30/08/2016
Le plafond de verre...
C'est une expression américaine, "glass ceiling" qui illustre essentiellement la quasi impossibilité pour les femmes d'accéder aux plus haut postes dans les entreprises. On ne le voit pas, mais il est bel et bien là.
Il est là, partout, pas juste pour les femmes, pas juste dans le monde du travail!
Je l'ai frappé de nombreuses fois. Et on me disait : "mais non, tu vois bien, il n'y a rien!".
"Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt", aurait dit Confucius!
Vous passez aux travers de ces murailles de verre. Je m'y casse le nez sans cesse. J'ai du mal à analyser pourquoi. J'ai du mal à comprendre ce qui semble évidence pour le neurotypique. Et cette boucle m'enserre tel un constrictor.
Find me where the wild things are...
03:09 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2015
Souvenir d'enfance.
Rachid, je me souviens de lui comme si c'était hier. On avait 6 ans. La première chose que j'ai vu de lui, ce sont les auréoles que la morve qui coulait de son nez faisait sur son visage lorsqu'il l'essuyait du revers de sa main. Cela m'avait un peu repoussé. Mais immédiatement ensuite, j'ai été irresistiblement attiré par son visage d'ange, ses grands yeux bruns et ses longs cils. Je voulais être son ami. Je l'ai suivi à la sortie de l'école. Cette école d'un petit village de la campagne française. J'ai marché à côté de lui. Nous avions un tronçon de chemin commun pour rentrer chez nous. Je ne parlais pas. Même si j'avais le vocabulaire, l'intelligence, je n'avais pas encore la capacité de communiquer autre chose que quelques mots, quelques phrases. Même si je comprenais tout ce qui se disait autour de moi.
Je marchais à ses côtés, le fixais sans le quitter un seul instant du regard. C'était ma façon de communiquer. Je lisais tout sur son visage, je faisais des liens avec toutes les bribes de ce que je connaissais de sa vie. Il était arrivé assez récemment en France, ne parlait pas le français je crois, ou si peu.
Il était ostracisé par les enseignants, par les élèves. Personne pour se pencher vers lui, l'aider à se laver le visage avant d'entrer en classe - Rachid n'avait pas l'eau chaude chez lui - lui donner un mouchoir et lui apprendre à s'en servir... je sais, ce n'est pas le rôle des enseignants!
Géné par mon silence, à moins que ce ne fut par le sien, par sa propre incapacité à communiquer, il m'a évité les jours suivants.
La suite de ma vie a été un tel boulversement que je ne l'ai jamais revu.
Je suis retourné dans ce village, il y a quelques temps. J'ai appris que Rachid avait été abbattu récement par la police à la suite du hold-up d'une banque. Je me suis dit "pauvre Rachid, il n'a jamais eu de chance!".
Puis j'ai réfléchi. Et j'ai rectifié. Non Rachid a juste été victime d'une suite ininterrompue d'injustices, d'ostracisme, de mise au ban, de condamnation avant même d'avoir pu justifier sa simple existence. Un enfant si jeune se doit-il de le faire? Stigmatisé par son lieu de résidence, logement insalubre comme la France en compte encore tellement aujourd'hui. Le gouvernement ferme les yeux!
Il y a une quantité innombrable d'enseignant qui vont bien au delà de leur tâche assignée. Rachid n'a pas eu la chance d'en rencontrer un quand tout était encore possible. Il a dû décrocher rapidement du système. Sa mort m'a profondément choqué parce que j'ai vu sa vie. Ce que je n'ai pas vu, je l'ai imaginée au travers de celle de tous mes amis plus ou moins dans sa situation... j'ai revu ma propre vie. On a été longtemps des survivants. Moi plus longtemps que lui.
22:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
29/06/2014
ne pas...
Ne pas regarder les obstacles, mais les issues...
Ne pas regarder les défis mais les victoires...
Ne pas regarder la montagne, mais le chemin qui mène au sommet...
Ne pas trop regarder le passé, mais focaliser sur le positif du présent, les possibilités du futur...
Pendant ce temps, le monde regarde le football!
20:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
18/06/2014
La vie est une farceuse...
Depuis des semaines, j'accumulais les outils pour tenter une nouvelle "sortie" de ma condition de sdf. Edmonton est une ville très dure pour les sans-abris.
Un printemps qui n'arrive pas, des nuits froides, des experiences dures, rudes comme la nature sauvage qui entoure cette région.
Les lilas viennent à peine de fleurir. Je m'en suis mis plein le nez!
Et puis un jour, je me bricole un CV en anglais rapidement. Je dois édulcorer, mettre droit, justifier ces trous sans les expliquer. Je suis incapable de mentir!
Je le fait réviser. On me dit que tout est à refaire...
Tant pis, j'en envois quatre tel quels, un samedi. Deux emplois non qualifiés, deux emplois qualifiés. Aucune réponse pour les emplois non qualifiés. Edmonton est une ville où la main d'oeuvre est rare, je l'expérimente. Un empoyeur sait qu'il n'a aucune chance de me garder dans ce contexte, même à 25$ de l'heure...
Réponse immédiate des employeurs pour les deux postes qualifiés. Quand on est employeur et qu'on a un bon prospect un samedi, il ne faut pas attendre le lundi. Échanges de mails, entrevues téléphoniques le week-end, booking d'entrevues face à face. Les deux entreprises veulent m'avoir.
Je me paie le luxe de choisir mon emploi. Et du jour au lendemain, toujours sdf, me voilà (presque) salarié. Petit bémol, à cause du calendrier de paie (bi-mensuelle, avec deux semaines de décalage) il me faudra attendre presque un mois avant d'avoir ma première paie, qui ne couvrira que les quelques jours de travail du mois de Mai.
Mais bon, en quelques jours, je touche ce que d'autres ici touchent en un mois. Comment me plaindre. J'entre de plein pied dans la tranche supérieure des salaires. l'horizon se débouche instantanément!
Après une journée passée avec mon patron à découvrir ce que vont être mes responsabilités, je lui explique que je suis autiste de haut niveau.
Il répond par deux questions;
- Comment cela affecte-t-il ma vie quotidienne?
- Que peut-il faire pour m'aider dans l'aménagement de mes conditions de travail pour faciliter mes (dis)fonctionnements.
J'ai choisi le bon emploi!
Le travail est physique autant qu'intellectuel. La première semaine se passe sans trop de difficulté, malgré ma sous-alimentation. Les deux semaines suivantes seront plus dures. Fatigue intense, je transporte avec un aide à bout de bras, dans des conditions acrobatiques des charges de plus de 100 kilos de façon répétitive, presque tous les jours. Malgré la sous-alimentation, ma musculature se sculpte instantanément. Je ne comprends pas, parce que le nombre de calories que j'absorbe quotidiennement est très inférieur à la dépense. J'ai perdu du poids, mais pris de la masse musculaire de façon impressionante. L'amie avec qui j'ai traversé le Canada pour me rendre ici revient à Edmonton à ma troisième semaine de travail. Elle me paie le resto, m'avance un peu d'argent pour tenir jusqu'à ma paie. Tout devient tout à coup plus facile.
Parmis mes"hobbies", je fais des massages. C'est une passion développée de façon autodidacte, que je ne pratique que sur quelques personnes très proches. Mon fils y a goûté depuis la naissance! Mon amie apprécie habituellement la force de mes mains. Mes massages lui ont fait beaucoup de bien. Depuis que nous avons repris contact à la fin de l'été dernier, je lui fait un massage à chaque fois que l'occasion se présente. Elle a retrouvé une posture adéquate, des mouvements déliés et les douleurs chroniques qui l'handicapaient depuis que je la connais ont totalement disparues. Elle a retrouvé une vie beaucoup plus équilibrée. Quand je pose mes mains sur ses épaules, elle est sidérée de la force brute, démesurée qui la manipule. Je parviens sans effort à faire bouger des parties entières de son corps, juste avec la force de mes doigts. Auparavant, il m'aurait fallu la force des bras. J'ai la sensation de pouvoir la casser en deux. Je redouble de vigilance.
