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30/09/2012

L'heure des comptes

Trois mois dans la rue, sdf, pas comme une ballade, pas comme des vacances, pas comme un travail...

Trois mois de plus, je ne sais plus combien de fois, combiens de semaines et de mois depuis six ans.

Dans la rue sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, sans trop savoir l'issue, même si j'ai continué de penser que j'étais un peu "de luxe" parce que j'ai toujours ma tête sur les épaules, même si elle ne fonctionne pas très bien...

Un peu "de luxe" parce que j'ai pu garder un appareil photo, mon laptop, pour continuer d'écrire, de réfléchir, de documenter, de tenter de me reconstruire une voie de sortie. Me rendre dans les bibliothèques, les points d'accès wifi pour rester pas totalement exclus.  Mon lecteur MP3 également, pour écouter la radio ou de la musique le soir, quand le blues est de rigueur.

Renard, Montreal,Quebec,Canada

Je ne suis pas un animal, même si je vis et me sens parfois un peu comme tel. Les animaux, ils m'ont montré leur vie... ce n'est pas rose non plus. Mon renard famélique, qui en arrache autant que moi pour manger tous les jours... et avec son parfum de moufette, j'imagine que la diète fut dure!

Je ne sais pas trop ce que signifie son regard... "alors, tu te couches que je t'égorge et que je sois enfin repus?"

marmotte

Non, ceci n'est pas un écureuil obèse, c'est une marmotte! ;-)

Oui, pour les marmottes, ça à l'air moins dur! Elles sont trop grosses et vigoureuses pour mon renard!

Depuis une semaine, je sens une chute marquée de mes capacités à cause du froid et de la sous-alimentation. Les journées sont dures, je me fatigue plus rapidement. Un des "marqueurs" m'inquiète particulièrement. Je n'ai pas pu me laver à trois reprises en une semaine. Deux fois à cause du froid, une fois parce que je ne me suis pas réveillé à temps. Il faut que je modifie mes planings pour me laver dans des endroits chauffés. Mes journées vont être emputées de deux heures. C'est énorme, cela ne me laissera pas beaucoup de temps pour essayer d'avancer mon retour vers une vie à l'abris, avant l'hiver. J'essaie de réagir, de forcer. L'impression de pédaler dans la semoule, de m'être usé, m'y être enlisé. Je n'ai plus les ressources que j'avais lorsque je me suis extirpé de cette situation les premières fois. Par contre, je sens que je parviens à mieux me structurer, et je commence à supporter les contacts humains un peu prolongés. J'entrevois également la possibilité d'aller "au front", me colleter avec le monde pour arracher une place quelque part.

04:19 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

27/09/2012

Les bêtes sauvages...

 

Quel est l'animal le plus craint au Québec?

L'ours? L'orignal? Le loup? Le coyotte? Non... Cet animal fait même peur aux ours!

J'ai nommé la moufette!

Aussi appellée sconse (skunk en anglais), elle n'est pas apparentée aux putois, comme le pense souvent les français, malgrés sa particularité de lancer un jet d'un liquide d'une puanteur invraissemblable, atroce...

Alors imaginez l'animal dont le manteau de fourrure est imprégné de cette odeur toxique à des centaines de mètres à la ronde... imaginez la honte face aux congénères, faces à nos proies qui rient de nous en restant à distance respectable!

 

Moufette,mouffette,sconse,skunk

Depuis que je dors dans la rue, c'est une de mes craintes. Mes lieux nocturnes sont à l'écart des zones trop fréquentées, et la nature y reprend immédiatement ses quartiers. Cela a un côté agréable, mais...

À plusieurs reprises, je me suis réveillé au milieu de la nuit en entendant un bruissement particulier. Courte sur pattes, la moufette trotine un peu comme un rat, en faisant un bruit particulier; le "scratch" des pattes sur le sol, et le bruissement de la fourrure qui frotte contre le sol. Je l'ai vu qui fouinait à une cinquantaine de mètres au nord de mon couchage. Elle semblait sur sa "trace", le long des taillis qui bordent le chemin. Comme elle était "au vent", elle ne pouvait me sentir (ce qui est un comble, non?). Bref, je me suis rassuré en me disant qu'elle avait ses habitudes, et qu'elle n'avait aucune raison de traverser l'espace qui la séparait de ma zone.

