Royal York à Toronto (où j'ai également dormi).

Mes premières impressions sont curieuses. Je suis bien au Canada, avec ses spécificités indiscutables. Mais l'esprit est beaucoup plus "pionnier", les espaces immenses et moins peuplés, moins pollués malgré la sombre tâche des sables bitumineux. La culture est imprégnée du "big brother" voisin, plus profondément qu'au Québec, bien sûr, à cause de la langue.

Mon amie, après quelques jours à travailler durement comme "labourer", trouve un contrat dans un "camp" sur un "oil patch". Le salaire, pour une personne non qualifiée, est élevé; 20$ de l'heure (13€), temps double après 44h, 3 semaines de travail ininterrompu, 7 jours sur 7, 11 heures par jour, suivi d'une semaine de congé. Les "oil patch" sont éloignés de tout et des camps d'hébergements sont construits sur place pour loger employés et personnel de soutien.

J'ai trouvé une sous-location à Edmonton, juste avant son départ. Je suis maintenant confortablement installé, avec la télé cablée, pour un mois. Je ne sais pas si c'est la taille de l'écran ou l'immersion dans la culture purement anglophone nord-américaine, mais les présentateurs, les gens, le public, me paraissent plus proches. Plus proche que la France et sa culture dans laquelle je suis né et j'ai grandi, dont je reçois des programmes via TV5 monde. Il est vrai que j'ai maintenant passé plus de temps en Amérique du Nord qu'en France.

  Premier soir où je regarde la télé, je zappe et tombe sur le "Arsenio Hall show" sur une chaîne américaine  et qui vois-je, assis sur la chaise d'invité? Prince!

Welcome to the western end of Canada!

04/03/2014

parce que...

Parce que face à l'injustice, je ne peux rester indiférent. Parce que je ne peux pas vivre sans la combattre...

Parce que j'ai eu une enfance de merde... injuste depuis la naissance, probablement!

Alors quand j'ai repris contact avec une amie qui m'avait injustement stigmatisé il y a quelques temps, elle a sauté sur l'occasion pour redresser son erreur, avec beaucoup d'honnêteté. Je n'ai jamais douté de son honêteté, même quand elle m'a mal jugé.

Et rapidement, j'ai vu sa détresse, ces mois terribles qu'elle venait de passer. Je l'ai accueillli à l'aéroport. Un moment qui m'a révélé un peu plus à moi même avec le recul.

Quand elle s'est appuyé contre moi, dans l'autobus, et qu'elle s'est endormi la tête sur mon épaule, j'ai su qu'elle trouvait enfin un moment de paix, en sécurité.

S'en est suivi une période bizarre, où elle luttait contre des démons qui la poursuivaient. Les démons de son enfance, maltraitée par ses propres parents, sans un pour compenser l'autre. Des séquelles lourdes, psychologiques autant que physiques...

Et une route cahotique sur laquelle ses doutes, y compris à l'encontre de mes propres motivations dans mon désir de l'aider.

En quelques semaines, j'ai dû encaisser bien des choses de sa part, mais en aucun cas je n'ai douté de sa rectitude. Je pouvais comprendre ses doutes, même si je les trouvais injuste. Puis, elle a fini par se rendre compte que ma rectitude était égale à la sienne.

Quand elle m'a demandé de l'aider, j'ai pensé moi aussi un moment qu'elle se servait peut-être juste de moi. Mais au regard de tous ceux qui se sont servi d'elle, qui l'ont dépouillé de tout, je trouvais que je pouvais lui accorder un peu du peu que j'avais. Ce peu était bien plus que le rien qu'elle avait.

Alors j'ai commencé par monter un dossier relativement facile pour poursuivre aux petites créances un connard qui lui avait emprunté une somme d'argent conséquente et qui refusait de la rembourser.

Puis de lui trouver une petite voiture d'occasion. Elle a des problèmes de concentration, mais ne savait conduire que  des voitures automatiques. Ici, on peut obtenir son permis en ne conduisant que des voitures automatiques. Ce qu'elle a fait. On en a discuté. Je lui ai expliqué les raisons pour lesquelles je pensais qqu'elle devrait apprendre à conduire des voitures manuelles. Elle s'est rangé à mon avis. C'était un défi, pour moi comme pour elle. C'était un risque... je me sentais très responsable du choix dans lequel je la poussais. J'étais inquiet malgré tout.

Elle ne se souvenait pas que 3 ans plus tôt, je lui avait donné ses premiers cours de conduite. Je voulais l'aider à devenir autonome et la doter d'outils indispensables. Alors que je luttais pour m'en sortir, je lui ai donné mes électros quand je les ai remplacé par de meilleurs, il y a quelques années. Un de ses "amis" lui a pris en promettant de la payer plus tard. Une fois de plus elle s'est fait avoir...

Je lui ai trouvé une petite voiture en bon état, avec relativement peu de kilomètrage, à très bon prix. Je la mets rapidement derrière le volant, sur un parking. Je la filme en lui disant que là, elle ne pourrait pas dire qu'elle ne se souvenait pas...

Puis, sans grand délai, je la mets sur la route. Une petite route peu fréquetée d'abord, puis rapidement, dans la circulation de la ville... Sa progression est rapide. Elle me confirme rapidement que ce choix lui permet d'éviter ces moments d'absence qu'elle a régulièrement.

Quand je lui dit qu'elle progresse bien, elle me répond que c'est parce qu'elle a un bon prof.

Elle parle maintenant de retourner en Alberta, où elle a passé quelques temps dans l'espoir d'y trouver de meilleures conditions pour elle, et pour couper avec son passé. Je ne peux que la comprendre... n'ais-je pas fait la même chose?

Mais en même temps, je visualise clairement tout ce qui l'attend. Je ne peux pas la laisser partir seule.

Et quand ellle me dit qu'elle veut partir, je lui répond sans hésiter que je l'accompagne.

Près de 3900km avec sa petite voiture de 10 ans d'âge, 110 000km au compteur. Elle qui n'a jamais conduit l'hiver et qui commence à peine à maîtriser la conduite manuelle...

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Je fais une révision rapide de l'auto, regarde le peu de choses qui composent son bien et qui tient dans cette petite voiture, me laissant un peu de place pour y poser mon bagage et quelques choses pour l'aider à redémarrer...

Les préparatifs sont laborieux. On reporte le départ pour boucler les impératifs. Nous partons sous le soleil, en fin d'après-midi, un mercredi. J'aurais préféré partir le matin de bonne heure. Une tempête de neige nous attend quelques centaines de kilomètres plus loin. Nous conduirons 24 heures sans s'arrêter, sauf pour manger et faire le plein. Elle conduira de longues heures dans des conditions difficiles. Elle rattrapera habilement une perte d'adhérence totale sur l'autoroute, entre deux camions. Dès le début, j'ai dormi sans apréhension quand elle conduisait. Les accidents, de toutes façon, ça arrive quand ça veut, bon ou mauvais conducteur. Mon petit côté fataliste!

Les paysages sont magnifiques. La lune, géante, se levant sur les prairies...Traverser le Canada en voiture, l'hiver, reste une expérience forte!

Après 3 jours sur la route et près de 3900km, nous sommes arrivé à Edmonton, Alberta, par près de -30°C.

Encore une de mes histoires à dormir debout...