Voilà... j'ai touché ma première paie, me suis précipité dans un restaurant m'offrir un steak, du riz et des légumes...
Puis je suis allé faire les soldes pour m'acheter du linge. Il faudrait que je fasse quelques photos, je suis bien fier de mes achats!
Pas encore assez d'argent pour me loger, mais dans quelques semaines, je devrais m'en sortir!
Une autre fois...
L'essentiel, me nourrir adéquatement, est maintenant garanti!
03:49 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)
03/04/2014
La place du mort
La vie est étrange... Ma vie est étrange!
Il y a quelques semaines, je vous parlais d'un fait divers qui est venu telescoper mon quotidien. Un meurtre... pas la première fois dans ma vie que cela arrive!.
Et là, de coup de main en aiguille (ou de fil en coup de main...) je monte dans la voiture, prends le volant pour quelques manoeuvres.
Je réalise quelques heures plus tard que j'étais à la place du mort!
07:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
08/01/2014
Le temps qui passe...
Un peu plus de deux semaines que j'ai retrouvé une vie normale, du jour au lendemain. Oui, un simple logement peut faire basculer la vie de la marginalité à la "normalité", comme ça, du jour au lendemain...
Je dors bien, mais peu, pour tenter de ratrapper la normalité qui me faisait défaut. Faire toutes ces petites choses que l'on dit anodines, et les refaires, encore et encore parce que pour moi, rien d'anodin en cela!
Je repasse sur mes lieux de vie passée, oui, de deux semaines seulement, mais passées déjà, passées quand même, et je me remémore comme une vie lointaine ces moments passés dans le froid intense en souriant à l'idée que là, je vais rentrer chez moi, prendre une douche, mettre des vêtements propres, manger tranquilement, en regardant un film, histoire de ne pas perdre de temps. Oui, je sais, ce n'est pas bon de manger devant un écran. Je ne le fais jamais d'ordinaire, mais là, n'est-ce pas extraordinaire?
J'ai toujours su apprécier les bonnes choses de la vie, chaque instant. J'ai toujours su apprécier les mauvaises choses aussi, pour ce qu'elles avaient de bon. Je me suis enrichi chaque jour, car j'ai été intègre jusqu'au bout.
06:19 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
05/01/2014
Sdf au Japon... ouais... quand on se compare...
L'homme ne cessera jamais de profiter de la faiblesse d'autrui...
L'article complet ici.
05:51 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
23/12/2013
Quand on se compare... (ou l'effondrement quand même!)
On se console! Ça, ça existe sur terre!
Ce qui est fou, c'est de penser que Mike Horn a connu ces conditions en survie, sous la tente... Juste malade!!!
Donc, avec mon -21°C, je reste un "petit joueur"!
J'aimerai descendre à -35°C, pour voir. Ceci dit, mes conditions de "survie" sont fort différentes des siennes. Pas d'équipement de pointe, pas de tente pour protéger du vent...
Mais voilà maintenant la bonne nouvelle. Je suis enfin logé, pas luxueusement, mais confortablement. À quelques heures des congés de fin d'année, les membres d'une équipe d'intervention qui me suit ont décidé qu'ils ne pouvaient pas partir en vacances en me laissant à la rue, et ont tout fait pour me trouver un logement. Depuis vendredi, je suis à l'abri. Ils m'ont trouvé un petit studio sur le "Plateau", à distance de marche de leurs locaux et de ceux des services sociaux qui me suivent également.
Et curieusement, dès la première nuit, je m'effondre. Fièvre, courbatures au réveil (le matelas de mon lit est beaucoup trop mou, plus l'espèce de grippe ou bronchite contre laquelle je luttais... je crois que la chaleur a dynamisé les microbes ou virus que j'avais en moi!)
Alors, pour la première fois depuis longtemps, j'ai "vaché" toute la journée de dimanche, sans sortir le bout du nez dehors.
Je vais mieux ce soir... boire beaucoup, manger...boire encore...
03:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (8)
08/12/2013
À l'heure des comptes...
À cet internaute qui a atterri sur mon blog en ayant cherché "pourquoi les sdf sucrent trop", je réponds...
Par besoin de calories pas cher!
Oui, le sucre, quand tu es dans la rue, te réchauffe, et c'est le même prix... alors autant blinder ton kawa et repartir avec un "boost" cafeine plus un "boost" sucre. C'est tout bénéf!
Et ne vous inquiétez pas, en général, tout est vite brûlé dans la rue!
J'ai fait quelques calculs tenant compte de mon poids, de mon état de santé, de mon activité quotidienne, de la température, qui est déjà descendue à moins quinze, et je m'attends à pire bien sûr...
Il me faut au moins 2500 calories par jour. Ces dernières semaines, cela a rarement dépassé les 1200!
Alors évidement, une fois de plus, je me suis affaibli, je m'épuise rapidement, je ne suis plus capable de fonctionner convenablement.
Vous ais-je dit que c'est dur de vivre dans la rue?
Alors j'ai commencé à compter les calories dans tout ce que je mange, pour parvenir à redresser la barre. Trouver le temps de manger, m'organiser pour avoir systématiquement accès à une quantité suffisante de nourriture, juste pour ne pas faiblir.
Le soir, avant d'aller rejoindre mes lieux de nuit, il faudrait que j'absorbe 1000 à 1200 calories pour pouvoir me réchauffer suffisament pour passer au travers de ma nuit.
Par chance, une cuillère de pate à tartiner au chocolat de la marque que je ne citerai pas, contient 100 calories! Et moi qui me demandais pourquoi quand je plonge ma cuillère, je ne peux plus m'arrêter! C'est juste par besoin de calories!
Je suis content de cette constatation!
Sinon, les cookies (170 calories pour deux cookies) et les barres de céréales (170 calories par barre) sont bien aussi. Avec une tisane bien sucrée, bue assez tôt pour ne pas avoir à me lever au milieu de la nuit...
Parce que le plus dur en fait, c'est d'entrer dans le sac de couchage le soir, et d'en sortir le matin... Surtout en sortir le matin!
06:17 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sdf, itinerant, sans-abri
18/11/2013
la vie des autres...
Avec l'arrivée de l'hiver, je perçois comme de plus en plus plausible de le passer dehors. Je me prépare tranquilement à en affronter les rigueurs, comme un guerrier se prépare au combat. Même si bien sûr je continue de chercher des moyens d'éviter, de rassembler petit à petit des outils qui devraient m'aider...
La vie et les expériences des autres m'ont toujours aidé à acquérir du "vécu" (non vécu par moi, mais intégré quasi comme tel!) qui me permet d'aller au delà de tout sans en payer l'intégralité du prix.
Je relis pour la troisième fois "Conquérant de l'impossible", récit autobiographique du tour du monde sur le cercle polaire arctique de Mike Horn. Je me dis que moi au moins, j'ai encore mes dix doigts intacts! (Lui a dû se faire amputer de plus d'une phalange sur trois de ses doigts qui avaient gelés!). J'emmaganise les informations techniques oubliées pour rendre toute éventualité possible en terme de survie. Bah, me dis-je, je n'aurai que 5 ou 6 heures par nuit à endurer des températures pouvant ateindre au pire seulement moins quarante pendant quelques jours dans l'hiver. (Mike Horn a affronté jusqu'à moins soixante pendant de longs mois sur les plus de deux ans qu'a duré son tour du monde! Ces 20 degrés, c'est la même différence qu'entre une soirée d'été un peu fraîche et le gel de l'hiver!).