Je l'ai revu à trois reprises, à quelques jours d'intervalle, toujours sur sa "trace".

Puis, l'autre nuit, je suis réveillé par cette odeur insoutenable. J'entends le bruit du conflit qui s'est déclaré, à environ une centaine de mètres de moi. Le renard et la moufette se sont rencontrés. Le renard pousse des cris plaintifs... il a dû recevoir sa douche pestilentiel! L'odeur fini par se dissiper, ainsi que ma crainte de voir la moufette se pointer.

Je finis par oublier l'incident. Mais il y a quelques jours, je me réveille au milieu de la nuit en entendant une bestiole qui farfouille dans mon sac. Je pense que c'est le renard, et je donne un coup de poing dans le sac pour le faire fuir. En entendant le "scratch" des pattes et le bruissement de la fourrure sur le sol, j'identifie instantanément la bestiole, mais comme le bruit en est un de fuite, et qu'aucune odeur n'est venu troubler mes narines, je conclus que mon geste posé fut le bon.

Je me recouche, un peu inquiet. Je finis par me rendormir. Et tout à coup, je l'entends qui farfouille à nouveau. Et je donne à nouveau un coup de poing dans le sac, que j'accompagne d'un grognement sourd et exaspéré. Cette fois-ci, elle détale à toute allure et quand je sors la tête de mon couchage, elle est déjà à plus de 20 mètres et elle disparait dans les taillis.

Cela me perturbe. Je ne pense pas qu'elle revienne cette nuit, mais si il faut que je défende mon territoire chaque nuit comme ça, cela va devenir pénible. Sans compter qu'elle peut très bien décider d'utiliser son arme redoutable pour me déloger... quoique je ne pense pas. La moufette n'attaque jamais avec cette arme, elle se défend simplement... enfin, en principe!

22/09/2012

Après le froid...

La pluie, encore. Pas de doute, l'automne est bien là!

Et hier soir, alors que je m'apprête à prendre la route sous la pluie pour rejoindre mon lieu de nuit, je sens de l'eau dégouliner dans mon dos. J'enlève rapidement mon sac de mes épaules, l'ouvre...

Après mes coliques néphrétiques, je prête une attention soutenue à mon hydratation, cela va de soi! Je me promène donc avec une bouteille d'eau en permanence. Et là, bien sûr, la bouteille s'est ouverte dans mon sac! Tout est au mieux humide, au pire trempé...

Je vais arriver mouillé des pieds à la tête, me glisser trempé dans un couchage humide... Hummm, le délice... pour un crapaud peut-être!

Je dormirai bien mal, me réveillant régulièrement. Je me léverai toujours mouillé... Charmant début de journée!

21/09/2012

Après la pluie...

Le froid! Pas de répis pour les sdf...

Toujours parcouru de frissons, j'essaie de contrôler ma respiration. L'épisode a duré une dizaine de minutes, dont trois ou quatre vraiment intenses. Mon cerveau tourne en boucle pour tenter de trouver une issue à ma soirée. Je frappe sans cesse le mur du froid, de mon "repas" dont ce qui reste ne parviendra jamais à me réchauffer. Je force ma respiration à présent. Petit à petit, les options se dessinent. J'ai ma bouillore. J'ouvre mon sac. Son contenu est humide, mais rien de dramatique. Mon reflexe a permis d'épargner l'essentiel. Je songe à un des spots avec une prise électrique dont je me sers accessoirement pour chauffer de l'eau. À trois reprises, je tente une sortie, mais la pluie, même si elle est bien plus faible, est encore assez soutenue pour achever de me glacer. J'attendrai qu'elle cesse complètement avant de me décider. En partant, je vois les camions de pompiers silloner les rues dans tous les sens. Leurs sirènes n'ont pas arrêté de hurler depuis le début de la tempête. Je vois une rue bloquée par la police. Des travailleurs sont en train de ramasser des poutres d'acier de plusieurs mètres qui ont volé du chantier voisin et traversé la rue pour se retrouver dans une petite bande de terrain vague. Je rejoins mon spot, fais chauffer de l'eau et trouve par bonheur quelques sachets de thé. Je n'ai pas de linge de rechange. J'enlève ma veste et la met à sécher sur mon vélo, et reste dans un courant d'air pour faire sécher mon t-shirt. Même si c'est un truc à chopper la crève, c'est mieux que de passer la nuit trempé! Quand je pense que j'ai déjà "payé" pour dormir dans des draps mouillés. Eh, oui, en tant que marin, voileux, quand tu embarques, tu sais que tu as de bonnes chances de dormir occasionnellement dans l'humidité totale...