Les photos couleur du livre valent à elles seul le prix d'achat! Et les détails techniques de survie sont ireemplaçables... pour le jour où vous vous trouverez nez è nez avec un ours polaire échappé du zoo de Vincennes ou que votre vol Paris-Nice s'écrasera sur un sommet des Alpes en plein hiver! ;-)
http://www.youtube.com/watch?v=EzxGVJabAtk
Pour tenir, il ingurgitait huit à dix milles calories par jour! Je fais pitié à côté, avec le rassemblement pénible de quelques centaines de calories, souvent bien en dessous du nécessaire. Cela s'améliore cependant ces derniers jours. Il faut que je prévois une priorité sur ce point précis avec l'obligation de manger hyper calorique avant de partir le soir!
Cela ne durera que quelques semaines tout au plus. Le reste du temps, la température sera au dessus de moins vingt, ce que je peux endurer sans trop de difficulté. Il faudra que je fasse attention à ne pas sous-estimer le froid et la vitesse à laquelle il peut engourdir et tuer. Je devrai rester à proximité de mes sources de chaleur. Ne pas m'en éloigner de plus de trente minutes de marche, maximum. Je devrai rester à proximité d'un hopital ou d'un poste de police, pour le pire des cas. Je quadrille mes possibilités, je les prépare, les imprime dans mon cerveau, dans mes os, dans ma peau, pour qu'elles deviennent des reflexes, une seconde nature!
J'ai commencé à ressortir mes choses d'hiver. Il me manque encore quelques affaires indispensables. Mais dans l'ensemble, je suis "prêt". J'ai un mental redoutable face à la "simple" survie physique. Ma faiblesse est mon fils et tout ce qui peut l'affecter. Cela me remue jusqu'au plus profond de mes entrailles. Il va falloir que je mette la hache dans les mensonges de sa mère, une fois encore...
Tout est si lourd! Tout est si brutal. Et moi qui d'un côté, déplace des montagnes, et qui de l'autre m'enfarge (trébuche...) dans "les fleurs du tapis".
La reconnaissance de mon handicap permanant me donne droit à une allocation supplémentaire. Toute personne "normale" chercherait un abri, même précaire. Je ne peux plus envisager de vivre comme je l'ai fait à quelques reprises dans un logement insalubre. Je ne peux plus accepter de me faire manger par des punaises de lit. De me coucher en sachant que ma nuit sera ponctuée de réveils par piqures multiples et répétées. Je préfère le risque du froid.
Je ne peux plus accepter de contribuer malgré moi à l'exploitation indigne de l'homme par l'homme en louant ce genre de logements.
Par aillleurs, ma résistance aux interactions humaines est à son niveau historique le plus bas. Je suis totalement incapable d'endurer ce qu'exigerait comme contacts et comme interactions la recherche d'un logement, la proximité de gens, l'obligation de croiser des voisins...
Actuellement, la rencontre hebdomadaire avec l'intervenante en psychiatrie de rue draine toutes mes énergies, même si elle est bénéfique en ce qu'elle me permet de remettre au jour mes problématiques avec un reflet exterieur qui m'aide à mieux les apréhender. Son aide pratique pour éliminer les difficultés qui peuvent l'être est également précieuse.
16:38 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
13/11/2013
Liens...
Je ne parviens toujours pas à faire des liens directs, pourtant évidents! Pas de calories qui rentrent = pas d'énergie qui sort!
Ce que je fais sans difficulté lorsque convenablement logé devient une véritable gageure dans la rue. Le combat pour l'hygiène, résister au froid, aux microbes auquels on est plus exposé que la moyenne. Et surtout s'alimenter raisonnablement. Raisonnablement n'a plus le même sens qu'habituellement. Raisonnablement veut dire ne pas se carencer trop rapidement. Tenter de maintenir un équilibre qui permette de ne pas m'anémier, de ne pas m'affaiblir déraisonnablement.
Mais je n'arrive pas à trouver cet équilibre. Je m'affaiblis, m'affaiblis, et tout à coup, je tombe et je réalise que je n'ai pas mangé convenablement dans les dernières semaines. Et le sommeil, insuffisant ces derniers jours, ajoute au fardeau.
Mon épuisement est extrème.
Premier rendez-vous de prise en charge par une équipe spécialisée en psychiatrie de rue. Après quelques minutes de discussion, l'intervenante m'apprend qu'elle a une spécialisation en violence conjugale. Bien qu'elle n'ait eu affaire principalement qu'avec des cas de femmes victimes, elle me dit qu'elle perçoit sans aucun doute la violence qui m'a été faite par mon ex-femme, au point qu'elle estime que c'est la première chose sur laquelle elle va travailler.
Seule la problématique de l'autisme était inscrite au plan d'intervention pourtant.
C'est la première fois que mon syndrome de l'homme battu est reconnu. C'est inattendu pour moi. Cela soulage.
Mais cela heurte également de plein fouet. Un autre autobus vient de me frapper. Cela fait beaucoup en peu de temps!
03:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
04/11/2013
Allo la terre... m'entendez-vous?
Je dévisse... selon l'expression consacrée d'un alpiniste dont les ancrages lâchent lors d'une chute, la redant potentiellement dangereuse, voire fatale!
Je glisse! J'ai perdu repères et ancrages, tout tourne autour de moi dans une valse insensée. Le maestro a perdu la tête, le rythme est endiablé, saccadé, imprévisible.
Chaque incertitude de ma vie trouve une réponse rigide, maintes fois répétée, jamais entendue.
Je comprends ce que je ne parvenais pas à exprimer. Je commence à dessiner de nouvelles formes de possibles.
J'ai l'impression d'avoir traversé un désert, et de me rendre compte qu'il faut que j'en traverse un nouveau, dont j'ignore tout.
Je ne supporte plus aucune interaction humaine. Chacune devient un terrible challenge et réclame son tribut, sa quote part de mon intégrité.
J'ai l'impression de marcher sur une toile posée sur les flots. À chaque pas, je m'enfonce, et plus j'avance, plus je m'approche du bord, plus je m'enfonce, m'attendant à chaque instant à être englouti par l'abîme.
Je suis retourné dans un état instable, où tous mes acquis ont disparu. Ou non, c'est plutôt comme si ils se retrouvent derrière une cloche de verre m'en interdisant l'utilisation. Je dois tout reconstruire, mais j'ai quelques plans, quelques directions.
Je replonge dans l'abysse de mes incongruités et je patauge pour tenter de remettre en place une voie de sortie.
Improbable.
Mon histoire, les drames, les fantômes de mon passé entrent dans une farandole échevelée qui m'étourdi et me fait perdre tout repère.
03:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
21/10/2013
Voyage au coeur de ma tête...
Depuis 2006, mes épisodes dans la rue (jusqu'à 5 mois concécutifs) ont totalisé deux ans et demi. À chaque fois, le même schéma: Je déploie des efforts surhumains pour rentrer dans un moule qui me permette de survivre en société. Après quelques temps, les efforts dépassent ma capacité. Et c'est la rupture et le retour dans la rue.
Depuis le début, et aujourd'hui encore, je me considère sdf... de luxe car mes ressources mentales, cérébrales, dépassent celles la moyenne des sdf dont je croise le chemin dans la rue. Elles dépassent paradoxalement celle de la majorité des gens dans certaines sphères. C'est ce qui laisse les professionnels qui m'ont évalué perplexe. C'est pour cela que j'ai eu tant de mal à me faire diagnostiquer. Rien ne correspond aux "modèles" dans mon profil.
Un esprit trop puissant pour pouvoir être incapable de gérer certains aspects de la vie quotidienne... C'est bien là le plus grand paradoxe!
Et comment ais-je fait pour vivre presque normalement pendant si longtemps?
Rendez-vous il y a quelques jours avec mon médecin traitant. Elle a la mi-trentaine, me suit depuis cinq ans, ne croyait pas à mon autisme mais a finalement décidé de me référer pour évaluation psychiatrique. "Essentiellement pour écarter l'incertitude au sujet de l'autisme", m'avait-elle dit. Mais elle avait quand même ajouté: "Mais parfois, ce sont les patient qui ont raison. Ils savent parfois mieux que nous dicerner leurs problèmes."
C'était donc la première fois que je la revoyais depuis mon diagnostique. Elle avait reçu le rapport du psychiatre. Je lui avais écrit un mot lui demandant de devancer notre rendez-vous, prévu pour la fin du mois. Elle est un peu abasourdie de ce qu'elle a lu. Mais elle a rapidement fait le lien avec l'ensemble du dossier qu'elle a monté sur moi au fil du temps, et sa réaction est très vive, brillante, pour tenter de me recadrer dans cette nouvelle dimension.
Comme le psychiatre, ce qui lui semble le coeur de mon problème, c'est la distance que je mets entrre ce que je raconte et ce que cela représente réellement pour moi. Toutes ces histoires de ma vie qui semblent incroyablement dures et que je décris comme un cours de science. À chaque fois, j'en reviens au même point; "Vous savez, personne n'imagine comment il est dur de vivre dans la rue..." Et encore une fois, je le dis comme si je racontais mon week-end en camping. Mais le dimanche soir, il n'y a pas un logement douillet pour me remettre de mes émotions... Cela fait déjà bientôt deux mois que je suis à nouveau dans la rue...
Elle me donne plusieurs trucs pour redéfinir ma façon de communinquer. Elle dresse également les contours d'un cheminement.
Aujourd'hui, j'ai pu faire sécher mon sac de couchage. Enfin, le laver et le sécher. Quand je me suis fait surprendre par la pluie, l'autre nuit, je n'ai pas eu le temps de plier avant que tout soit trempé. J'ai alors calculé les options. Ramasser tout et me mettre à l'abri, trempé, avec les courants d'air,,, ou rester sur place, me recroqueviller au mieux pour conserver la chaleur le plus possible et tenter de retrouver quelques minutes de sommeil... La pluie redouble, l'eau entre doucement dans le sac de couchage. Sur le dos, ça va. L'humidité se réchauffe au contact de mon corps. Mais pour combien de temps? Sur le ventre, c'est un peu plus froid. Je cherche à éloigner mon corps du contact avec le sac de couchage pour ne pas me refroidir trop. Je finis par m'endormir. Au matin, trempé des pieds à la tête, je plie rapidement mes affaires, mets mon sac de couchage dans un sac poubelle que j'ai avec moi, et me réfugie dans des toilettes, où je ferai sécher mon t-shirt et chauffer un peu ma veste imperméable. Je me rhabille et parcours à vélo les quelques kilomètres qui me séparent de mes lieux de jours. Après un thé chaud, je vais pouvoir regagner mon local d'entreposage pour l'ouverture, et enfin me changer.
04:54 Publié dans A archiver: Le début du sdf... de luxe, Blog, le début de l'histoire | Lien permanent | Commentaires (4)
14/09/2013
L'erre du temps
L'automne est là, montrant ses dents prêtes à mordre. Bien que peu de choses semblent changer dans ma vie, vue de l'extérieur, je reconstruis pourtant peu à peu un référentiel et des outils pour parvenir à reprendre une place dans ce monde qui m'entoure sans que je ne parvienne réellement à en faire partie.
Je parviens à définir de plus en plus précisément les problématiques que j'affronte depuis toujours, à repérer ce qui m'a permis par moment de vaincre les obstacles, ce qui m'en empêche depuis les dernières années. Premiers pas vers de nouvelles solutions.
Je suis à nouveau dans la rue, un peu serein, un peu découragé. Tout est plus dur dans la rue.
Mais j'ai de l'experience, et de nombreuses options de routines. C'est curieux comme je peux avoir besoin de prévisibilité d'un côté, et être totalement dans mon élément à l'aventure, sans le moindre repère.
J'ai mis des chiffres, fait des statistiques. Quand je suis perdu, je me fie aux maths... enfin un système composé de maths, de sens, de sensibilités, d'émotions qui me permet de définir bien plus précisément que les maths seuls les situations complexes.
C'est `al a fois ce qui me sauve et ce qui me perd.
Ma tolérence à l'interaction avec le monde humain est circonscrite. Limitée mais définie. C'est une première base de repères.
Il faut que je bâtisse dessus...
Le temps passe, comme un rouleau compresseur!
18:22 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
09/08/2013
Le monde en mutation...
À me promener, attentif à tout ce qui bouge, dans le monde, dans ma vie, sur mon écran, je suis emballé par l'abondance de belles choses que je vois, contrairement aux gens qui ne se nourissent que de leur écran de télévision ou d'ordinateur.
Cette semaine, j'ai rencontré un petit groupe de personnes fort intéressant.
Amusante anecdote;
Lors d'une soirée, je rencontre deux personnes portant le même prénom, avec lesquelles je sympatise.. Une de ses personnes me demande comme "ami" sur Facebook. J'accepte sans me poser de questions. Depuis, elle m'a invité à plusieurs occasion à des évènements. Je n'avais jamais eu l'occasion de la revoir jusqu'à ce soir là. Comme elle n'avait pas de photo personnelle sur son profil, je n'avais pas réalisé que je me méprenais. Et en la revoyant, je me suis amusé d'avoir pensé pendant deux ans que c'était l'autre qui m'invitait. D'autant plus amusant que cette personne, un activiste américain fort intéressant, a un profil beaucoup plus proche de moi que celle pour qui je la prenait!
Je crois que nous somme dans un monde qui promeut la vilainie pour mieux anihiler les désirs d'émancipation de cette société conçue, élaborée pour nous contraindre à fonctionner selon ses standards.
Mais internet, les médias sociaux et plus récement, le "crowdfunding" (financement de projets par des individus s'impliquant volontairement dans le financement des dits projets), ont donné la parole et le choix à des gens qui ne l'avaient pas.
Et l'évolution technologique, sociale, humaine, s'en trouve redressée.
Une fois encore, un projet bat des records à son niveau, dépassant son objectif dans les heures suivant son lancement.
J'aime le concept de Tribesports et leur campagne de crowdfunding sur Kickstarter vous laisse encore le temps de soutenir le projet en vous procurant des vêtements techniques de sport (qui peuvent également être des vêtements de sports techniques!)
Je trouve cela encourageant.
Kickstarter, un des sites majeurs de crowdfunding, étend son activité au Canada en septembre. Je surveillerai cela de près!
22:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
04/08/2013
Parceque la vie est ainsi faite...
Je suis en constante recherche de repères par rapport au monde qui m'entoure...
Quand la travailleuse sociale m'a dit que mon problème au niveau de l'interaction en était un d'anxiété, j'ai enregistré. Mon reflexe instantané a été de ressortir le concept modélisé dans ma tête de ce qu'est l'anxiété, de replacer tous les éléments que peut revêtir l'anxiété, et d'analyser ce qui peut s'appliquer à ma problématique. Ok, les autistes peuvent vivre une forme d'anxiété face à l'inconnu... mais j'aimerai en fait qu'un terme particulier soit créé pour les autistes. Car la forme d'anxiété qu'ils peuvent rencontrer face à une situation innatendue, inhabituelle, n'a rien à voir avec l'anxiété d'un neurotypique. Les professionnels du domaine le savent, et c'est relativement bien documenté.