sdf,Montreal,Quebec,Canada

Je passerai la nuit dans l'humidité, les vents soutenus perturbant continuellement mon sommeil en m'envoyant feuilles, branches, hurlements. Au matin, je me sens fiévreux et crains le pire. Mais quelques heures après, cette sensation se dissipe et je retrouve une forme raisonnable. En roulant vers mon petit déjeuner, je constate l'ampleur des dégats. Arbres et branches cassés, feuilles, sacs plastiques et toutes sortes d'ordures jonchant le sol. Le glas de l'été a sonné. La température est descendue en dessous de huit degrés... Les mauvais jours arrivent inexorablement!

18/09/2012

Le mur...

Parfois, avant de me coucher, je m'assieds et je pense... Mais qu'est-ce que je fous là!!!???

Ce n'est pas ma place. Ce n'est pas la place d'un être humain, quel qu'il soit.

J'arrive encore à rire de ma situation. Je n'en comprends toujours pas très bien les raisons... même si j'assemble petit à petit le casse-tête.

En voyant les nuages s'amonceler, en observant les nuages, les vents, je sens venir la tempête.

Je me réfugie sous un pont. Je commence à boire le thé que je me suis fait pour me réchauffer, en cassant un morceau de baguette, qui doit être mon "repas" du soir. Je vois un gars qui s'est réfugié sous un petit abris que je convoitais avant d'opter pour le pont à cause de sa présence, faire le pied de grue. Il a probablement écouté la météo, car son attitude manifestement inquiète dépasse ce que le ciel et les vents trahissent.

Tout à coup, une bourrasque de vent soudaine soulève un incroyable fouillis de branches, de sable, de papiers qui me laboure le dos comme un papier de verre à gros grain.

Je m'accroupis instinctivement en rentrant le cou. Je regarde partout pour chercher un meilleur refuge. Je n'ai pas le temps de bouger qu'une "white gale" me transperce (je n'ai pas trouvé l'équivalent en français... quelque chose comme une raffale blanche, un épisode de tempête brutal, qui frappe en quelques instants avec une brutalité proche de celle d'une tornade, mais avec des vents directionnels et non tournoyants). En quelques secondes, la température passe de 27 à 18 degrés, la pluie, qui "tombe" horizontalement est pulvérisée par la puissance du vent un un brouillard blanc qui engloutit tout et me fouette telle une mitraille, balayant le dessous du pont, d'un bout à l'autre, sans rien pour la freiner.

Je vois le gars qui était sous l'abris courrir se réfugier sous le pont. Quand il s'aperçoit que rien ne peut le protéger, il se colle sur une parois et s'immobilise, cherchant à offrir le moins de prise possible à la bourrasque.

J'attrape ma bouteille de thé projetée au sol  et dont le contenu s'est perdu dans le torrent qui me coule à présent entre les jambes. J'ai le souffle coupé, je n'arrive plus à respirer, mais je fais un effort énorme de concentration pour agir le plus efficacement possible malgré le froid qui m'arrache maintenant des frissons incontrolables.