Je n'ai aucune anxiété préalable à la rencontre de gens. Ni d'anxiété suivant la rencontre de gens. C'est l'interaction avec les gens qui déclanche un phénomène d'emballement incontrôlable de mon cerveau. Rien qui puisse se régler par une thérapie, même si, avec l'adaptation de certains paramètres, ma réaction peut être atténuée.
Alors, je cours après ces paramètres, les collectionne, et essaie de les garder à portée au cas où...
Et je me mets chaque fois que c'est possible des repères qui me permettent de naviguer en eaux obscures...
Comme mon "café-croissants" du samedi et/ou dimanche matin, même dans la rue. Surtout dans la rue!
Et depuis mon retour sur Montréal, j'ai réussi à maintenir la "tradition" chaque week-end.
Pour ceux qui ne suivent pas depuis assez longtemps, j'ai quelques petites manies, comme celle de manger des croissants le samedi ou le dimanche au petit déjeuner. C'est à la fois un rituel, une preuve que je peux continuer à me faire du bien même dans les difficultés...
Quand je suis arrivé à St-Martin après quatre semaines de disette, c'est la première chose que j'ai faîte...
Et quand je peux ajouter un jus d'orange et une salade de fruits frais...c'est le top!
07:28 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
25/07/2013
Parce que je suis un geek aussi (Naissance du Ubuntu Edge Smartphone Project)
http://www.indiegogo.com/projects/ubuntu-edge?c=home
Un autre projet tout aussi intéressant est le Fairphone. Malheureusement, il n'est pas disponible pour l'Amérique du Nord. Les standards de télécommunications ne sont pas les mêmes et donc, le multistandard proposé sur de nombreux téléphones du marché et sur le Ubuntu Edge en étant absent, je ne puis envisager ce choix! Mais mes lecteurs Européens pourront le considérer.
Une des grandes forces de l'Open Source est sa grande interactivité. J'ai entrepris des démarches pour faire que les deux projets s'inspirent l'un de l'autre.
Si vous utilisez des logiciels open source, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour verser une petite contribution à l'un ou l'autre des ces projets...
19:02 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
21/07/2013
parce que manger bien, c'est bien!
Dans la rue, je m'efforce de manger le plus sainement possible. Mais ce n'est que quand je retrouve des conditions de vie normale que je me rends pleinement compte que dans la rue, on ne peut pas vivre normalement.
Cela peut paraître évident. Le fait que je le mentionne peut paraître absurde. Mais le désir de paraître, si ce n'est d'être normal force l'être à repousser les frontières de l'anormalité pour parvenir à continuer de se sentir un tant soit peu partie prenante de la "tribu".
C'est un défi de chaque instant, une charge de travail physique et mentale que personne ne peut imaginer. Il m'a fallu au delà de deux ans cumulés de vie dans la rue (approximativement le cumul du temps que j'ai passé dans la rue à ce jour) pour parvenir à cerner les mécanismes qui se mettent en place, que cela soit chez les neurotypiques ou les personnes atteintes de diverses problématiques de santé psychique ou mentale.
Premièrement, le sommeil est rarement totalement serein. Il faut être aux aguêts, même pendant le plus creux de la nuit. Il faut savoir se placer, se déplacer, arriver tard, repartir avant l'aube. J'ai développé des stratégies gagnantes. Jamais je ne me suis fait surprendre, jamais je ne me suis fait jeter d'un endroit.
Ensuite l'hygiène, pour être raisonnable, oblige à de longues heures de démarches; se rendre en un lieu propice, se laver, se raser, prendre un shampoing... sans attirer l'attention, sans monopoliser une toilette dont on nous reprochera l'utilisation. Laisser toujours propre derrière soi. Parfois faire demi-tour devant l'état des lieux que l'on nous accuserait d'avoir polué. Arriver sans tout mon bagage, pour ne pas attirer l'attention. Ce qui veut dire aller déposer mes affaires dans une consigne avant de me rendre aux toilettes... des heures de "couraillage" pour accomplir quelque chose qui prend 20 minutes le matin chez soi. Le compteur de la fatigue tourne pendant ce temps. Le peu de calories absorbées sont vite brûlées!
Puis il faut faire les démarches régulières pour entrer un revenu, les démarches et le suivi pour m'assurer des services de santé physique et mentale... Je marche en moyenne près d'une vingtaine de kilomètres par jour, dont une bonne partie chargé d'une vingtaine de kilos mal répartis dans des bagages mal adaptés.
Rien d'étonnant que mon premier désir soit d'optimiser mes bagages pour le voyage et pour la rue. Peu de gens arrivent ne serait-ce qu'à soulever et faire quelques pas avec mes sacs. Régulièrement, je souris en déposant mon sac à terre et en regardant quelqu'un essayer de le soulever. Je le fais avec une telle apparence de facilité que les gens me regardent ensuite de façon étrange.
Arrivé à midi, l'énergie a disparue. La bonne volonté ne suffit plus. Le carburant est épuisé. Avec mon gabarit et mon degré d'activité, il faudrait que j'absorbe quotidiennement 2400 bonnes calories. Quand j'en ai pris 400 le matin, la machine ne veut juste plus avancer le midi. Et le déficit est déjà tel à la mi-journée que plus rien ne peut permettre de rattraper le retard.
Alors je continue d'avancer au ralenti, pour me dire que j'accomplis quand même quelque chose. Mais les résultats sont décevants. Régulièrement, je m'aperçois que ça où rien... Alors le moral prend une claque et tout devient plus dur encore.
Et puis tout à coup, les circonstances changent. Et tout repart comme si de rien n'était. Les calories absorbées le matin dans le calme donnent du jus jusqu'à midi, voire même plus loin. La petite douche rend serein, et dynamise le métabolisme stimulé. Vous ne pouvez pas imaginer comment on sent, comment on ressent tous ces détails. Et c'est une richesse que je n'aurai pas soupçonné auparavant.
06:38 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2013
De fil en aiguille...
Je ressors ma machine à coudre!
J'ai depuis 24 heures un gîte qui me permet non seulement de me replonger instantanément dans une vie normale, mais qui me permet aussi de me préparer à remettre en marche mes flux monétaires entrants.
Je commence par remettre en ordre ma garde-robe quelque peu défraîchie. Il faut que je répare mon ciré qui a subit quelques accrocs disgracieux lors des ces mois de navigation. J'ai remonté une archive complète de mon travail sur mon ordinateur portable. Je songe à le changer. Six ans déjà qu'il officie sans trop de problèmes. Surtout depuis qu'il roule exclusivement sous Linux. Mais pour mon prochain voyage, j'aurai besoin d'une machine plus légère et plus puissante pour le travail que j'aurai à accomplir.
Je ferai ensuite un ensemble de travaux d'optimisation de mes bagages et divers sacs. Sacs pour le travail informatique, sacs pour les rénovations, sacs pour le voyage... car je repars à la voile cet automne pour finir ce périple vers le Brésil.
Je ne trouve rien d'adéquat dans le commerce. Alors, comme à mon habitude, je fais les poubelles et me bricole du rangement parfaitement adapté à mes besoins. Ma machine est robuste et tout le mécanisme est en acier. Elle devrait passer au travers de la tâche que je lui demande!
Je dois retrouver une apparence de normalité dans mon vêtement afin de lancer ce qui devraient être mes sources de revenus dès cet automne.
À chaque fois que je repasse au travers de mes archives, mes émotions intenses sont étranges. Une espèce d'exaltation d'être passé au travers de cette période, avec ses hauts et ses bas. Mais surtout, avec une force et une brutalité qui prend toute son intensité dans l'incroyable combat pour survivre que j'ai mené. Je ne m'en rends pas vraiment compte au quotidien. Mais quand je le raconte, quand je compare mon vécu des derniers temps avec celui des neurotypiques qui m'entourent, je me rends compte de l'incroyable décalage entre ma vie et la leur. Je me rends compte que ce qui est ma normalité est proche de l'absurdité la plus totale dans un référentiel classique. Pour la première fois, j'ai ressenti profondément l'inquiétude dans les mots d'une amie qui a pris la mesure du fil sur lequel j'ai marché ces derniers temps. C'est vrai que c'était un fil fragile parfois, je dois l'avouer. J'ai réellement senti son attachement à moi. J'ai senti l'importance que j'avais pour elle, et par ricochet pour plusieurs personnes... Je ne sais pas me souvenir de cela, enfermé dans mon monde, dans ma solitude...
06:46 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
12/07/2013
et le temps...
Je m'installe à "ma" table, dans un de mes lieux de soirs sans trop de contraintes.
La radio joue du Joe Cocker. J'adore cette chanson...
Je repense à mes discussions avec une amie Américaine. Je lui avais montré ce vidéo;
J'adore Alison Krauss... sa voix me fait vibrer... Mais je trouvais cette chanson insipide, malgré une mélodie qui m'attirait. En fait, il manque la moitié du texte! J'ai découvert Allison Krauss dans un film avec Georges Clooney (que j'aime plutôt bien comme acteur). Elle chantait ça...
Mon amie, en entendant"Jolene", me dit aussitôt "c'est une chanson de Dolly Parton". Je réalise qu'un monde nous sépare malgré tout. Son référentiel n'est pas le mien! Pour moi, Dolly Parton, c'est une bimbo barbie (sympa) qui chante du country.
Alors je ioutube et je trouve la version originale. C'est une histoire autobiographique, raconte-t-elle. C'est intéressant!
Jolene était une employée de sa banque qui voulait lui prendre son mari.
J'adore ce genre de chansons à mi-chemin entre la poésie et la guerre. Je crois que j'aime surtout l'idée qu'une femme puisse un jour manifester de façon aussi puissante son amour pour moi! Malgré tout...
Et franchement, je trouve que Dolly Parton a une jolie voix.
Voilà comment on passe de Joe Cocker à Dolly Parton comme ça, l'air de rien!
Et au départ, je voulais simplement vous parler d'un film traitant de l'autisme. Quand je l'ai recommandé à une amie, je lui ai dit "regardes-le, ce n'est pas long, et c'est super bien fait!". J'allais ajouter "Ça dure une quinzaine de minutes..."
Il dure en fait plus d'une heure et demi!
Ne cherchez pas de logique à tout cela!
05:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
29/06/2013
Perspectives...
Dans l'aérogare de Bridgetown (Barbade), je me dirige vers un siège libre - il n,y a que ça, j'aurais pu avoir l'embarras du choix, mais je ne m'embarasse jamais quand j'ai le choix! l'aérogare est déserte - et j'ouvre le sac de papier contenant une canette de boisson gazeuse et une patisserie. En me promenant autour de l'aérogare, qui n'est qu'à quelques centaines de mètres de la côte et de plages magnifique, j'ai apprécié l'incroyable propreté des lieux. Pas comme un jardin britanique, comme un jardon tropical, un peu sauvage, un peu ordonné. L'aérogare est plus propre qu'un hôpital français, dans un cadre équilibré entre modernisme et classicisme. J'adore cet équilibre plus vivant que du feng shui, plus apaisant que la caresse d'une brise d'été. Le propre de la nature qui sait jouer entre la puissance incontrôlable et l'ordre immuable.
Et comme toujours quand je sens approcher Montréal, mon esprit s'échauffe, s'emballe. J'arrive chez moi. Et même si la perspective qui m'attend n'est guère emballante, je me sens à l'aise de l'affronter.
À peine posé que le combat commence. J'attaque de front. J'ai du soleil dans les veines. Cette énergie doit être utilisée à bon escient. Je file à mon entrepôt dès l'ouverture. Je me faufile jusqu'à sa porte pour voir si un signe me permet d'espérer qu'il n'ait pas été saisi.
Je suis d'un abord simple et ouvert, malgré mon autisme. Et j'ai tout de suite sympathisé avec le personnel. Notament un des gérants d'origine libanaise. Mon attitude toujours emprunte de considération pour autrui me vaut en retour une appréciation favorable des gens que je cotoie.
Approchant de la porte de mon espace, je repense à l'entrpôt qui m'a été saisi l'an dernier. Mon corps se liquéfie, mes jambes se dérobent. J'ai perdu tant de choses précieuses, tant de souvenirs, tant de morceaux de ma vie...
Mon cadenas est toujours sur la porte, doublé d'un deuxième, rouge, posé par la gestion et annonçant la proximité de la saisie. J'ai largement dépassé le délai maximum accordé, mais en parlant à l'employé - un nouveau - qui regarde mon compte sur l'écran de son ordinateur, j'apprends qu'une note a été inscrite par un des gérants, ayant suspendu provisoirement la mesure de saisie. J'ai de quoi payer mon retard et mettre mon compte à jour. Et il me reste assez pour manger deux ou trois jours. Je m'inscrit sans réfléchir dans la routine que j'ai laissé il y a quelques mois et songe aux démarches suivantes à faire.
15:54 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
27/06/2013
Etranges chemins...
Mon séjour en Martinique s'achève. De nombreuses incertitudes pour mon retour. Que me restera-t-ill? Je n'ai pas payé le loyer de mon local d'entreposage depuis plusieurs mois. Aura-t-il été saisi? J'ai quelques petits contrats en vue, mais aurais-je encore les outils et le matériel pour les compléter? Et par dessus tout, serais-je en condition pour les exécuter?
J'ai trouvé un vol très bon marché, via la Barbade et Toronto. Je ferai les deux derniers vols sur Air Canada. Cette compagnie reçoit régulièrement les honneurs des comparatifs. L'an dernier, elle a été à nouveau élue meilleure compagnie internationale en Amérique du nord. De fait, le personnel courtois, serviable, la ponctualité, la propreté des avions...à chaque fois que je le peu, je vole sur ses ailes... De plus, leur site internet est bien fait, et on peut choisir son siège à l'avance, ce que j'aprécie particulièrement. Et enfin, je vais recommencer à accumuler des miles sur mon compte chez eux. Il fut un temps où je volais souvent, surtout pour le travail, toujours chez eux ou presque. J'aimerai bien me refaire un vol en classe affaire un jour!!!
Mais bon, ce n'est pas pour tout de suite, et je me satisfait pleinement de ce vol en trois étapes. Je vais découvrir la Barbade, une des perles de la Caraïbe.
J'ai acheté mon billet d'avion une trentaine d'heures à l'avance, très bon marché. Il va me rester assez d'argent pour payer mon entrepôt en arrivant, si il est encore là... et de quoi manger quelques jours. Il faudra que je rebondisse rapidement ensuite pour ne pas m'applatir comme une crêpe!
J'aime la possibilité de choisir de manger ou non à bord. On ne paie que si on le veux 9$ pour une collation et un repas. Certains diront que c'est scanf=daleux d'avoir à payer son repas, je dirais qu'au contraire, cela permet de réduire le prix de son billet si on le veut et cela réduit le gaspillage absurde de nourriture.