Je pense que la tempête peut durer, et j'opte pour la préservation de tout ce qui peut me permettre de passer au travers seul, car je sais que je ne pourrai pas me tourner vers une aide quelconque. Je secoue la bouteille de thé et constate qu'il en reste un peu. Je la referme soigneusement, attrape le morceau de baguette détrempé, et met le tout dans mon sac, encore ouvert. Je fouille pour essayer de trouver la petite bâche plastique qui me sert d'abris en cas de pluie, mais voyant que j'expose le contenu de mon sac à l'eau, j'attrape mon parapluie que je viens de sentir sous mes doigts sans savoir si je pourrai même l'ouvrir, et referme vivement le sac. Je me déplace d'un demi-mètre derrière un petit muret qui n'arrive même pas à couper le vent. Toujours accroupis, je tire mon sac entre mes jambes et parviens à déployer le parapluie qui, sous la force du vent, épouse la forme de mon dos. Cela me protège un peu du vent. à défaut de l'eau.

11/09/2012

finalement...

L'option sera... une hémorragie bénigne possiblement causée par un des médicaments préscrits pour les coliques néphrétiques! Tout cela sera, selon mon hygiène de vie habituelle, analysé sous le filtre optimiste teinté rose bonbon qui m'est coutumier!

1- Deux infirmières se sont exclamées (de façon quelque peu exagérée... ne puis-je m'empêcher de penser!) sur la beauté de mes yeux. Cela me fais un bien fou d'entendre cela malgré tout, et surtout malgré la mention "itinérant " qui zèbre mon dossier, lourdement souligné avec un double trait générant manifestement plus de suspicion et de mépris que de compassion. Bon, j'hyper-sensibilise, j'avoue! À deux exceptions près, j'ai été traité sans la moindre discrimination, avec la gentillesse et la générosité habituellement manifestées aux patients raisonnablements patients et compréhensifs face à la difficulté de fonctionner dans un système souffrant toujours plus du sous-financement et des coupures budgétaires, sans parler de la mauvaise distribution des ressources et de la gestion déficiente. Mais ces deux cas m'ont heurté de plein fouet, comme le camion heurte le suicidaire traversant l'autoroute les yeux bandés et à cloche-pied!

2- J'ai remplacé ma carte d'assurance-maladie et je suis tranquile de ce côté. Je n'oublierai pas de renouveller, et ferai en sorte d'avoir tous les papiers en ordre pour ce faire, autant que possible.

3- J'ai développé de nouvelles armes, de nouveaux outils pour retourner sur le champs de bataille de ma vie.

4- Je suis resté plusieurs mois avec un taux d'heures de contacts humains restant à des niveaux supportables pour moi. Depuis hier, je commence à entrevoir la possibilité de retourner sur ledit champs de bataille. Cela aura pris les six mois "réglementaires" au regard de ma situation du moment pour ce faire. Je suis toujours face à des difficultés complexes, dans un gouffre toujours plus profond, mais avec plus d'outils pour m'en sortir. Seront-ils suffisants?

5- Je suis parvenu à conserver mon sourire. La dernière fois, Il m'avait fallu passer des heures devant le miroir pour le retrouver. Là, plusieurs personnes croisées m'ont fait remarquer à quel point j'étais souriant. Bien sûr, c'est un peu un masque, mais également le reflet de l'option que j'ai choisi de rire beaucoup de moi-même et de ma situation. Si vous croisez un gars qui regarde droit devant lui et qui, sans raison apparente, explose de rire... c'est peut-être moi! Je me rends bien compte de l'aspect quelque peu deviant de mon comportement, mais si vous saviez le cocasse de certains épisodes de ma vie! Souvent, si on regarde bien, le comique d'une situation, même d'apparence tragique, n'est peut-être pas si loin... si on met en perspective!

Deux mois et demi dans la rue. Les nuis commencent à être froides. Je ne vais pas encore bien mais...

18:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

05/09/2012

Pour commencer...

Premier examen; côté reinal, tout va bien. Colique néphrétique banale.

22:51 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)