J'arrive à l'aéroport du Lamentin deux heures avant le départ. Il est assez tôt le matin et l'aérogare est presque déserte. Je remplis rapidement les formalités et m'installe à proximité de la porte d'embarquement. Je sors un livre et relaxe, profitant de l'instant. Une pluie battante martelle les baies vitrées devant moi. Depuis des jours, des semaines, les ondes tropicales se succèdent sur la Martinique, emportant des ponts, coupant des routes, isolant des secteurs entiers.
Je suis parmis les premiers à embarquer dans l'avion. Sur ce vol régionnal, pas de place attribuée. Je choisis donc ma place au niveau des ailes, côté hublot. Je survole ces lieux où j'ai navigué, retrace mon escapade jusqu'aux abords de Ste Lucie dans une vaine tentative de rejoindre le sud de la Martinique. Mes voiles déchirées m'avaient empêché de remonter suffisament au vent et en quelques heures, j'avais traversé le canal de Ste Lucie et m'étais approché de ses côtes à les toucher pour virer de bord et retourner vers le nord de la Martinique.
Je découvre avec émerveillement les abords de la Barbade. Cette île mérite bien sa réputation! J'y passerai quelques heures, découvrirai avec plaisir la gentillesse et l'accueil généreux de ses habitants.
Puis un vol sans histoire vers Toronto et Montréal. Dès l'accueil à bord, à Bridgetown, je me sens déjà chez moi.
Nous croisons quelques avions d'assez près. Je suis extrêmement surpris de voir à quelques centaines de mètres deux traces qui croisent notre route de très près. Jamais je n'ai vu une telle proximité. Quelques instants plus tard, un jet privé passe quelques centaines de mètres au dessous de nous. Impressionant, la densité de la circulation aérienne au dessus des États-Unis!
Voir le lac Ontario se dessiner, les contours de la ville reine, telle qu'on l'appelle ici. Récupération de mes bagages, puis court vol sur Montréal. Jamais je n'ai perdu de bagage en avion. Et jamais je n'ai entendu parler de perte chez Air Canada. Même si cela doit arriver, cela semble extrêmement marginal chez cette compagnie.
(Et non, je ne reçois aucun subside de cette compagnie. Avis totalement impartial!)
16:19 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2013
Images de vie...
L'autisme a cette particularité d'effacer la notion habituelle du temps. Les évènements passés restent tous dans le présent, avec assez peu de perspective. Il me faut la dessiner, l'inventer.
J'ai ouvert plusieurs fois la page de mon blog pour écrire. À chaque fois, je vois cette photo, celle de mon dernier post, prise au large de Basse-Terre, en Guadeloupe. Vous voyez peut-être une belle lumière, un contraste saisissant entre le sillage tracé par mon étrave et l'immobilité, le calme de la mer des Caraïbes sur laquelle je voguais.
Pour moi, c'est une image plus vivante, avec des bruits, des odeurs, des émotions. Quelques heures plus tard, j'allais affronter l'impressionant canal de la Dominique. Je m'y suis amusé comme un petit fou, par un vent robuste et une mer hachée.
J'ai visionné les images tournées depuis le mois de Janvier. Je crois que c'est vraiment cool.
J'espère pouvoir commencer à les éditer à mon retour à Montréal.
Pour la première fois, j'ai pu filmer un peu pendant des tempêtes. C'est quand même impressionant. Même si cela reste bien pâle à côté de ce que c'est en réalité.
06:01 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2013
Après le temps...
Après le temps... un autre temps!
Le temps de classer, restaurer, convertir. Je revois les photos, les images de moments plus ou moins passés. Je convertis mes archives vidéos pour uniformiser les codecs et pouvoir les travailler, les monter plus facilement...
Je progresse. Je parviens maintenant à exprimer assez fluidement mes problématiques. Surtout, je le fais en parvenant à donner une vision raisonnablement réaliste de ce que je vis.
Difficile malgré tout de faire "le saut" de la personne en face de vous à cette vie décalée dont vous êtes ici un peu les témoins.
Je rentre bientôt à Montréal. Je me prépare à un nouveau séjour dans la rue. Cela va probablement ressembler à l'an dernier.
Mais différent malgré tout!
J'ai effectué en (presque) silence un petit exploit. Celui de traverser le triangle des Bermudes à la voile en hiver, en solitaire, dans des conditions improbables.
J'ai vécu des moments de mer exhaltants...
J'ai pavé un nouveau chemin...
Depuis quelques jours, je me fais un planing. J'aurai de l'avance par rapport à l'an dernier puisque je serai dans les rues de Montréal un mois plus tôt, que je connaîtrai déjà mes lieux, mes façons... Et aussi que quelques personnes seront là pour m'aider à m'exprimer, filmer, montrer...
Et ce loquet qui va sauter le 6 Juillet...
22:51 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6)
16/04/2013
sans peur et plein de reproches...
Assis devant la mer des Caraïbes, je réfléchis. Je réfléchis à cette façon que j'ai de prendre une situation à un instant donné, et de me tracer un chemin. Un chemin toujours inattendu pour ceux qui m'entourent. Même ceux qui me connaissent bien. Un chemin toujours invraissemblable.
Je déclame ma vie comme une aventure, sans réaliser que je ne suis pas dans un roman. Ou peut-être si... je suis entré dans ce monde parallèle, imaginaire ou pas. Tant de gens y ont cheminé, tant de gens y ont imprimé leurs traces. Où est la réalité? Où est la fiction?
À cheval entre le désir, le besoin de normalité, et l'incapacité de la supporter, j'ai encore dû m'isoler devant l'incompréhension généralisée. Je suis toujours malmené par cet enfermement haït mais seule voie possible. Je n'arrive plus à trouver le point d'équilibre que je supportais avant. Je vis de déséquilibre en déséquilibre.
Dans peu de temps, je serai assis devant le fleuve... devant ce fleuve que j'ai fait mien, le fleuve St-Laurent.
Dans peu de temps, je retrouve un univers familier. Pourquoi? Comment?
Dans peu de temps, je me heurterai encore à des murs. Je devrai encore me dépasser pour trouver les portes!
00:32 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
11/04/2013
Chat botté ou oiseau à lunettes!
Un cri déchirant de chaton abandonné me tire du sommeil. Je bondis du lit, sors de la maison, et fouille le buisson d'où semble venir les cris. Je ne vois rien, n'entends plus rien. Ce chaton devait avoir des bottes de sept lieues pour disparaître ainsi!
Je monte à l'étage de la maison familliale et parle des cris du chaton à ma tante.
Elle me dit: "Ah, mais c'est l'oiseau-chat!"
Je ne réponds pas. Je ne suis pas sûr si elle se moque de moi avec une fable qu'on raconte aux "métropolitains", ou si elle croit elle-même à cette histoire d'oiseau-chat.
Elle rajoute: "il est très sauvage! Je l'entends tout le temps, mais je ne l'ai jamais vu!". Bien sûr, cela me convaint que c'est une gentille fable martiniquaise.
Quelques jours plus tard, j'entends ces cris à nouveau. Cette fois-ci, je m'approche du buisson à la recherche d'un oiseau...
Et je vois...
Facétieux petit oiseau, le merle à lunettes (Turdus nudigenis), avec son cri de petit chat perdu!
Son cri est vraiment stupéfiant de réalisme (ou de mimétisme?). De quoi faire tourner en bourriques chats et humains!
21:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
10/04/2013
Mosaïques (2)
Le ventre vide, le bateau qui, sous son grément de fortune, avance péniblement et refuse de remonter correctement au vent, je me fais instantament un portrait réaliste de la situation et de la misère qui m'attend. Tout va se jouer à la résilience. Le moral va déterminer la survie. Techniquement, c'est jouable. Mais l'accumulation du poids des derniers mois, des dernières années, peut aussi bien me fournir des armes pour m'achever ou pour me sauver.
S'ouvrir les veines et ouvrir les vannes... tout disparait... quelle différence cela ferait-il à la surface de la terre, à la surface de la mer...
Un échec de plus... j'en cumule tant!
Et je suis là, sur la couchette du carré, à regarder les étoiles en me disant qu'il faut que je sorte faire mon tour de veille. Mon esprit est déjà ailleurs, mon corps refuse...
Le reveil que j'ai acheté ne sonne pas assez fort pour que la sonnerie couvre le bruit de la mer, les bruits du bateau. Je suis seul avec moi-même pour m'auto-réveiller toutes les quinze minutes pour cette veille des cargos, indispensable!
Tout à coup, un autre de ces vacarmes assourdissants qui auront ponctué ce cheminement sur la voie de la loi de Murphy se fait entendre. Je sors immédiatement de ma torpeur en me disant que cette fois-ci, mon manque de rigueur aura eu raison de moi. Je bondis dehors. Ça me prend quelques secondes avant de comprendre ce que sont ces lumières. Je tourne la tête. Une muraille d'acier défile sous mes yeux. Elle est tellement proche que je pense avoir heurté le cargo. Je manoeuvre rapidement pour m'éloigner, puis je fonce dans la cabine à la recherche d'une voie d'eau. Rien de visible. Il me faudra attendre le matin pour constater que je n'ai pas heurté le cargo, mais que j'en était si près que le vent de son déplacement a fait claquer mon foc et empaner ma grand-voile, provoquant ce vacarme improbable.
Je prends la mesure de ce qui vient de se passer, en me disant que d'un côté, je présente tous les atouts pour me sortir de cette situation victorieux, et que du fait que j'ai cumulé toutes les malchances, je me suis préservé de cette ultime possibilité de me faire couper en deux par ce cargo.
De l'autre côté, je prends conscience que je ne peux plus étirer l'élastique et qu'il me faudra puiser plus profond encore dans toutes mes ressources!
06:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
Mosaïques
Je n'arrive pas à récupérer malgré mes efforts. Je m'autorise une prolongation de nuit sans sommeil, poussant la machine un peu plus loin, encore...
Avec la nuit tombant, le vent forcit à nouveau. Devant sa rapide montée en puissance, je réduis la toile pour ne pas avoir à faire de manoeuvre la nuit. Mais cela ne suffit pas. La vitesse du vent continue de monter. Je tente de réduire à nouveau le génois, qui refuse de s'enrouler malgré tous mes efforts. En quelques secondes, le vent furieux le met en lambeaux dans un vacarme assourdissant. Et avant que je n'ai le temps de réagir, la grand-voile, du haut de ses quarante ans, cède à son tour.
Alors que je parviens à affaler la grand-voile, rien à faire pour le génois. Je change de cap pour soulager au mieux la voile et ficelle avec une amarre ce qui peut l'être des lambeaux. Je commence à prendre la mesure de la galère annoncée. La loi de Murphy se matérialise.
Les deux jours suivants, je tente de trouver un moyen de sécuriser le génois, puis j'envois un foc numéro trois non endraillé. Je casse la drisse de spi puis la drisse de génois que j'ai récupéré lors d'une accalmie en enlevant le génois sur enrouleur devenu inutile. Je calcule rapidement l'ampleur des dégats. Des dix ou douze jours que devaient durer la traversée, j'évalue maintenant un minimum de vingt à trente jours de navigation, alors que je n'ai que 5 jours de bouffe. Je recale mon menu pour faire durer au moins quinze jours mes maigres provisions. Passé ce délai, il me faudra tenir avec de l'eau uniquement.
Je parviendrai à préserver un menu de deux cuillérées de céréales le matin, et quatre cuillérées de purée en flocons partagées entre midi et soir, jusqu'au vingt-deuxième jour. Heureusement, je me promène toujours avec une boite de vitamines C et de vitamines E, et je peux ainsi compenser un peu ma diète de misère. La carence en vitamines et en protéines se feront douloureusement sentir malgré tout.
Entre l'humidité ambiante "normale", la carence alimentaire, et ces jours à barrer sous la pluie, les embruns et les déferlantes, la peau de mes mains part en lambeaux. Chaque maneuvre m'enlève maintenant une couche d'épiderme! Le bout de mes doigts est à vif et la peau ne parvient pas à se reformer assez rapidement.
Je passerai en tout plus de vingt jours sous-alimenté et huit jours avec deux verres d'eau matin et soir et un verre d'eau sucrée le midi, pour une traversée qui aura duré plus de trente jours. Je m'autoriserai un verre d'eau sucrée en cas de besoin, manoeuvre d'urgence, virement de bord, afin de ne pas risquer de perdre connaissance à cause d'une crise d'hypoglycémie.
05:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
07/04/2013
Le rétroviseur...
Assis sur les marches de cette maison qui n'est pas la mienne, à imaginer une vie qui aurait pu être, à voir les images dans un rétroviseur mal réglé, je commence à me projeter dans le futur proche...
Comment vais-je faire? Je dois une fois encore tout casser pour recommencer à avancer. Avancer d'un seul tout petit pas en espérant que le déclic se fera.
Encore des rencontres, encore un sursis!
C'est mon année litérraire. Elle partage mon vécu, il est auteur connu, ici et ailleurs.
La première chose qui me frappe, c'est sa douceur. Sa douceur à lui, parce que sa douceur à elle, je la connait. Comme toujours, je n'imaginais pas avoir eu la moindre importance dans sa vie, dans leurs vie. Et je suis ému de voir le reflet que j'ai dans sa vie à lui, à cause de l'importance que je n'imaginais pas dans sa vie à elle.
Alors que nous nous apprétons à quitter leur logement, j'aperçois une photo. Mon coeur se brise, les larmes montent comme une vague scélérate...
Qu'avait-il fait pour me toucher autant? Probablement ce geste, ces quelques mots dans ma petite tête d'enfant autiste. Il était beau, doux comme sa soeur, grand comme une montagne. Il est devenu instantanément un grand frère sublimé.
On n'a pas le droit de mourir à 18 ans!
Ils étaient devant ce trou dans le sol, à s'interroger. Deux d'entre eux étaient descendus et ne répondaient plus. Elle a voulu aller voir. Il y est allé à sa place. Il n'est jamais remonté. Les trois sont morts asphyxiés par des gaz qui stagnaient dans ce puit. Elle est restée avec la douleur de ses seize ans, la culpabilité de sa survie, le silence imposé par la détresse de ses parents. Comme moi, personne ne l'a aidé, personne n'a compris. J'avais quatre ans quand on a enterré son frère. C'était la première fois que j'étais confronté à la mort. Première fois que j'assistais à un enterrement. On enterrait mon petit-cousin. Il n'aurait plus de geste doux, de mot gentil pour moi!
Et je pleure à gros sanglots dans ses bras.
Et je dois retourner vivre dans la rue.
22:07 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
21/03/2013
le cerveau...
J'ai vu ce film pour la première fois en décembre. Une copine qui me l'a fait découvrir.
Quand j'ai retrouvé le lien il y a quelques jours, je pensais qu'il durait une quinzaine de minutes, tellement chaque élément me parlait. Il est très bien fait. Il dépeint bien, par la diversité des autistes interviewés, la complexité du syndrome d'Asperger.
Mon autisme ne se perçoit pas du tout au premier abord. Il faut franchir bien des zones avant de s'apercevoir des manques, des trous dans mes capacités. Capable de résoudre les problèmes les plus complexes, je deviens totalement démuni devant les tâches les plus simples.
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